Encore feministes !

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Action n°15 : Olympe de Gouges au Panthéon - 1er mai 2003

 

La Française Olympe de Gouges, féministe avant que le mot n’existe, a été guillotinée le 3 novembre 1793. Elle avait rédigé en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, avec cette phrase justement célèbre « La femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune » (texte complet sur http://perso.club-internet.fr/la_pie/forgenot/olympe.htm, avec biographie et bibliographie)

Du nouveau :
1. Une décision du conseil de Paris
Une place du 3° arrondissement de Paris va porter le nom d’Olympe de Gouges. Elle se trouve au carrefour des rues Charlot, Turenne, Béranger, Franche-Comté.

2. Un livre vient de sortir : Sophie Mousset, Olympe de Gouges et les droits de la femme, Paris, Le Félin, 2003, 133 p., 13,50 ¤

3. Une nouvelle fois, des féministes demandent qu’Olympe de Gouges soit au Panthéon. Voici deux initiatives en ce sens. Le réseau "Encore féministes !" s'associe à ces démarches.
Note. Le Panthéon est un monument de Paris qui porte à son fronton la devise : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ». Il renferme les restes d’hommes éminents. Le dernier accueilli, en 2002, est l’écrivain Alexandre Dumas (1802-1870).

Des féministes demandent depuis longtemps que la patrie reconnaisse aussi les mérites de grandes femmes de l’histoire de France. Marie Curie est la seule femme à y avoir été admise à ce titre, et seulement en 1995 ! Un comité demande l’entrée de George Sand à l’occasion du bicentenaire de sa naissance, en 2004 (adresse courriel : gsand2004@aol.com).

Et Olympe de Gouges ?

Après une première campagne en 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, l’historienne Catherine Marand-Fouquet a lancé une nouvelle action. Voici la lettre qu’elle a adressée à Jacques Chirac :

Monsieur le Président de la République,

Voici déjà plus de treize ans, le 4 octobre 1989, j'initiais une campagne pour la panthéonisation de femmes ayant rendu d'éminents services à la France comme à l'Humanité. Je demandais alors que les cendres de trois femmes fussent portées au Panthéon en même temps que celles des trois hommes choisis pour marquer en apothéose la clôture de l'année du bicentenaire.

Notre vœu (j'avais mobilisé de nombreuses signatures) ne fut pas exaucé à cette heure. Seule des trois, Marie Curie, au printemps de 1995, a reçu l'honneur du Panthéon. Ce fut une belle cérémonie, unissant Pierre et Marie Curie dans cet hommage national. Ce choix, largement ratifié par l'opinion publique, garde sa pleine justification alors que l'on souhaite stimuler les vocations scientifiques, de filles comme de garçons.

Mais les autres ? En 1989, nous demandions que fussent honorées également Olympe de Gouges et une résistante.

La Résistance n'aurait pas réussi sans les femmes. Il est grand temps de reconnaître leur contribution fondamentale à la défense de la liberté. Nous ne manquons pas d'héroïnes. La principale difficulté sera d'en choisir une dont la famille accepte cet honneur. Il serait possible de demander à chaque association d'anciens résistants d'en désigner une, et de remettre au sort de choisir entre elles, comme ce fut le cas pour la femme inhumée au Mont-Valérien auprès de ses compagnons d'armes.

Enfin nous demandions, et je renouvelle aujourd'hui fermement ce vœu, que les cendres d'Olympe de Gouges fussent portées au Panthéon.

Les années qui viennent de s'écouler, les événements que nous vivons, en France comme dans le monde, montrent à l'envi quelles menaces pèsent sur la liberté des femmes, sur leur accès à l'égalité des droits. La France doit manifester solennellement que la République ne laissera pas se développer sur son territoire des pratiques discriminantes et avilissantes.

Porter au Panthéon celle qui écrivit la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, celle qui fut guillotinée voici bientôt deux cent dix ans pour avoir osé plaider au temps de la Terreur pour la réconciliation des Français, celle qui lutta l'une des premières, par sa plume féconde, pour l'abolition de l'esclavage et pour celui de la prostitution, celle qui est reconnue au delà de nos frontières comme une des fondatrices du droit des femmes, celle-là doit, avant toute autre, reposer enfin auprès de ses pairs. Ce sera la réparation d'une formidable injustice, et la reconnaissance d'un éminent mérite.

Monsieur le Président de la République, ne nous décevez pas.

Catherine MARAND-FOUQUET
Historienne, Présidente d'ALMA 13 (allô maltraitance des personnes âgées)

Pour vous associer à cette requête, signez ce texte (ou une demande personnelle) et envoyez-le avec vos prénom, nom et adresse au Président de la République, à l’Élysée, 55 rue du faubourg Saint Honoré 75008 Paris. Il est inutile d'affranchir le courrier envoyé au Président de la République.

Vous pouvez aussi écrire à bernard.lefort@kiron-espace.com, éditeur du livre de Sophie Mousset sur Olympe de Gouges, qui centralise les signatures d’une demande voisine, que voici :
« En 1791, Olympe de Gouges rédige une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle marque ainsi le changement d'époque, et donne l'exemple d'un engagement radical en faveur de la libération de la femme. Elle s'est battue également contre l'esclavage des noirs, pour le droit au divorce, pour l'éducation des filles, pour la création d'hôpitaux et d'ateliers d'Etat pour les travailleurs sans emploi. Plus de deux siècles après sa condamnation à mort et son exécution, les signataires de ce texte proposent son entrée aux Panthéon, parmi les " grands hommes ", juste symbole réparateur d'un oubli de la nation envers son œuvre pionnière.
Si vous soutenez cette demande de reconnaissance, veuillez noter vos noms et éventuellement votre fonction ou profession, ci-dessous.
Merci de transmettre cette pétition à qui vous semble intéressé
. »

Monsieur le Président de la République,
Voici de nombreuses années déjà que Catherine Marand-Fouquet, Historienne, Présidente d'ALMA 13 (allô maltraitance des personnes âgées) se bat pour la panthéonisation d’OLYMPE de GOUGES… sans succès !
Permettez que je reprenne ses paroles auxquelles j’adhère entièrement :
« Les années qui viennent de s'écouler, les événements que nous vivons, en France comme dans le monde, montrent à l'envi quelles menaces pèsent sur la liberté des femmes, sur leur accès à l'égalité des droits. La France doit manifester solennellement que la République ne laissera pas se développer sur son territoire des pratiques discriminantes et avilissantes.
Porter au Panthéon celle qui écrivit la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, celle qui fut guillotinée voici bientôt deux cent dix ans pour avoir osé plaider au temps de la Terreur pour la réconciliation des Français, celle qui lutta l'une des premières, par sa plume féconde, pour l'abolition de l'esclavage et pour celui de la prostitution, celle qui est reconnue au delà de nos frontières comme une des fondatrices du droit des femmes, celle-là doit, avant toute autre, reposer enfin auprès de ses pairs. Ce sera la réparation d'une formidable injustice, et la reconnaissance d'un éminent mérite. »

Mon fils, est un passionné de l’histoire de la dernière guerre. A ce titre, je vous demande également de répondre à un autre vœux des femmes : qu’une résistante ait également l’honneur du Panthéon.

Permettez qu’à nouveau je me réfère aux justes paroles de Catherine Marand-Fouquet :

« La Résistance n'aurait pas réussi sans les femmes. Il est grand temps de reconnaître leur contribution fondamentale à la défense de la liberté. Nous ne manquons pas d'héroïnes. La principale difficulté sera d'en choisir une dont la famille accepte cet honneur. Il serait possible de demander à chaque association d'anciens résistants d'en désigner une, et de remettre au sort de choisir entre elles, comme ce fut le cas pour la femme inhumée au Mont-Valérien auprès de ses compagnons d'armes. »

Vous comprendrez, j’en suis sûre, à la lecture de ces arguments qu’aucune femme ne peut être indifférente à ce combat et qu’il est devenu NOTRE combat pour la reconnaissance par toutes et tous de l’égalité des femmes et des hommes.

Comment voulez-vous que les filles aient des ambitions égales à celles des garçons si elles ne voient quasi que des noms d’hommes sur les plaques de rues, comme nom de station de métro ou encore au fronton des monuments qui chantent la gloire de leur nation ?

Il est grand temps que la République accorde enfin aux femmes la place qui leur revient : à côté de celle des hommes et non pas dans l’ombre de ceux-ci.
Et j’espère que ce jour-là la devise de la France ne concernera plus la seule moitié masculine de sa population avec le mot « fraternité » mais que les femmes pourront enfin s’y reconnaître avec le mot « adelphité »* !

J’espère que ma voix sera entendue car elle représente l’avenir de tout un peuple et celui, plus personnel, d’une personne qui m’est très chère à savoir ma fille ! Sachez qu’elle a décidé de faire des études scientifiques… Peut-être grâce à la place qu’occupe Marie Curie au Panthéon ?

Monsieur le Président de la République, ne nous décevez pas !

* adelphité, mot qui désigne un sentiment entre fraternité et sororité. En français, sœur et frère proviennent de deux mots différents. Florence Montreynaud a formé le mot adelphité sur la racine grecque adelph- qui a donné les mots grecs signifiant sœur et frère.
Nathalie Martens, 7 mai 2003