Encore feministes !

Sommaire

action n°67 - 15 août 2016
Justice patriarcale ?

 

2003. Bertrand Cantat, 39 ans, frappe son amante, Marie Trintignant, qui meurt quelques jours plus tard des suites de ces coups. Il est condamné à une peine de huit ans de prison.
2007. Ayant purgé la moitié de sa peine, Bertrand Cantat présente, comme la loi le permet, une demande de libération conditionnelle. Il est libéré.
A-t-il été incité à travailler sur lui-même, demandent des féministes, à prendre conscience de sa dangerosité, à rechercher les causes de sa violence ? Le tribunal pense-t-il au risque de récidive ?
2010. Krisztina Rády, femme de Bertrand Cantat, se suicide après s'être plainte à ses parents d'avoir subi des violences de son mari.

2012. Jacqueline Sauvage, 64 ans, tue son mari, Norbert Marot, qui lui a infligé des violences pendant les 47 années de leur mariage. Elle est condamnée à dix ans de prison, jugement confirmé en appel. Une pétition demandant la grâce présidentielle recueille 436 000 signatures.
2016 : le Président de la République accorde une grâce partielle à Jacqueline Sauvage, ce qui signifie qu'elle peut présenter une demande de libération conditionnelle.
Le 12 août 2016, cette demande est refusée. Parmi les arguments du tribunal d'application des peines, le risque de récidive. « L'importante médiatisation de son affaire, ajoute le juge, rend difficile une authentique démarche de réflexion de Mme Sauvage, qui est encouragée à se cantonner dans un positionnement exclusif de victime, sans remettre en question son fonctionnement psychique personnel et sans s'interroger sur sa part de responsabilité dans le fonctionnement pathologique de son couple. »

Bertrand Cantat est libre. Depuis 2010, il est remonté sur scène. Il a fondé un nouveau groupe de musique.
Jacqueline Sauvage reste en prison. Une pétition est lancée le 12 août, demandant une grâce présidentielle totale : en 3 jours, elle recueille plus de 100 000 signatures.

Le 28 décembre 2016, le président François Hollande accorde une grâce totale à Jacqueline Sauvage qui sort de prison