Encore feministes !

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Défendre les féministes injustement attaquées

 

Voici un échange entre Annick Boisset, féministe et fière de l’être, et Dominique Dhombres, journaliste au Monde.

mercredi 28 avril 2004
Cher (Chère ?) Dominique Dhombres,
Je suis une fidèle lectrice du Monde, et j'apprécie souvent au quotidien vos encadrés pleins d'esprit.
Aujourd'hui pourtant, je ne puis guère approuver le dérapage de votre expression dans votre article en date du 28 avril : "Colette, l'écrivain, n'est pas là " .
Ce n'est pas votre point de vue sur l'interprétation de Marie Trintignant que je récuse. Vous dites que cette actrice fait de Colette une héroïne "chamailleuse" et "récriminante" : on peut ou non souscrire à votre opinion, ce n'est pas là la question.
Mais là où le bât blesse, c'est lorsque vous ajoutez, goguenard(e ?) ,"bref, une sorte de féministe".

Quel mépris pour toutes ces femmes remarquables qui se sont elles-mêmes définies comme féministes, et qui ont façonné l'histoire des deux derniers siècles, changeant durablement la face du monde !
En ce qui vous concerne, faire ainsi l'amalgame entre "féministe" et "personne chamailleuse et récriminante" me paraît blessant et de mauvais goût. Vous n'utilisez pas, il est vrai, les épithètes caricaturales usuelles,"hystérique" et "mal-baisée", et votre retenue est ici très louable, mais malgré tout, le stéréotype éculé, délibérément indigne, est bien là, tout proche et sous-entendu.
Balayés et délibérément ignorés par un coup de plume brutal et sans scupules, tous les apports des féministes à l'humanité ! Il ne reste ici que la moquerie, la méchanceté, allez, disons-le, la peur !
Tout est dit quand vous renforcez votre expression par "une sorte de", comme s'il s'agissait d'une espèce à part, animale à coup sûr, inspirant forcément la méfiance, mi-rat d'égout, mi-chat sauvage !
Alors vous, faute d'être respectueux(se) de vos lectrices et lecteurs, ne seriez-vous donc qu'une sorte de journaleux(se) ?
A. Boisset

jeudi 29 avril 2004.
Madame et chère lectrice,
Voici la réponse du journaleux que je suis. J'aime beaucoup Colette, l'écrivain, et le téléfilm de Nadine Trintignant ne m'a pas paru toujours à la hauteur de ladite Colette. Ceci dit, vous avez raison, je n'aurais peut-être pas dû employer un tel raccourci "une sorte de féministe", qui est évidemment réducteur. Mais c'est un billet d'humeur, et il faut faire court.
Merci en tout cas de votre attention, et de votre remarque.
Bien à vous,
D. Dhombres