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Mercredi noir à Montréal 1989 - 2006

 

Mercredi noir à Montréal. Dans l'après-midi du 6 décembre 1989, un homme armé d'un fusil-mitrailleur a tué 14 femmes dans les locaux de l'Ecole polytechnique.

14 femmes sont mortes, pour cause d'être femmes.
14 femmes sont mortes, par haine des féministes.
14 femmes sont mortes, par haine ordinaire des femmes.
Des millions de femmes meurent par haine ordinaire des femmes.
Non, il ne s'agit pas d'un fait divers.
Non, il ne s'agit pas d'un coup de folie.
Non, il ne s'agit pas d'une violence propre à un certain type de société.
Non, il ne s'agit pas de l'acte désespéré d'un marginal au chômage.
Ces femmes ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes.
Il s'agit bien d'un crime politique contre les femmes.

Cet acte est l'aboutissement logique d'une idéologie qui se sent menacée par toute avancée des femmes.
Cet acte est l'aboutissement logique d'une idéologie qui utilise la violence quotidienne contre les femmes pour se maintenir et se reproduire.
Marc Lépine n'était pas un psychopathe.
Marc Lépine n'était pas un fou.
Marc Lépine n'était pas un malade.
Il était simplement misogyne. Il avait simplement la haine des femmes.

Marc Lépine n'est pas un cas isolé.
Sa seule folie est d'avoir fait publiquement ce qui n'est toléré qu'en privé.
Il est l'homme qui ne veut pas nous respecter,
Il est l'homme qui violente sa femme.
Il est l'homme qui a brûlé Sohane Benziane à Vitry-sur-Seine, en octobre 2002.
Il est l'homme qui a brûlé Chahrazad Belayni à Neuilly-sur-Marne, en novembre 2005.

Marc Lépine a dit : "Je hais les féministes" "Je hais les féministes"
C'est pour cette raison qu'il a tué 14 femmes.
Son geste était motivé et prémédité.
C'était un geste politique.
C'était un crime politique.
C'est un crime politique contre toutes les femmes.
L'événement du 6 décembre 1989 n'est pas isolé.
Ce n'est pas la première fois que des femmes sont tuées par des hommes.
Chaque jour des femmes sont tuées physiquement et détruites mentalement.
Tuer les femmes une à une ou collectivement, ça revient au même.

Ce crime est un crime politique.
Ce crime n'est pas un acte isolé.
Ce crime s'inscrit dans une logique de répression.
Depuis des millénaires les femmes sont harcelées, battues, violées, vitriolées, torturées, insultées, humiliées, excisées, noyées, prostituées, brûlées, lapidées, tuées, parce qu'elles sont des femmes.
Nous sommes toutes des cibles.
La haine contre les femmes est insupportable, intolérable, inacceptable.
Nous la refusons et nous la combattons

ensemble Nous la refuserons et nous la combattrons
Nous la refuserons et nous la combattrons
Nous la refuserons et nous la combattrons

Mercredi noir à Montréal.
Tous les jours sont noirs pour trop de femmes.


Ce texte est une parole collective. Il a été composé en empruntant aux textes et télégrammes écrits par des groupes de femmes à la suite du crime du 6 décembre 1989, et publiés notamment dans la revue Amazones d'hier, lesbiennes d'aujourd'hui (A.H.L.A.) n°21, mars 1990.

LISTE DES FEMMES ASSASSINÉES
LE 6 DÉCEMBRE 1989

Geneviève Bergeron, 21 ans
Hélène Colgan, 23 ans
Nathalie Croteau, 23 ans
Barbara Daigneault, 22 ans
Anne-Marie Edward, 21 ans
Maud Haviernick, 29 ans
Barbara Maria Klucznik, 31 ans
Maryse Laganière, 25 ans
Maryse Leclair, 23 ans
Anne-Marie Lemay, 22 ans
Sonia Pelletier, 28 ans
Michèle Richard, 21 ans
Annie St-Arneault, 23 ans
Annie Turcotte, 21 ans

Nous garderons vivante la mémoire de ces femmes, tuées parce qu'elles étaient des femmes.