Encore feministes !

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Nos actions
Action n° 3 - NON à l’exécution d’une femme coupable de grossesse ! 31 déc. 01 - 25 mars 02

action n°3 – 31 décembre 2001 - 25 mars 2002

NON à l’exécution d’une femme du Nigeria, coupable de grossesse !
Safiya Hussaini, 30 ans, a été condamnée à mort le 9 octobre 2001 par la justice de l'État de Sokoto, au nord du Nigeria. La charia (loi islamique) y est en vigueur depuis plus d’un an, et cette femme est la première à être condamnée à ce châtiment.
Le temps presse. C’est à partir du 12 janvier 2002 que la sentence pourra être exécutée, la condamnée étant enterrée jusqu’à la poitrine, puis lapidée, c’est-à-dire tuée à coups de pierre.
Son « crime » : avoir été enceinte sans être mariée. L’homme désigné comme géniteur a nié et n’a pas été condamné.

Nous, féministes, engagé-es pour la défense des droits humains partout dans le monde, nous exprimons notre solidarité avec Safiya Hussaini.
DONNER NAISSANCE À UN ENFANT N’EST PAS UN CRIME.
CETTE FEMME DOIT VIVRE LIBRE.
Nous demandons à nos gouvernants d’intervenir auprès des autorités nigérianes pour que Safiya Hussaini Tungar Dudu échappe à cette condamnation.

Florence Montreynaud et Clara Domingues

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Sources : les Pénélopes (www.penelopes.org), les Cybersolidaires (http://www.cybersolidaires.org), www.afrika.com (en anglais) ; article du Monde http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3266--251268-,00.html

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ÉCRIVEZ, TRÈS VITE ! Diffusez cette information autour de vous !
Une lettre envoyée par la poste a beaucoup plus de valeur pour son destinataire qu’un message Internet.
Voici les adresses de responsables français :
M. le Premier ministre, Hôtel de Matignon, 57 rue de Varenne
75700 Paris. Site : www.premier-ministre.gouv.fr.
M. le Ministre des Affaires étrangères 37 quai d'Orsay 75351 Paris
Pour le Nigeria : M. l’ambassadeur, Ambassade du Nigeria, 173 avenue Victor Hugo, 75016 Paris fax : (0)1 47 04 47 54 mailto:embassy@nigeriaparis.com

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vendredi 11 janvier 2002
Nouvelles informations sur Safiya Hussaini

Le sort de Safiya Hussaini, Nigériane condamnée à mort, par lapidation, pour adultère - elle était enceinte hors mariage -, a suscité de très nombreuses réactions dans les pays occidentaux.
D’après les informations les plus récentes, elle serait à ce jour en liberté dans sa famille, et elle serait entendue par la justice dans trois jours, lundi 14 janvier 2002, dans le cadre d’une procédure d’appel.
Safiya Hussaini a accouché il y a onze mois d’une fille prénommée Adama qu’elle allaite. Dans un premier temps, elle n’avait pas déclaré qu’elle avait été violée.

Depuis une dizaine de jours, des milliers de messages ont été envoyés aux autorités nigérianes pour demander que cette femme puisse vivre libre.
Un responsable du Haut commissariat des nations unies pour les droits humains, Ireneo Namboka, est intervenu en sa faveur.
Le 8 janvier, un responsable du ministère français des Affaires étrangères a promis d’intervenir.
Un nouveau procès pourrait avoir lieu dans quelques mois. Il est donc TRÈS IMPORTANT DE CONTINUER À ÉCRIRE pour demander la liberté de Safiya Hussaini.

Sur le site
http://www.annuaire-au-feminin.tm.fr/URGENCEsafyia02.html
vous trouverez d’autres informations, d’autres adresses et des exemples de lettres à envoyer.
Voir aussi un article détaillé dans un quotidien britannique : « Is this justice? », de Gary Younge, The Guardian, 10 janvier 2002
http://www.guardian.co.uk/women/story/0,3604,630163,00.html

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lundi 14 janvier 2002
Des nouvelles du Nigéria (suite n°2)
Selon une dépêche de l’AFP en date d’aujourd’hui qu’une membre de notre réseau nous communique, le procès en appel de Safiya Husaini a été ajourné au 18 mars.

Une lettre a été adressée par 72 députés européens, membres de la commission du Parlement de Strasbourg pour les relations avec l'Afrique, au président nigérian Olusegun Obasanjo, lui demandant d'intervenir pour éviter l'exécution.

Il est plus que jamais utile de continuer à envoyer des lettres : il convient de demander courtoisement aux autorités de faire des démarches pour que Safiya Husaini puisse vivre libre.

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Une réponse du Ministère des Affaires étrangères français.
Plusieurs personnes du réseau "Encore féministes !" ont reçu une lettre, datée du 25 janvier 2002, dans laquelle un responsable du Ministère des Affaires étrangères précise que "Mme Husseini Tungar reçoit une assistance légale d'une équipe d'avocats conseillée par une organisation islamique de défense des droits de l'homme honorablement connue à Lagos"
La défense a obtenu l'ajournement du procès en s'appuyant sur la Charia même : une accusée ne peut être condamnée pour avoir eu un enfant de son ex-mari pendant les sept années qui suivent le divorce,ce qui est le cas de Mme Husseini Tungar.
La session en appel aura lieu le 18 mars;le cas échéant l'affaire peut être portée devant la Cour suprême fédérale d'Abuja, la décision revenant ensuite au gouverneur de l'Etat de Sokoto pour confirmation.
La France a appelé à plusieurs reprises les autorités nigérianes à la clémence. Elle s'emploie avec détermination à faire en sorte que la sentence ne soit pas appliquée, mais "sans médiatisation excessive, pour tenir compte du réflexe de souveraineté de l'Etat nigérian et des relations parfois difficiles entre les Etats fédérés et la Fédération".

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samedi 23 février 2002
Sauvons Safiya Hussaini ! (suite n°3)

Action n°3 du réseau "Encore féministes !" pour sauver une Nigériane que le tribunal islamique de Sokoto a jugée coupable d’adultère et a condamnée à mort par lapidation. Le procès en appel est prévu pour le 18 mars prochain. Une manifestation de soutien aura lieu le mardi 5 mars 2002 à Paris.

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1. Le travail considérable accompli par des réseaux féministes du monde entier a commencé à porter ses fruits. Safiya Husaini, habitant Tungar Dudu, un village au nord-ouest du Nigeria, a bénéficié d’un sursis : son procès en appel a été repoussé au 18 mars.
Autre conséquence heureuse des pressions internationales : le 23 janvier, Hafsatu Abubakar, une autre Nigériane, qui devait être flagellée en public pour adultère, a été relaxée. De même, Abok Alfa Akok, une Soudanaise chrétienne âgée de 18 ans, avait été condamnée à la lapidation pour adultère, mais une campagne internationale de soutien a amené le gouvernement soudanais à annuler la condamnation.

L’affaire Safiya Husaini a été traitée par des médias grand public : ainsi un reportage a été diffusé le 6 février 2002 dans le journal de 20h sur TF1. Son cas est clairement exposé, avec ses implications politiques, dans un long article du New York Times Magazine, traduit dans Courrier international, 21 fév. 02.
Nos nombreuses lettres à l’ambassadeur du Nigeria sont restées sans réponse. La seule réaction écrite (à ma connaissance) émane du ministère des Affaires étrangères français. Plusieurs personnes du réseau "Encore féministes !" ont reçu la même lettre, datée du 25 janvier, dans laquelle un responsable précise que « Mme Husseini Tungar reçoit une assistance légale d'une équipe d'avocats conseillée par une organisation islamique de défense des droits de l'homme honorablement connue à Lagos ». Il nous informe que la France s'emploie avec détermination à faire en sorte que la sentence ne soit pas appliquée, mais « sans médiatisation excessive, pour tenir compte du réflexe de souveraineté de l'Etat nigérian et des relations parfois difficiles entre les Etats fédérés et la Fédération ».

En France, après le travail des premiers réseaux et associations, une coordination s’est mise en place, qui groupe notamment Femmes solidaires, la Fédération démocratique internationale des femmes, le Collectif National Droits des femmes, la Marche Mondiale des Femmes, Choisir, Mix-Cité, le Parti communiste, Negar, le M.R.A.P, et l’union syndicale G10-Solidaires.
Le réseau "Encore féministes !" se joint à eux pour inviter à un rassemblement à Paris mardi 5 mars 2002, à 18 h devant l'ambassade du Nigéria 173 avenue Victor Hugo 75016 Paris (métro : Victor-Hugo).
Dans d’autres pays, peut-être une manifestation sera-t-elle organisée. Si vous ne pouvez pas venir, peut-être pouvez-vous écrire à l’ambassadeur du Nigeria dans votre pays. Il est important que de nombreuses lettres lui parviennent avant le jugement du 18 mars.
Ce rassemblement, comme nos lettres, a pour but de demander à l'ambassadeur d’intervenir pour que la condamnation de Safiya Husaini soit annulée. Trois jours avant la Journée internationale des femmes (le 8 mars), ce sera notre façon de témoigner de notre solidarité féministe.

De nombreuses autres femmes dans le monde, et particulièrement en Iran, sont lapidées après une condamnation pour adultère. Pour vous joindre à un réseau féministe de soutien, voyez le site de l’association Femmes sous lois musulmanes http://www.wluml.org.


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La Manifestation du 5 mars à Paris

Le 5 mars, une centaine de personnes se sont rassemblées devant l'ambassade du Nigeria pour demander grâce et vie sauve pour Safiya Husaini. Une délégation a été reçue à l'ambassade par le conseiller politique, M. Adesugba et lui a remis les pétitions.
extrait du compte-rendu
« Nous avons dit notre inquiétude sur la situation des femmes dans les pays où la charia sévit et sur les châtiments barbares qui leur sont appliqués. Nous demandons que la condamnation de Safiya Husaini soit annulée et espérons que cela pourra profiter à toutes les femmes du monde qui subissent la charia. Le président Obasanjo affirme dans un communiqué de presse que "Safiya ne sera pas condamnée à mort". Comment va-t-il intervenir ? Quelle assurance avons-nous qu'elle sera sauvée de toute forme de châtiment ? Si elle est condamnée après avoir passé toutes les possibilités de recours et que le président la gracie, est-on certain que l'État du Sokoto obéira ? »
Réponse du conseiller : Il nous a « remerciées pour l'intérêt international porté à Safiya... et ... assuré que nos préoccupations étaient comprises et que beaucoup de Nigérians les partageaient ». Il explique que "le Nigeria a une constitution et 36 états, avec une structure fédérale qui donne pouvoir aux États de légiférer sans passer par le niveau fédéral... Il faudra que l'intervention politique soit équilibrée pour ne pas gêner le processus judiciaire... ». Il pense que « même à l'intérieur des juges de la cour de la charia, il y a maintenant discussion sur la nécessité de l'appliquer dans son intégralité et de la nécessité de l'adapter à l'évolution des mentalités». Pour lui, « Safiya est un test pour la démocratie » Il pense que « nous devons faire confiance au président et que Safiya sera sauvée ».
Nous prenons donc acte de la volonté de sauver Safiya et comprenons qu'il faut pour cela beaucoup de "diplomatie". Cependant, nous devons absolument rester très vigilant-es et être prêt-es, dès que sera connu le verdict du 18 mars, à nous mobiliser de nouveau.
En attendant, il faut continuer à faire signer la pétition : en ligne : http://afrik.com/petition.php ou l'envoyer par courrier : Femmes Solidaires 25 rue du Charolais 75012 Paris ou Marche mondiale des femmes/CNDF 104 rue des Couronnes 75020 Paris ou Mr l'Ambassadeur, Ambassade du Nigeria, 173 avenue Victor Hugo 75016 Paris, Fax : 01 47 04 47 54.

Texte de la pétition :
« Grâce et liberté pour Safiya !
Monsieur l'ambassadeur,
Nous sommes profondément choqué-es par la condamnation à mort par lapidation de Safiya Hussaini. Nous demandons l'annulation de cette décision. Nous dénonçons cette condamnation barbare, violente et injustifiée. La peine de mort bafoue les droits humains les plus fondamentaux.
Cette condamnation montre une fois de plus le terrible sort fait aux femmes par la charia.
Nous demandons au président du Nigéria de prononcer la grâce de Safiya pour qu'elle échappe à cette peine capitale et retrouve sa liberté. »
Prénom Nom adresse

18 mars 2002 : le jugement du procès en appel sera connu le 25 avril.

25 mars 2002 : Safiya Hussaini est relaxée, le procès a été annulé pour vice de procédure.
Si elle a la vie sauve, c’est notamment grâce à l’action de réseaux de solidarité internationaux.
Tant d’autres femmes, en Iran, au Pakistan et dans bien d’autres pays, subissent des châtiments injustes. Continuons à développer des réseaux féministes ! Ensemble, changeons ce monde machiste !

Le 25 mars 2002, jour où Safiya Husseini obtenait la vie sauve, on apprenait qu’une autre Nigériane, Amina Lawal, était condamnée à la mort par lapidation, pour avoir eu, elle aussi, un enfant hors mariage. La condamnation a été prononcée par le tribunal de Bakoni dans l'Etat de Katsina, un autre Etat du nord du Nigéria qui a adopté la charia.
Amina Lawal a 30 jours pour faire appel.
Que faire ? Comment agir efficacement ? Pour cette femme et pour tant d’autres à travers le monde ?
Plusieurs réseaux lancent de nouvelles actions de solidarité. Parmi celles qui semblent les plus sérieuses, la pétition d’Amnesty International Espagne : http://www.amnistiaporsafiya.org/
et l’appel de l’Organisation mondiale contre la torture, à la fois pour sauver la vie d’Amina Lawal et pour préserver les droits humains au Nigeria. Vous trouverez le texte de cet appel, ainsi que de nombreuses informations et idées d’action à l’adresse suivante : http://www.cybersolidaires.org/actus/safiya.html