Encore feministes !

Sommaire

Action n°6 - 16 mai 2002
Charlie Hebdo, macho ? Des excuses !

1. Un montage machiste
2. Réactions de féministes
3. La "réponse" de Charlie : un autre montage
4. Nouvelles réactions féministes
5. Nouvelle attaque sexiste
6. Nouvelles réactions féministes

1. Un montage machiste
Charlie Hebdo, hebdomadaire satirique français, publie dans son numéro du 15 mai 2002, p.7, un photomontage non signé : il représente le corps nu, arrêté sous le nombril, d’une jeune femme à la poitrine énorme, surmonté par un dessin du visage caricaturé de Michelle Alliot-Marie, nommée ministre de la Défense le 7 mai dernier.
Titre : « La Playmate du mois ». Mention encadrée : « Cadeau ». Légende : « Pour les militaires un poster de votre nouveau ministre pour décorer vos chambrées »
J’invite le réseau "Encore féministes !" à réagir au plus vite par écrit à cette agression sexiste, à cette bassesse machiste. Envoyez quelques mots bien sentis au rédacteur en chef et adressez-moi une copie de votre lettre que je pourrais mettre sur le site.
J'ai écrit en demandant des excuses, à publier dans le prochain numéro.
Florence Montreynaud

Écrivez à Philippe Val, rédacteur en chef de Charlie Hebdo. Le fax de la rédaction est : 01 44 61 96 11.
L’adresse postale de Charlie Hebdo est 44 rue de Turbigo 75003 Paris, téléphone : 01 44 61 96 10


**************

2. Réactions de féministes

16 mai 2002
J'envoie un fax en disant que malgré le peu de sympathie politique que j'ai pour Michelle Alliot-Marie, je condamne leur représentation, dénonce le sexisme du journal et me sens agressée comme femme.
Françoise Thébaud

Monsieur Le Rédacteur en chef,
Lorsqu’un Ministre de la Défense masculin est nommé, avez vous l’habitude de préparer pour les chambrées un poster avec son effigie surmontant une énorme paire de couilles ?
Dès lors, je m’interroge sur le caractère machiste de votre photo-montage du15 mai 2002.
La rigolade, c’est très bien mais ce n’est pas innocent. Votre hebdo et son humour se veulent progressistes ? Carton rouge, Messieurs !
Dominique MARCILHACY
Chienne de Garde

Fabienne Vansteenkiste
conseillère municipale, groupe Vert
Hôtel de Ville
93100 Montreuil
à Philippe Val
rédacteur en chef de Charlie Hebdo
Objet : insultes sexistes à la ministre de la défense
Montreuil, le 16 mai 2002
Monsieur,
Charlie-Hebdo, journal d'hommes, ne pouvait évidemment pas manquer de lancer des insultes sexistes primaires (et encore, quand je dis primaires, c'est peut-être un peu en dessous encore) contre la ministre de la défense.
Au fond, votre photomontage (non signé) est du même niveau que les propos de bistrot.
Vous n'avez rien d'autre à lui reprocher, à cette ministre, que d'être une femme? Votre analyse politique ne va pas plus loin? La droite, c'est des gonzesses à baiser?
J'imagine que la levée de boucliers que vous provoquerez chez toutes celles qui se sentiront insultées par cette image vous confortera dans la certitude que vous êtes les meilleurs, puisque vous choquez les femmes.
Dans le même style, pourquoi ne pas faire un journal raciste, c'est plus viril que d'insulter les femmes, puisque carrément illégal.
Là, vous montreriez que vous êtes des "des vrais qui en ont"
Je ne vous salue pas.
Fabienne Vansteenkiste, gonzesse

******************************

UNE RÉACTION OPPOSÉE
Là, je ne vous suis pas sur cette voie, pour moi le dessin ne s'attaque pas aux femmes en général, mais à la fois à une ministre en fonction, à la démagogie de Jacques Chirac qui l'a placée à ce poste, et enfin à la bêtise des chambrées en casernement (je connais bien, j'y étais 10 mois et pas vous), j'imagine aisément ce qui doit se dire en ce moment dans les casernes de France et de Navarre sur la nouvelle ministre. Cette caricature me fait plutôt rire... vous ne pensez pas que le véritable ennemi, c'est Chirac ? Vous ne pensez pas que le fait de placer une femme à ce poste, c'est de la pure démagogie (pour lui) et un cadeau empoisonné (pour elle) ?
Ne nous trompons pas d'ennemi, Charlie est un journal farouchement antimilitariste, il est d'ailleurs interdit de le lire dans les casernes, ce qui prouve bien que ce dessin ne s'adresse pas "réellement" aux militaires mais qu'il s'agit bien d'une caricature à prendre au second degré ! Charlie est aussi un des (trop rares) journaux à tenir des propos réellement féministes.
Pourquoi ne pas concentrer notre énergie combative contre la campagne C&A qui, après le yaourt/facial/porno nous présente une jeune femme en petite tenue et talons hauts, sortant une tarte du four... comme chacun sait, il faut être en sous-vêtements sexy pour bien faire la cuisine à son homme...
Johannes Roger

qui persiste (courriel du 17 mai)
Mais pourquoi prendre une caricature dans un journal satirique au premier degré ? Tu te compliques la vie pour pas grand chose ! Je continue à ne pas trouver ça choquant et à penser qu'on a d'autres chats à fouetter !!! Euuuhhh, enfin non, j'adore les chats ! Les militaires pourraient râler parce qu'on les tourne en dérision dans Charlie, les patrons parce qu'on donne une mauvaise images d'eux dans ce même journal, et les politiques parce qu'on les discrédite (alors qu'ils sont assez grands pour le faire eux-mêmes !!!).
J'ajouterais que je ne comprends toujours pas ce qui vous gêne dans cette caricature et les "arguments" que j'ai pu lire sur le site ne m'ont pas convaincu ! C'est à cause de la sempiternelle femme tronc ? C'est parce que le ministre de la défense est une femme ? Mais ça fait des années que Charlie caricature des hommes aussi, et souvent nous ne sommes pas à notre avantage dans ce journal ! Donc j'attends des arguments un peu plus construits !
Toujours féministe, cela dit !
Johannes

******************************

à Monsieur Philippe VAL Charlie Hebdo
Monsieur,
Là vous avez fait fort !
Mais vous avez surtout fait facile, trop facile et vous n'avez pas fait preuve d'une imagination débordante.
Je n'ai pas un amour fou pour Michelle Alliot-Marie mais ce n'est pas seulement elle mais toutes les femmes que vous blessez, que vous humiliez quand vous publiez un photomontage comme celui que vous proposez en « cadeau » pour les chambrées, page 7 du numéro du 15 mai dernier.
C'est inadmissible ! moi je me sens violée quand je vois ça.
Là vous vous mettez carrément au niveau zéro et même dessous.
Satire et humour oui, mépris, non, pour les hommes comme pour les femmes, pour les gens de droite comme pour ceux de gauche.
Réfléchissez un peu avant de vous laisser couler sur la pente savonnée de la vulgarité. Mettez l'imagination au pouvoir, pas la bêtise.
Merci des efforts de créativité véritable que vous ne manquerez pas de faire, je l'espère, dans le respect de vos lecteurs et de vos lectrices.
Nicole Ernest

à Philippe Val
Rédacteur en chef de CharlieHebdo
Monsieur,
Après le vote du 21 Avril, laFrance s’était réveillée d’une insouciance politique qui l’avait menée jusqu’au bord de l’abîme. Les médias, et pour cause, se sont sentis coupables, pour unebonne part, de la disparition d’un vrai débat public d’idées et de valeurs. Il est vrai que la majorité des personnes qui vivent en France n’ont pas voulu Chirac président, mais la France a plébiscité de manière écrasante la démocratie et les valeurs citoyennes. A un moment, où il faut que nous tous et toutes nous attelions à refaire une culture politique qui mérite son nom, comment pouvez-vous retomber, avec une caricature aussi stupide comme celle de Michelle Alliot-Marie, dans le plus plat des discours écervelés et sexistes ? - La violence contre les femmes, et surtout la violence symbolique contre les femmes, est la porte d’entrée pour tout fondamentalisme !
Elfriede Harth

Monsieur,
Il y a trois ans, j'étais allée vous voir sur scène, vous étiez venu à Lyon pour jouer un sketch, j'avais trouvé ce soir-là que vous étiez un excellent humoriste... nous avions tous passés une excellente soirée grâce à vous.
Mais, dernièrement, j'ai eu une très désagréable surprise en voyant dans votre numéro du 15 mai dernier, en page 7, un photomontage non signé : il représente le corps nu, arrêté sous le nombril, d'une jeune femme à la poitrine énorme, surmonté par un dessin du visage caricaturé de Michelle Alliot-Marie, nommée ministre de la Défense le 7 mai dernier.
Titre : « La Playmate du mois ». Mention encadrée : « Cadeau ».
Légende : « Pour les militaires un poster de votre nouveau ministre pour décorer vos chambrées »
C'est absolument innommable ce photomontage ! Je respecte cette femme, nouvellement nommée Ministre de la Défense.
Pourquoi avoir sali son image ? Vous êtes d'une bassesse innommable ! Votre magazine ressemble à un torchon dédié aux mâles désaxés en manque de libido ! Vous avez un esprit restreint, macho, pervers, avec des pensées malsaines ! Cette image renforce la violence machiste envers les femmes.
Je fais partie d'un réseau féministe, la Meute, et nous n'apprécions pas du tout cette image.
Aussi, nous vous demandons de bien vouloir présenter vos excuses au nom de toutes les femmes, et auprès de la Ministre.
Les femmes se battent pour obtenir des droits à l'égalité, la parité, le respect, la justice, etc... Le gouvernement de droite constitué par Jean-Pierre Raffarin le 7 mai 2002 comprend seulement 6 femmes sur 27 ministres et secrétaires d'État, soit 22 %, cela n'est pas équitable du tout ! Avec ces images sexistes, vous rabaissez la femme, vous l'humiliez, vous la méprisez, vous la déshonorez, vous montrez un corps dénudé, appelant à la violence sexuelle... Vous méprisez les femmes ! Il est temps de faire évoluer les mentalités, et si vous persistez à montrer des images aussi sexistes, jamais rien ne changera. Nous comptons sur vous pour rattraper ce faux pas et être à nos côtés dans la lutte féministe ! Cordialement,
Patricia PACITTI, Lyon

**************************************************************************

AUTRE RÉACTION OPPOSÉE
17 mai 2002
Autant pour les campagnes précédentes j'étais d'accord, autant pour celle-ci, je suis en total désaccord. Ne nous trompons pas de cible !
On peut tout reprocher à Charlie Hebdo, mais pas d'être sexiste.
Désolé.
Antoine FRAYSSINHES

**************************************************************************

Monsieur,
Charlie-Hebdo me paraissait une lecture saine en ces temps de nouveau gouvernement. J'attendais une critique acerbe, je n'ai eu que la bassesse sexiste d'un collage de madame Alliot-Marie en playmate.
Merci de m'avoir rappelé que les machos sexistes, faisant fi des choix politiques, se serrent les coudes et salissent la pauvre femme qui avait oublié qu'elle n'était pas à sa place.
Merci pour tous les hommes de Néanderthal qui peuplent nos entreprises. Ils vont recycler la playmate avec la caricature de leurs collègues féminines.
Charlie-Hebdo a été aujourd'hui une lecture nauséabonde et désormais je me passerai de votre journal.
Marie-Ange Filippi

Oui, vraiment sous prétexte d'humour, c'est nul, bas, infâmant et franchement facile. Pourquoi, dès qu'une femme accède à de hautes fonctions, faut-il qu'on la rabaisse à la fonction de corps consommable dans son aspect, le plus vulgaire? Pourquoi ne fait-on jamais de même avec un homme?
Elisabeth POCHON

Cher Philippe Val,
J'ai été fidèle lectrice de Charlie-Hebdo, et abonnée pendant plusieurs années. J'en appréciais les reportages, et les analyses politiques de la « vieille garde » (vous, Cavanna, Charb). J'ai participé dans ma modeste mesure à vos combats et vos indignations, que je partageais dès qu'il s'agissait de défendre les victimes de racisme et d'injustice sociale.
Seulement, au fil des années je me reconnais de moins en moins dans votre hebdo, et j'ai fini par « oublier » de renouveler mon abonnement. La raison en est le manque d'implication de votre équipe dans la défense des femmes, c'est le moins qu'on puisse dire ... aucun article de fond dénonçant le patriarcat, très peu d'auteures parmi vous, pas l'amorce d'une réflexion sur la nature sexiste des violences perpétrées essentiellement contre les femmes, dans le monde et en France. En dehors d'une brève et sporadique réaction sur les atrocités les plus spectaculaires (régime des talibans, viols collectifs en Bosnie ou dans les banlieues), rien, silence assourdissant. Et les articles anti pub sexiste de Gérard Biard ne suffisent pas à compenser, dans vos pages, la misogynie sado-scato de ce malheureux obsédé de Siné ...
J'ai racheté Charlie après le sinistre soir du 21 avril et, alors que vos pages étaient pleines de défense des valeurs et des institutions républicaines et laïques, de condamnations sans appel (et que je partage) du racisme et du fascisme de Le Pen, de références historiques par ailleurs fort utiles sur sa filiation spirituelle avec le régime de Vichy, il n'y avait rien sur le machisme et le culte de la virilité brutale de ses sbires, et des conséquences que cela entraînerait pour plus de la moitié de la population française. Comme si la seule perte de liberté fondamentale menaçant les femmes était l'interdiction de l'IVG...
Et aujourd'hui, quand je vois que la seule caricature que vous puissiez faire de Michèle Alliot-Marie consiste à la représenter punaisée comme un bout de viande femelle dans une chambre de bidasse, ma gêne et mon écoeurement ne font que s'accroître. Sous couvert de moquer la mentalité primaire des militaires (toujours le fameux « deuxième degré », destiné à obliger les femmes à sourire aux plaisanteries sexistes sous peine de passer pour des coincées), vous alimentez et renforcez le mépris ambiant : quelle que soit la fonction et la place hiérarchique d'une femme, les hommes la renverront toujours à la même place : de la viande « baisable » ou « pas baisable ». Et plus une femme ose occuper une place ou un statut traditionnellement masculins, plus on se sert de ce genre d'humiliation pour la renvoyer à sa condition d'objet.
Je suis vraiment déçue de la pauvreté d'imagination des dessinateurs et des journalistes de Charlie-Hebdo. Vraiment déçue qu'à l'instar des néo-beaufs de Canal+, leur esprit si critique quand il s'agit des hommes publics descende se cacher dans leurs slips dès qu'il s'agit d'une femme publique ... Jamais aucune personnalité mâle n'a été moquée, dans vos pages, sur sa condition d'homme, sur son aspect physique (et pourtant ce serait si facile). Jamais aucune personnalité africaine ou arabe n'a été conchiée sur son appartenance ethnique. Cette impossibilité pathologique à attaquer une responsable politique sur ses actions et non sur son genre, ce mépris gras, j'avais coutume de les associer aux gros beaufs, aux pauvres abrutis frustrés, à l'électorat de Le Pen ... Mais quand la bassesse sexiste vient précisément de ceux qui luttent contre le racisme et toutes les idées réductrices, cela me désespère. Si le sexisme demeure le dernier racisme autorisé même chez Charlie, si en le lisant je dois me sentir salie par votre vision si réductrice des femmes, alors je n'ai plus du tout envie de contribuer à la survie de cet hebdo qui ressemble de moins en moins à un hebdo éclairé et humaniste, et de plus en plus à un ramassis de vieux machos qui ne diffèrent guère, sur l'essentiel, de leurs adversaires.
Salutations sincères,
Katia Dieschbourg

Bravo, Charlie Hebdo ! On va puiser son inspiration dans les manif de chasseurs, maintenant ? " (allusion aux photomontages analogues sur Dominique Voynet dans ces manifs.)
Sylvie Chaussée

Il était malséant de reprendre un poster porno pour la "Playmate du mois" - malséant vis-à-vis des femmes en général et non de la seule ministre. Ne retombez pas dans vos travers sexistes !
Marie-Claire Calmus

Cher Monsieur le Rédacteur en chef,
J’attends avec impatience votre prochain numéro ! Après avoir remonté le moral de nos troupes avec l’élégante photo de Mme Alliot-Marie, j’espère que vous n’allez pas oublier non plus la décoration de la cuisine de toutes nos braves ménagères françaises et que vous allez nous fournir un portrait, dans le plus simple appareil, de M. Fillon, dorénavant chargé des droits de la femme.
En saluant le petit LE PEN qui sommeille dans chaque macho qui se respecte, veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur en chef, mes plus adelphiques salutations.
Madame M. WIEME

Salut les gars!
J'espère que vous allez bien vous marrer,vous venez encore de perdre une lectrice!
Une lectrice qui vous dit M...., M comme malotrus , machos, mauvais ..et comme Michèle (Alliot Marie);
Adieu pour toujours!
Une pétasse qui ne vous veut pas du bien.
Annick Boisset

Monsieur,
Nous avons échappé à Le Pen, à son racisme et à sa vulgarité. Mais malheureusement, nous n’échappons pas à Charlie Hebdo.
Dans son numéro du 15 mai, Charlie Hebdo publie, page 7, un photomontage non signé, représentant le corps, nu, arrêté sous le nombril, d'une jeune femme à la poitrine énorme, surmonté par un dessin du visage caricaturé de Michelle Alliot-Marie, nommée ministre de la Défense le 7 mai dernier.
Même Le Pen n’aurait pas osé le faire !
Et ne nous parlez pas de 2ème, 3ème ou 5ème degré ! C’est outrageant, cela l’aurait été aussi si c’étaient Martine Aubry ou Elisabeth Quigou qui étaient ainsi en scène. Et je pense d’ailleurs qu’elles doivent se sentir solidaires de l’injure que vous faites aux femmes.
Le journal mériterait d’être poursuivi en justice, mais hélas, même si cela arrivait et qu’il soit condamné, cela ne changerait pas le fond du problème : votre conception des femmes. Je ne sais pas si vous avez une fille (je veux dire un enfant du sexe féminin). Si, sans mourir de honte, vous pouvez publier cela et laisser votre fille voir cela, c’est que vous êtes “vraiment grâve” (comme dirait ma fille de 12 ans, justement).
Veuillez croire, Monsieur, en l’expression de ma profonde affliction.
Laurence Hintzy

18 mai 2002
Monsieur,
Alertée par le réseau " Encore féministes " de l'ignominieux photomontage, anonyme, il faut le souligner, de Michelle Alliot-Marie paru dans votre journal Charlie Hebdo du mois de mai 2002, je tiens à vous signifier le ras-le-bol et l'écœurement que j'éprouve face à cette manifestation du bon vieux machisme ringard " à la française " qui a pu s'étaler sans vergogne dans votre hebdo.
Désolée de n'y voir aucune trace d'humour provocateur ou subversif car, pour moi, une fois de plus, c'est avant tout une femme, toutes les femmes devrais-je dire, qui fait de nouveau les frais d'un procédé archi galvaudé !!!
Votre attitude est pour moi révélatrice (et malheureusement représentative) de la mentalité qui perdure dans notre beau pays des droits de l'" homme " (notez les guillemets !) et qui consiste à circonscrire les femmes à un rôle de prostituée, ou autres représentations sexistes, dès qu'elles occupent des postes de pouvoir traditionnellement dévolus à leurs mâles homologues !!!
J'espère que vous serez tenu de présenter des excuses publiques à notre Ministre de la Défense reconnaissant votre manque de subtilité pour cet outrage incommensurable et insultant au plus haut point !
Laurence Pelletier

19 mai 2002
A L'ATTENTION DE M. PHILIPPE VAL, rédacteur en chef
Objet: Charlie Hebdo du 15 mai dernier, p. 7
photomontage : » la playmate du mois » : Michelle Alliot-Marie, Ministre de la Défense
Zer Flupke,
Eh ben, ça veut juste réussir que ça rate (comme on dit très savoureusement ici, à Bruxelles). T'as tapé fort, petit: on dirait que tu sais rien, que t'as rien appris. Offrir à tes lecteurs une photo truquée, racoleuse et insultante de Madame Alliot-Marie relève de l’horreur et méprise toute éthique et déontologie de ton métier. Serait-ce à prendre au second degré, dans le cadre de l’antimilitarisme légendaire de Charlie Hebdo ?
Comme le sexisme est le premier des racismes, en Belgique, nous nous efforçons, depuis quelques décennies, de traquer ce genre de plaisanterie insultante pour les femmes. Nous avons d’ailleurs une loi à invoquer dans ces cas : la loi Moureaux contre le racisme, et les personnes ayant en charge la rédaction en chef d’un journal y sont très attentives. « Charlie Hebdo … Journal satyrique ? » montre son pied de bouc - car il n’a sans doute pas de réunions de « Comité de rédaction » ?.
A propos du «conseil/cadeau » d’afficher votre photo merdique « du Ministre de la Défense » dans les chambrées des pioupious poilus et couillus français: n’as-tu jamais rien lu à propos du décret sur la féminisation du langage et des noms de métiers en France ? Je crois qu’il date de 1988. Mais cet emploi intempestif du masculin, c’est le moins pire.
Bref, ton article de la page 7 pue ; il empeste un mépris inqualifiable pour les femmes. Mépris pour toutes les femmes, mais surtout, dans ce cas, mépris pour une femme qui a osé « voler un emploi lucratif naturellement réservé à un homme » et assumer la responsabilité « virile » de la guerre. Jamais tu n’aurais inventé un photomontage pour un homme élu au même poste, ni adopté les mêmes titres et sous-titres. Et ça, c’est le vrai sexisme : quand on ne verra jamais le même traitement appliqué à un homme.
Moi, je crois que ce Ministère comporte surtout le souci de la PAIX et que ça, c’est une affaire de femmes (Cfr Lysistrata). Personnellement, je crois que confier ce Ministère à une femme est une pure merveille et que salir ce choix en transformant la Ministre en objet de jouissance est manquer d’esprit. Te faudra changer ton fusil d’épaule, mijn ketje.
Bref, pour conclure : je ne sais pas si tu es jeune ou vieux, si ta mère vit encore ni si tu as une femme et une ou des fille(s) – Si tel est le cas : serais-tu heureux - ou tout simplement pas gêné - de faire lire cette page 7 à l’une d’entre elles ?
Mon petit vieux, sache bien que, quand tu insultes une femme, tu dois te souvenir que tu insultes toutes les femmes de ta lignée et les femmes de la terre tout entière.
Je sais que la « solidarité de la quéquette » est sacro-sainte chez les machos brontosaures et que les plaisanteries « de corps de garde » ont encore cours dans certains milieux. En tout cas, mes connaissances qui lisent Charlier Hebdo n’ont pas ce profil et je leur envoie copie de ce fax.
A bon entendeur, Salut !
Luce Hautier
P.S. : Comme Victor Hugo adorait les Belges « parce qu’ils parlent flamand en français », les expressions belges sont mises en italique et le tutoiement est de rigueur.
Copie: les Chiennes de garde et Philippe Geluck

20 mai
Cher M. Val,
Je vous écris pour vous faire part de ma perplexité. Dans le dernier numéro de votre journal, vous caricaturez le nouveau ministre de la Défense, Mme Alliot-Marie, sous les traits d’une playmate, sorte de fille à soldats (tiens, j’y pense, M. Le Pen l’avait déjà traitée de cantinière). Franchement, c’est poilant et plein d’esprit. Seulement, un truc me chiffonne, M. Val, car je ne comprends pas où est la satire. D’ordinaire, on attaque un personnage politique sur son programme, sur ses idées, sur ses actions. Il semble qu’ici vous attaquiez Mme Alliot-Marie sur le simple fait qu’elle est une femme. Dois-je en conclure qu’un ministre noir aurait été représenté sous les traits d’un cannibale, avec un os dans le nez ? Non, évidemment. Car le racisme est odieux, tandis que le sexisme...
Dans son roman Ma part d’ombre, James Ellroy écrit ceci :
« Tous les hommes haïssent les femmes pour des raisons vraies et avérées qu’ils partagent au quotidien sous forme de blagues et de traits d’esprit. »
Et Ellroy d’expliquer que cette connivence graveleuse des hommes servirait à justifier les violences dont ils se rendent coupables à l’égard des femmes.
Je vous laisse méditer sur cette question, car je dois malheureusement vous quitter. Il faut que j’aille accomplir mon devoir. Changer les couches, préparer le dîner de mon mari qui va bientôt rentrer du travail. Bref, me satisfaire d’être un objet domestique et sexuel, et ne surtout pas me mêler de vie publique ailleurs que sur le trottoir.
Cordialement,
Valérie

Monsieur le Rédacteur en Chef,
Charlie Hebdo a publié, dans sa parution du 15 mai, un « poster » représentant le corps d’une femme nue censé correspondre aux fantasmes de ces messieurs, surmonté du visage de Mme Alliot-Marie, nouvelle ministre de la Défense Nationale.
Je ne sais qui cette plaisanterie, que vous jugez sans doute très fine (mais sachez que vous êtes bien le seul), offense le plus : Mme Alliot-Marie, les femmes en général, les femmes qui, malgré tous les préjugés portés par des gens comme vous, essaient de sortir du rôle de pin-up que vous semblez leur assigner, et d’exercer des emplois à responsabilité, les femmes en général, ou les militaires enfin, dont, en interprétant les préoccupations, vous donnez une bien piètre image.
Notre pays ne pourrait se passer de femmes, ni de militaires. En revanche, il survivrait fort bien si des crétins de votre espèce, occupés à véhiculer tous les vieux préjugés, donc dans une certaine mesure le refus de l’autre, cessaient de masquer leur absence totale d’humour et d’inspiration par des « créations » telle que celle du 15 mai.
La dérision est une chose respectable ; elle est même utile en démocratie. L’irrespect de la personne, en revanche, est son exacte antinomie.
J’ai l’honneur de vous faire part, Monsieur le Rédacteur en chef, de l’expression de mon profond dégoût et de mon entier mépris.
Agnes Fontana

21 mai
à Philippe VAL, rédacteur en chef de Charlie Hebdo
Je tenais à vous faire part de ma désapprobation et même de mon indignation à la vue du dessin paru le 7 mai dernier titré "la Playmate du mois".
L'ironie et la satire sont une chose - souvent bienvenue car faisant partie de l'esprit critique - le sexisme inégalitaire en est une autre dont les soubassements rejoignent quelque part les préjugés de ceux que l'on prétend combattre.
Je vous remercie de votre attention.
Annie Crépin

Pas géniale, votre caricature de Mme la ministre aux Armées. Encore une agression sexiste de mavais goût, car l'humour est autre.
Lucas Chuffart

Je proteste vigoureusement contre le photomontage paru dans Charlie la semaine dernière, agressant Michelle Alliot-Marie. Même si je ne suis pas du même bord politique qu'elle, je désapprouve tout violence sexiste, même par le dessin, à l'encontre d'une femme.
J'espérais plus de clairvoyance de la part d'un journal qui se fait fort de dénoncer les travers politiques ou de la société en général. Le travers machiste en fait partie et vous ne l'avez pas évité. Quel mauvais point !
J'espère que ma réaction et celle, j'en suis sûre, d'autres femmes qiu se sont senties atteintes par cette bassesse vous permettra à l'avenir d'éviter ce type d'écueil qui n'est pas à votre honneur.
Marie-Noëlle Bas

Certes, le montage est sexiste dans la mesure où il ne caricature pas seulement la ministre, mais il offre, comme les publicitaires, un corps de femme jeune et belle en contraste pour dévaloriser la femme vieillie. J'aurais préféré qu'ils la représentent en buste à la Marianne et sans ce montage.
Mais au second degré, ne se moquent-ils pas de la manie des militaires d'afficher des corps de femmes nues, et de leur mentalité macho? - Qui évolue, au fur et à mesure où des femmes sont entrées dans leur "corps".
J'ai toujours la caricature d'Allegre affichée à l'intérieur de mon placard de travail. Et c'est vrai qu'ils se sont arrêtés à la tête "de nœud". Mais il y a eu des caricatures des hommes politiques "en pied" si l'on peut dire, c'est à dire de tout leur corps, mais je ne les ai pas trouvées de bon goût, certes.
Je n'apprécie pas que l'on se moque des disgrâces physiques des personnes.
Catherine Gervois

23 mai
Le Collectif Féministe Contre le Viol tient à réagir fermement contre un photomontage paru dans le numéro du 15 mai 2002 de Charlie Hebdo, représentant madame Alliot-Marie en Playmate du mois.
Il est regrettable que les femmes parvenant à un poste de responsabilité soient montrées du doigt et systématiquement ridiculisées de la sorte. Pourquoi certains sont-ils dérangés par une femme occupant un poste habituellement confié à un homme ? Ne serait-ce pas pour tenter de conserver arbitrairement les avantages accordés traditionnellement aux hommes, pour la seule raison qu’ils sont des hommes ?
Des réactions comme celle de Charlie Hebdo, qui fait de cette situation nouvelle un sujet de blague sexiste est une insulte pour chaque femme et est intolérable dans une société qui prône l’égalité des chances pour tous.
Cette caricature est également une insulte pour les hommes (et les militaires en particulier), utilisant aussi des préjugés traditionnels idiots qui en font tous des êtres basiques incapables de réfléchir et de s’élever au-dessus des oppositions stéréotypées entre hommes et femmes.
Ce type de réaction risque d’élargir encore le fossé qui existe aujourd’hui entre les chances accordées aux femmes et celles accordées aux hommes.
Nous pourrions tous tenter de réfléchir sur les conséquences que peuvent avoir de telles manifestations sexistes.
Charlie Hebdo est un hebdomadaire influent qui prend souvent le contre-pied des idées reçues ; il est dangereux qu’il prône ainsi le retour à des valeurs machistes déjà bien trop répandues.

********************************************************************************

3. La « réponse » de Charlie Hebdo
Seule réponse, dans le numéro du 22 mai, un autre montage, surtitré « Charlie-Hebdo pour la parité », représente le corps, vêtu d’un slip, d’un culturiste aux muscles saillants, surmonté par le visage caricaturé du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy. Du slip dépassent deux petits testicules poilus. Légende : « Pour les fliquettes, un poster de votre nouveau ministre pour décorer votre commissariat »
Où est la réponse argumentée à notre critique féministe d’un montage sexiste et pornographique ? Au nom de la « parité », ce second montage, visant un homme, est donné comme une attaque politique symétrique de la première.
Or ce n’est pas le cas. Nicolas Sarkozy n’est pas représenté de manière dégradante. La symétrie est fausse, car la nudité du torse n’a pas le même sens pour une femme ou pour un homme : des seins nus transforment Michelle Alliot-Marie en objet sexuel, tandis qu’un montage de Nicolas Sarkozy avec des muscles saillants n’est qu’une illustration banale de ses proclamations sécuritaires.
Dans un journal de gauche, une telle pauvreté d’analyse politique est navrante ; pour attaquer une femme d’un gouvernement de droite, un montage misogyne ; pour répondre à des protestations de féministes, une parade superficielle.
Si vous réagissez par écrit à cette nouvelle publication, adressez-moi par mél une copie de votre lettre que je pourrais mettre sur le site.

***************************************************************************

4. Nouvelles réactions féministes

23 mai
Cher Monsieur,
Je dois vous faire part de mon écoeurement par rapport aux portraits de Michèle Alliot-Marie et de celui de Sarkozy parus dans votre journal, que j'achetais jusqu'alors plutôt volontiers.
Dans un gouvernement de droite, qui a failli être d'extrême droite, pourquoi, vous aussi, prenez-vous position de cette façon en faisant le jeu des sexistes ? Avez-vous compté le nombre de femmes dans le nouveau gouvernement ? Savez-vous ce qu'est devenu le Ministère des droits des Femmes ?
N'est-ce pas facile pour vous de jouer sur "l'objétisation" d'une femme (quelle originalité !) en nous invitant à la mettre sur le même plan que "l'objétisation" d'un homme politique. Vous n'avez pas trouvé de meilleure idée que celle d'utiliser cet humour qui commence à dater, cet humour discriminatoire, cet humour qui ne fait rire que les machos pleins de bière et vides de sensibilité, cet humour qui est utilisé par tous ceux qui n'ont rien d'autre à reprocher aux femmes que d'être des femmes. C'est maigre et pauvre. Avez-vous déjà réfléchi que de près ou de loin vous servez la droite, vous servez la haine, la misogynie et la violence faite aux femmes en publiant de telles productions machistes.
Qu'on ne soit pas d'accord avec la politique de Michèle Alliot-Marie est une chose, qu'on se serve d'argument qui n'ont rien à voir avec la politique mais qui touchent au corps même de la personne en est une autre.
Sachez, que d'une part si je suis sensible aux droits des femmes, cela n'est pas dans le but que les hommes n'en aient plus (des droits). Est-ce si difficile à comprendre ? Lutter contre le racisme en Europe, est-ce que ça veut dire qu'il faut détester les blancs ?
D'autre part, rendre soi-disant la pareille en faisant apparaître un torse masculin nu et musclé n'a aucune commune mesure avec un torse aux seins démesurés d'une femme, qui suscite bien autre chose.
Je croyais décidément que votre journal pouvait faire passer des messages différents ou en tout cas d'un niveau un peu plus élevé que les autres.
Dommage
Cécile Sarafis

25 mai
Monsieur le Rédacteur en chef,
Votre hebdomadaire du 15 mai a fait paraître un photomontage qui m'est apparu d' un machisme particulièrement déprimant. J'apprécie souvent l'irrévérence de votre journal et je ne porte pas un culte particulier à madame le Ministre des armées, mais je m'insurge contre cette image insultante pour toute femme (plus que "bête et méchante").
Avec mes meilleures salutations,
Dr. S. Muller, au nom du groupe "Jeunes femmes" d'Alès


***************************************************************************

5. Nouvelle attaque sexiste

Dans le numéro daté du 29 mai 2002, Charlie-Hebdo publie dans le Courrier des lecteurs, p. 14, la lettre de protestation adressée par Florence Montreynaud en réaction à sa « réponse » de la semaine précédente, ainsi qu’un extrait d’une lettre indignée envoyée par une lectrice belge.
Non seulement il ne répond toujours pas à nos arguments féministes, mais dans ce même numéro, dans un article d’Alain Royer, p. 4, on peut lire : « (…) depuis la propulsion de la cantinière Michelle Alliot-Marie à la tête de nos régiments (…) »
Quel homme politique a employé publiquement le mot de « cantinière » à propos de la ministre de la Défense, dès sa nomination? Jean-Marie Le Pen. Un journaliste spécialiste de politique intérieure ne peut l’ignorer.
Cantinière avait autrefois le sens de « femme suivant les troupes en campagne pour leur vendre boisson et nourriture ». Il est employé aujourd'hui pour dévaloriser cette femme politique, nier ses compétences, critiquer son physique ou son caractère.
Charlie-Hebdo reprend un qualificatif sexiste employé par Le Pen. Quelle est cette convergence entre l’extrême gauche et l’extrême droite ? En France, le machisme est bien le fonds commun de beaucoup d’hommes de pouvoir, en politique comme dans le journalisme.
Plutôt que de traiter Michelle Alliot-Marie comme une adversaire, en contestant ses choix politiques, Charlie-Hebdo l’attaque de nouveau en tant que femme, avec un qualificatif sexiste.
Nous protestons contre ce procédé indigne.
Nous sommes plusieurs féministes qui avons décidé de ne pas renouveler notre abonnement à Charlie-Hebdo ou de cesser de l’acheter.

***************************************************************************

6. Nouvelles réactions féministes

Monsieur,
L’Espace Simone de Beauvoir de Nantes est un espace associatif de défense des droits des femmes dans tous les domaines. Il regroupe 31 associations et de nombreux/ses adhérent/es individuel/les.
Plusieurs d’entre nous connaissent et lisent Charlie-Hebdo depuis longtemps. Nous savons que vous ne trouvez ni intelligent in admissible l’humour raciste dont se sont nourries tant de générations de caricaturistes.
Alors, pourquoi, vous qui avez des exigences intellectuelles, morales, politiques, n’êtes-vous pas capables d’exercer votre imagination, votre intelligence quand il s’agit de proposer à vos lecteurs/lectrices une distance critique face à la nomination d’une femme à la tête des armées ? Votre caricature d’une Alliot-Marie toute en seins n’est que la reprise d’une vieille fantasmagorie mâle si bien condensée dans la formule célèbre de Buffon : « Il y a, chez la femme, une grande correspondance entre la matrice, les mamelles et la tête ». Grâce à vous nous pouvons mesurer le progrès effectué, depuis le XVIIIe siècle, dans ce jeu de correspondances si tranquillement, c’est-à-dire si violemment sexistes.
Pouvez-vous nous dire pourquoi il est si difficile d’être intelligent quand il s’agit de représenter des femmes ? Après tout, vous ne vous êtes peut-être jamais posé la question.
Avec nos salutations.
Maryse Guerlais
Présidente

A l'attention de Monsieur VAL, directeur en chef de Charlie-Hebdo.
Monsieur,
Sans doute est-ce une mission que le journal que vous dirigez s'est donnée que de choquer et de faire réagir car "la liberté 'expression ne s'use que si on ne l'utilise pas", n'est-ce pas? Un tel précepte peut-il vraiment être une doctrine? Si l'on s'en tient à la déontologie d'indépendance qui est le fondement du métier de journaliste, sans doute doit-on l'interpréter comme tel. Cependant, est-il utile de sombrer dans la polémique stérile sur des sujets où tous les citoyens ouverts et "modernes" (la place des femmes dans cette société) sont d'accord? Ne faites-vous pas partie de cette catégorie de citoyens? N'est-il pas inepte que de chercher à "réveiller" les gens de leurs habitudes si ces habitudes se passent de critiques? Ne craignez-vous pas que l'on puisse accuser le journal de n'avoir rien à dire? Je pense tout particulièrement au photomontage de la Ministre de la Défense, à la maladroite répartie du photomontage du ministre de l'Intérieur et au pompon: l'inspiration lepéniste (seriez-vous victime, vous aussi, de la lepénisation des esprits?) de l'expression "cantinière" désignant la citoyenne exerçant le métier de ministre et chargée des dossiers de la défense du pays.
Doit-on penser que l'équipe de Charlie-Hebdo est constituée de couillus fiers de l'être (fiers d'être nés du ventre de leur mère?) et bénéficiant d'une supériorité intellectuelle telle qu'ils pensent pouvoir se permettre de dire n'importe quoi, comme si de toute façon ils n'étaient lus par personne. Cela doit vous faire plaisir de constater que, moi, je vous ai lus.
Je ne sais pas ce que pourrait en penser votre maman d'ailleurs, de constater que vous êtes le rédacteur en chef d'un journal qui s'en prend à la moitié du genre humain sous prétexte que c'est la moitié du genre humain et que vous appartenez à l'autre moitié.
Devant tant de perplexité, je vous écris pour vous avouer ma déception: ce genre d'idées auraient-elles encore une place en France? Cela correspond-t-il au métier de journaliste que d'insulter plus que de critiquer? Je vous avoue mon dégoût. Vous n'aurez pas réussi à me faire réfléchir sur la nomination de M. Alliot-Marie au ministère de la Défense, vous aurez réussi à me blesser. Et je ne pense pas être la seule. La fin ne justifie pas tous les moyens.
Ariane DLOUSSKY, membre de l'association "Encore féministes!" et étudiante en Sciences politiques. 1er juin 02

À VOUS !
Prière d'adresser une copie de votre lettre qui pourrait être mise sur le site, signée de vos prénom et nom, sauf si vous ne le souhaitez pas.