Encore feministes !

Sommaire

Textes et citations féministes

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Et d'abord (à toute seigneure, tout honneur), des remerciements à nos prédécessœurs :

« Je sais la dette que j'ai contractée envers les vieilles féministes, maintenant dans leur tombe. Si, dans ma vie, j'ai pu poursuivre des études, faire ce que je voulais et comme je le voulais, si j'ai pu voyager seule autour du monde, si j'ai pu faire librement publier mes idées et même si je peux aujourd'hui parler à ce pupitre, je le dois à ces femmes, et il est peu de personnes que j'honore et respecte davantage. Je sais que pour obtenir de pareils biens au bénéfice des générations de femmes à venir, vous avez dû traverser bien des épreuves dans votre vie et renoncer à plus encore, qu'il vous a fallu supporter scandale et ridicule, et que, sans interruption, vous avez dû combattre préjugés et méfiance. »
Karen Blixen, Un discours de clôture avec quatorze ans de retard, conférence radio, 11 janv 1953, trad. Régis Boyer, Des femmes, 1987, p. 276-277

TEXTES

GYN/ÉCOLOGIE : LA MÉTAÉTHIQUE DU FÉMINISME RADICAL
Mary DALY (1990) — INTRODUCTION : DE L'EXORCISME À L'EXTASE : LE VOYAGE MÉTAPATRIARCAL (traduit de l'anglais par Katherine Roussos)

Patrizia Romito, Un silence de mortes - La violence masculine occultée. Présentation, par Martin Dufresne

VIOLENCE, PROSTITUTION ET FÉMINISME
"
Dans le passé, nous avions un mouvement féministe qui comprenait que le choix d'être battue par un homme pour assurer sa survie économique n'était pas un vrai choix, malgré l'apparence de consentement donnée par le contrat de mariage. Maintenant, on veut nous faire croire, au nom du féminisme, que le choix d'être baisée par des centaines d'hommes pour assurer sa survie économique est un vrai choix, exempt de toute contrainte." Catherine McKinnon

« Que se passerait-il si elle ne se préoccupait pas de son corps et mangeait suffisamment pour connaître une croissance normale ? Elle pourrait danser toute la nuit dans une boîte de nuit et rentrer seule chez elle à l’aube en tenant ses chaussures à la main ; faire du baby-sitting dans un refuge pour femmes battues un soir par mois ; choisir les rues les plus pentues pour faire du skate-board ; tomber amoureuse de sa meilleure amie ; passer des heures, penchée sur des éprouvettes, avec les cheveux en bataille ; escalader un promontoire avec les copines et se saouler une fois arrivée au sommet ; rester assise quand on joue l’hymne national ; partir au bout du monde en stop ; prendre des amants sans leur dire son nom ; s’engager comme mousse sur un bateau. Elle se délecterait de toutes ces libertés qui paraissent dérisoires à ceux qui en jouissent naturellement ; elle réaliseraient ces rêves qui paraissent acquis à ceux qui grandissent en les sachant accessibles. Qui sait ce qu’elle ferait ? Qui sait l’effet que cela lui ferait ?
Mais si elle n’est pas prudente, elle finira violée, enceinte, dévergondée ou, tout simplement, grosse. L’adolescente le sait. Tout le monde lui dit d’être prudente. Elle apprend que faire de son corps un paysage à dompter est préférable à toute forme de folie. »
Extrait de Quand la beauté fait mal, de Naomi Wolf (The Beauty Myth, traduit par Michèle Garène, Edition First).

FEMMES ET INSTRUCTION
Étant le temps venu, Mademoiselle, que les sévères lois des hommes n'empêchent plus les femmes de s'appliquer aux sciences et disciplines, il me semble que celles qui en ont la commodité doivent employer cette honnête liberté que notre sexe a autrefois désirée, à icelles [celles-ci] apprendre, et montrer aux hommes le tort qu'ils nous faisaient en nous privant du bien et de l'honneur qui nous en pouvaient venir. Et si quelqu'une parvient en tel degré que de pouvoir mettre ses conceptions par écrit, le faire soigneusement et non dédaigner la gloire, et s'en parer plutôt que de chaînes, anneaux et somptueux habits, lesquels ne pouvons vraiment estimer nôtres que par usage. Mais l'honneur que la science nous procurera sera entièrement nôtre, et ne nous pourra être ôté, ni par finesse de larron, ni force d'ennemis, ni longueur du temps.
Louise Labé, Epître, 1555, in Paroles de femmes, Albin Michel.

Sagesse machiste
Voici une phrase d’un « grand écrivain français » à propos des jeunes étudiantes de son temps : « Ce que la vie fera d'elles, c'est trop facile à prévoir : un bon nombre de mères poules, quelques dindes, et deux ou trois grues. »
Pierre-Henri Simon, de l'Académie française, La Sagesse du soir, 1971, éd. du Seuil, p. 32.

ENFANTEMENT, ALLAITEMENT, FÉMINISME
un texte de Joël Martine, dont voici le résumé
Dans les sociétés traditionnelles, même si la naissance des enfants et leur filiation étaient contrôlées en grande partie par les pouvoirs masculins, l’enfantement lui-même, comme processus socialement institué, avec ses aspects techniques et psychologiques, était organisé par des femmes, avec des savoirs et des formes de coopération spécifiques. Or dans la société contemporaine l’enfantement est pris en main par l’institution médicale, et la collectivité des femmes en tant que telle a cessé d’être actrice de l’enfantement. Les femmes ont donc perdu là une position de pouvoir dans les rapports sociaux, une certaine solidarité, voire une certaine autonomie (collective et même personnelle) dans la construction de la personnalité de chacune. Nous nous demanderons si d’un point de vue féministe c’est vraiment une perte, qu’il s’agit de réparer, ou si c’est un pas en avant (une émancipation vis-à-vis des rôles traditionnels) qu’il s’agit d’entériner.
Tout ce texte converge vers une proposition pratique : la constitution de groupes autonomes de femmes pour le suivi de l’enfantement : groupes de parole, d’entraide, d’information mutuelle, et d’intervention vis-à-vis des institutions médicales et politiques.
Nous aborderons d'abord les aspects techniques de l'enfantement et de l'allaitement, et la division sociale du travail qui s'y institue. Nous insisterons sur la dépendance technique des femmes actuellement.
Nous nous interrogerons, à propos de l'accouchement et de l'allaitement, sur l'articulation de l'instinctuel, du technique et du fantasmatique dans les rôles sociaux.
Nous proposerons une approche socio-psychanalytique de l'enfantement comme un quasi rituel d'initiation, à partir de sa compréhension comme un traumatisme au sens freudien, aménagé socialement.
Nous plaiderons pour l'autonomie des femmes dans l'organisation et l'expression de cette expérience qui leur est spécifique, contre sa non-reconnaissance dans l'ordre gestionnaire aujourd'hui dominant.
Précisons qu'il ne s'agit pas de prescrire à toutes les femmes d'être une mère. Le fait qu'un certain nombre d'entre elles choisissent de ne pas procréer fait partie de l'affirmation sociale de l'autonomie des femmes et de la diversité de leurs capacités humaines.
Enfin nous justifierons le rôle exemplaire et incontournable d'une intervention féministe sur l'organisation de l'enfantement, au nom d'une éthique de la construction mutuelle des sujets individuels dans une expérience charnelle partagée, une éthique critique vis-à-vis de l'individualisme libéral.
TEXTE intégral : cliquez ici (Version .doc, nécessite Microsoft Word ; 217 ko)

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Les attentats du 11 septembre 2001, par Philippe Val : « Une secte obscurantiste, révoltée par un monde où les femmes choisissent leurs amants, contrôlent les naissances et lisent des livres, a réussi à convaincre des êtres humains de sacrifier leur propre vie pour tuer des milliers de gens dans l'une de ces villes qui sont, à leurs yeux, ce que Sodome et Gomorrhe étaient aux paysans des temps bibliques. » Charlie-Hebdo, 11 sept. 02

Isadora Duncan et les pommes de terre
"Toute mère devrait être libre de faire un travail décent à l'extérieur, tandis que les femmes, qui ont la vocation d'éduquer les enfants devraient recevoir une formation pour cette belle profession afin de s'occuper aussi bien des enfants des autres que des leurs. Ainsi les mères du monde entier seraient libres d'essayer des pères capables de faire des enfants heureux, comme le botaniste fait des essais de fertilisants pour obtenir une bonne graine. Quelle absurdité de vouloir qu'une femme ne mette au monde des enfants que d'un seul père ! Ce sont les communistes russes qui sont dans le vrai.
Voyez cette race d'Américains avachis, couards, voûtés et sinistres qui deviennent chaque année les pères de la nouvelle génération de jeunes Américains. Pourquoi une femme qui est une mère dans l'âme devrait-elle avoir du même petit avorton dégénéré de père jusqu'à six ou huit enfants ? Pourquoi n'aurait-elle pas le droit de choisir un père meilleur pour son sixième que pour son premier enfant ?
Peut-être, dans certains cas, lorsqu'il était jeune, le père a-t-il été apte à ce rôle. Mais, devenu, à cinquante ans, un homme aux genoux cagneux, il a la tête trop froide pour être capable de quoi que ce soit de spirituel. Que la femme change donc de père pour chacun de ses enfants, comme un fermier avisé change de terrain pour chaque récolte de pommes de terre. Qu'elle cherche un père jeune, apte à se perpétuer dans un enfant. Après tout, les bébés ont bien autant d'importance que les pommes de terre !

" Hearst's American Weekly, janvier 1923, in Isadora DUNCAN, Isadora danse la révolution, (Isadora Speaks - Writings ans Speeches of Isadora Duncan), Anatolia, traduction Marie-Claude Peugeot, éditions du Rocher, Monaco, 2002, p. 135-136.

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« Prenez votre vie en charge, sinon quelqu’un d’autre le fera. » Herman Millman

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de la grande journaliste britannique Rebecca West (1892-1983)
Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson.
I myself have never been able to find out precisely what feminism is : I only know that people call me a feminist whenever I express sentiments that differentiate me from a doormat.
article, The Clarion, 14 novembre 1913

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Dans Je voudrais rentrer à la maison (coll. 1er mille, éd. Arléa, 2002), Jean-Claude Mourlevat, évoque ses souvenirs d'enfance, alors qu'il était interne à l'âge de 10 ans au lycée Blaise-Pascal d'une petite ville auvergnate. En voici deux extraits, communiqués par Cyril Ronfort :
Elle le fait exprès (p. 15)
Un soir dans la cour j'attrape au vol une conversation entre grands :
- La fille B., qui est en terminale, elle s'assoit sur le petit mur de pierre, là-bas, elle lève les genoux quand tu passes et tu vois tout. Elle le fait exprès. Des fois elle met pas de culotte.
Je m'arrête et j'écoute malgré moi, le souffle coupé.
- Qu'est-ce que tu écoutes, toi ? C'est pas pour les puceaux ici.
- J'écoute rien... J'ai rien entendu...
Je passe mon chemin. C'est quoi, un puceau ?

Le capot, le moteur et la manivelle (pp. 35-36)
Sitôt Blaise dépassé, la vie, la vraie, reprend ses droits. Dans le car il n'y a plus ni classes, ni rangs, ni ordre défini. Aussi, à peine installé, un samedi après-midi, je me rends compte avec plaisir, stupéfaction, panique, horreur et ravissement que le hasard a frappé un grand coup : je suis assis à côté de la fille B. ! Le rouge me saute aux joues. Ses genoux ronds et blancs dépassent un peu de sa jupe, on devine (quelle imagination !) la fuite affolante des cuisses vers des régions inconnues. Devant nous, des garçons se retournent, furtifs, et leur œil allumé plonge là où il faut. Je suis cramoisi.
- Rabats le capot, on voit le moteur !
La voix anonyme est partie bien claire, bien articulée. Éclats de rire.
La fille B. ne se laisse pas démonter aussi facilement. La réplique fuse, immédiate :
- Peut-être, mais c'est pas avec ta petite manivelle que tu vas le faire démarrer !
Confusion du moqueur. Triomphe de la fille B. Le car entier se retourne vers elle, donc vers moi, complice involontaire (qu'est-ce qu'il fait là, celui-ci, à côté de la fille B. ?). Elle secoue ses longs cheveux roux, et une bouffée odorante déferle dans mes narines affolées. Je suis près de défaillir. Elle se tourne vers moi et me sourit :
- Tu as vu comment je lui ai cloué le bec !
Je tourne définitivement de l'œil.

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Yvette Roudy : Les femmes sont une force. Elles ne sont pas un pouvoir, parce qu’elles ne sont pas organisées.

Sojourner Truth : Si la première femme créée par Dieu était assez forte pour renverser le monde à elle toute seule, les femmes devraient être capables de le remettre à l'endroit. Et maintenant que les femmes le demandent, les hommes feraient mieux de les laisser faire.

"Les femmes n'ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d'autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles." Montaigne, Essais, III, 5

Charlotte Perkins Gilman, discours lors de la Journée de la femme le 25 fév. 1912 in Chicago Daily Socialist, 26 fév. 1912 : «Imaginons la situation sociale actuelle en renversant les rôles. Les femmes possèdent, distribuent et administrent tout le capital et toutes les industries. Dirigez maintenant votre regard sur Wall street : les capitaines de l'industrie et les habitués sont tous des femmes. Seules exceptions : quelques jeunes hommes sténographes qui bavardent et quelques hommes de ménage assez âgés, avec leur seaux et leurs balais. Cela vous permet de mesurer l'absurdité ridicule de la situation actuelle. »

« Tous les hommes haïssent les femmes pour des raisons vraies et avérées qu’ils partagent au quotidien sous forme de blagues et de traits d’esprit. » James Ellroy, Ma part d’ombre, Rivages/ Noir poche,1999 (dans ce roman autobiographique, il revient sur le meurtre, lorsqu'il avait dix ans, de sa mère retrouvée étranglée au bord d'une route.)

Know that much of what was once considered acceptable no longer is ; understand that revolution is possible, that we have already changed the world and all we have to do is finish the job !
Susan Estrich, Sex and Power, 2000
Sachez bien qu'une grande part de ce qui fut jadis considéré comme acceptable ne l'est plus aujourd'hui. Soyez assuré-es que le monde peut changer. Nous l'avons déjà beaucoup changé, et tout ce qui nous reste à faire maintenant, c'est d’achever le travail ! (trad. Annick Boisset)

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