Encore feministes !

Sommaire

Collectif national droits des femmes : Pour une société sans prostitution

 

Les textes les plus récents sont en premier.

De nombreux mouvements, associations et partis appellent à des manifestations contre le projet de loi Sarkozy samedi 11 janvier 2003. Titre de l’appel : « Contre la pauvreté, pas contre les pauvres. Défendre les libertés ».
Ce projet de loi pour la sécurité intérieure, déjà adopté par le Sénat, sera soumis au vote de l’Assemblée Nationale le mardi 14 janvier 2003. Il comprend des dispositions sur la prostitution qui nous semblent dangereuses pour les libertés publiques.
À Paris, la manifestation ira de la place de la République à celle de la Bastille. Départ à 14h30.
Des féministes du réseau "Encore féministes !" participent à cette manifestation. Si vous pouvez nous rejoindre, rendez-vous à 14h au coin de la place de la République et de la rue du Faubourg du Temple. Nous marcherons derrière la délégation de la Ligue des droits de l’homme.
Comme lors de la manifestation du 10 décembre 2002, première fois dans l’histoire où des féministes manifestaient dans la rue contre le système prostitutionnel, nous aurons notre superbe banderole « LES ÊTRES HUMAINS NE SONT PAS DES MARCHANDISES » et nos pancartes : « Si c’est un métier, proposez-le à vos enfants », « Un ‘mal nécessaire’… ou ‘nécessaire’ aux mâles ? », « Prostitution = liberté sexuelle… pour qui ? », « Viol et prostitution sont les deux mamelles du patriarcat », « ‘Services sexuels’ = sévices sexuels », « Oui au plaisir sans argent », etc. Nous distribuerons le tract de cette première manifestation (voir sur le site).

Le Collectif national des droits des femmes, dont est membre le réseau "Encore féministes !", a envoyé aux députés la lettre suivante :

Mesdames et Messieurs les députés,

Le 14 janvier 2003, le projet de loi pour la sécurité intérieure sera présenté en première lecture à l’Assemblée Nationale.

Nous nous inquiétons des termes et mesures introduits dans les articles 18 et 29 au sujet du racolage et de la protection des victimes de la traite. S’ils étaient adoptés, cela aurait des conséquences graves, non seulement pour les personnes en situation de prostitution, mais pour la société toute entière, ainsi que pour les politiques d’égalité entre les hommes et les femmes. Cela risquerait aussi de porter atteinte à la crédibilité de la France, alors que notre pays défend les principes des Droits Humains dans les sphères européenne et mondiale, et qu’il s’est distingué ces dernières années en réaffirmant ces principes universels.

Voici les extraits des articles sur lesquels portent nos demandes.

Article 18

« Art. 225-10-1. Le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d'autrui en vue de l'inciter à des relations sexuelles en échange d'une rémunération ou d'une promesse de rémunération est puni de six mois d'emprisonnement et de 3 750 ¤ d'amende. »

Nous demandons la suppression de cet article qui est contraire aux engagements abolitionnistes de la France, tels qu’ils découlent de sa ratification de la Convention de 1949 pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, dite « abolitionniste », car elle abolit la réglementation par l’État de la prostitution.

- Les personnes en situation de prostitution ne seraient plus considérées comme des victimes, mais comme des personnes auteures de délits. Ce serait contraire à la Convention de 1949
- La France serait le premier pays de l’Union Européenne à prévoir dans un texte de loi l’emprisonnement de personnes en situation de prostitution.
- La situation des femmes victimes des proxénètes serait aggravée par des mesures policières. On doute que, dans ces conditions, ces femmes aident la police et collaborent à des enquêtes.
- Le racolage passif deviendrait un délit : «par une attitude même passive ». Les femmes, les adolescentes qui ne sont pas en situation de prostitution, par exemple celles qui attendent l’autobus, et qui subissent déjà racolage ou agressions sexuelles, seraient de plus en plus exclues de l’espace public. On peut imaginer aussi les conséquences dramatiques en cas d’erreurs judiciaires, pour des jeunes filles issues de milieux traditionnels, où il est considéré que les femmes doivent se trouver le moins possible dans l’espace public. Les jeunes filles victimes de violences et en rupture familiale risqueraient d’être davantage marginalisées. En réalité, cette disposition normaliserait l’idée que toute femme se trouvant dans la rue est prostituable.

« Art. 225-10-1. Est puni des mêmes peines le fait de solliciter, d'accepter ou d'obtenir, en échange d'une rémunération ou d'une promesse de rémunération, des relations sexuelles de la part d'une personne qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle, lorsque cette personne présente une particulière vulnérabilité, apparente ou connue de son auteur, due à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse. »
- Cette définition de la vulnérabilité est restrictive. Elle ignore la vulnérabilité économique, l’impact des violences, les atteintes psychiques et physiques dont souffrent les victimes de la traite et de la prostitution.
- Elle nie les engagements que la France a pris en ratifiant la Convention sur la Criminalité transnationale organisée, ainsi que le Protocole sur la Traite des personnes ; celui-ci implique dans son article 9.5 que « les États parties adoptent ou renforcent des mesures législatives ou autres (…) pour décourager la demande qui favorise toutes les formes d’exploitation des personnes, en particulier des femmes et des enfants, aboutissant à la traite. »
Nous demandons que la vulnérabilité des personnes en situation de prostitution ne soit pas définie.

Article 29
« Sauf si sa présence constitue une menace à l'ordre public, une autorisation provisoire de séjour peut être délivrée à l'étranger qui dépose plainte contre une personne qu'il accuse d'avoir commis à son encontre les infractions de proxénétisme visées aux articles 225-5 à 225-10 du Code pénal ou témoigne dans une procédure pénale concernant une personne poursuivie pour proxénétisme.
En cas de condamnation définitive de la personne mise en cause, une carte de résident peut être délivrée à l'étranger ayant déposé plainte ou témoigné.
»
Problèmes posés par la protection des victimes étrangères en échange d’une dénonciation
- Le mot « victime » ne figure pas dans ce texte. C’est pourtant le fondement de la Convention de 1949 et du Protocole sur la Traite des personnes. Dans aucun de ces textes, la protection des victimes n'est liée au dépôt d’une plainte.
- La force de la loi française actuelle, même si la police ne dispose pas de moyens suffisants, est que la police peut entamer une enquête (méthode pro-active), sans la plainte ni la coopération de la victime de prostitution ou de traite.
- Quand des faits de traite et de proxénétisme sont identifiés, les victimes doivent être reconnues comme telles et donc avoir accès à des lieux sécurisés. Conditionner la protection à un témoignage, c’est exercer un chantage. Or la Convention de 1949 et le Protocole sur la Traite des personnes assument la protection des victimes en tant que telles.

Comme le précisait le rapport de 2000 de la délégation du Sénat aux Droits des demmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, présidée par la sénatrice Dinah Derycke, au sujet d’une éventuelle collaboration des victimes avec la police :
« Outre qu’elle peut sembler contraire aux libertés fondamentales des victimes, une telle pratique paraît étrangère à la culture française. Dans aucun domaine, notre droit ne subordonne sa protection à une dénonciation ou un dépôt de plainte. »
De même, la sous-sommission des Droits de l’Homme de l’ONU a inscrit dans sa résolution E/CN.4/SUB.2/RES/2001/14 du 15 août 2001 :
« Prie les gouvernements de fournir aux victimes une protection et une assistance qui soient inspirées de considérations humanitaires et qui ne dépendent pas de la coopération des victimes aux poursuites engagées contre ceux qui les exploitent, conformément aux articles 6, 7 et 8 du Protocole additionnel à la Convention des Nations-Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. »

C’est pourquoi nous vous demandons :

1. De rester fidèles aux principes que la France s’est engagée à défendre, depuis la ratification en 1960 par la France de la Convention de 1949. Ces principes ont été ensuite défendus avec force par les gouvernements successifs, quelle que soit leur appartenance politique. Même durant la dernière cohabitation, en 1999 et en 2000, la position abolitionniste de la France a été défendue lors des négociations à l’ONU à Vienne pour la Convention sur la Criminalité transnationale organisée. Dans un courrier adressé le 18 avril 2001 à la sénatrice Dinah Derycke, Jacques Chirac, Président de la République, rappelait « la fidélité de la France aux principes de la Convention de 1949 », ratifiée sous la présidence du général de Gaulle ; il soulignait la nécessité d’« éradiquer » la prostitution, qui constitue « l’une de ces oppressions dont tant de femmes dans le monde sont victimes ». Comment est-il possible que le même Jacques Chirac, réélu en 2002, laisse le ministre de l’Intérieur faire voter des dispositions contraires à cette Convention ?

Nous vous rappelons les principes essentiels que la France a défendus et affirmés depuis la ratification de la Convention de 1949, du CEDAW (Convention sur l’Élimination des discriminations contre les femmes, 1979) et lors des négociations pour la Convention sur la Criminalité transnationale organisée :

- Les personnes en situation de prostitution sont considérées comme des victimes.
- La charge de la preuve ne repose en aucun cas sur les victimes.
- La Convention ne distingue pas entre le proxénétisme transnational (traite) et le proxénétisme national.
- Les victimes doivent bénéficier de mesures de protection et de réinsertion. En aucun cas cette protection n’est subordonnée à un témoignage ou une plainte.

2. D’intégrer les revendications du groupement rassemblé autour du Collectif national des droits des femmes, présentées lors de la manifestation organisée à Paris le 10 décembre 2002, date anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, et qui mettent l’accent sur la protection des victimes.

3. De renforcer les moyens de la police et de l’OCRTEH (Office de contrôle et de répression contre la traite des êtres humains) pour combattre le proxénétisme sous toute ses formes.

4. De redonner vigueur aux ordonnances de 1960, sur la réinsertion des personnes prostituées, qui ont été appliquées de manière partielle et incomplète.

Il en va de la crédibilité de la France de ne pas se dédire de ses engagements universels en faveur des droits humains, qui font partie de sa tradition historique.
Il en va des normes que nous voulons créer afin d’empêcher que se développe le commerce du sexe.
Il en va des normes que vous souhaitez promouvoir, Mesdames et Messieurs les députés, en vue d’une société fondée sur l’égalité, la justice et le respect des droits fondamentaux.

9 janvier 2003


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10 décembre 2002

english translation below

Des féministes ont dit NON au système prostitutionnel

Paris, 10 décembre 2002, anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains : pour la première fois, des féministes sont descendu-es dans la rue en nombre pour dire NON au système prostitutionnel, NON à la répression visant les personnes prostituées, et OUI à un monde sans prostitution.

La participation d’un quart d'hommes est un événement historique. Le système prostitutionnel concerne la société tout entière, y compris les hommes qui refusent les clichés sur la prostitution, comme celui des prétendus « besoins sexuels masculins irrépressibles ».
Cette manifestation, couverte par de nombreux journalistes et photographes, marque un tournant : il y avait déjà eu des actions de petits groupes féministes contre les viandards (« clients ») mais jamais, ni en Europe ni même, semble-t-il, dans le monde, il n’y avait eu une telle manifestation. Dynamique et colorée, elle a été organisée par un groupe réuni autour du Collectif national pour les Droits des femmes, et comprenant des associations féministes, des associations travaillant auprès de personnes prostituées, des partis (PS, PC, PRG, les Verts, LCR), des syndicats, la Ligue des droits de l’homme, ATTAC, etc.
Environ trois cents personnes ont marché derrière la banderole « LES ÊTRES HUMAINS NE SONT PAS DES MARCHANDISES » : elles sont entrées dans l’histoire, en ce 10 décembre, anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains. Alors que l’un de ces droits fondamentaux devrait être celui de ne pas être prostitué-e, dans les faits, payer pour avoir accès au sexe d’autres êtres humains est trop souvent considéré comme l’un des droits des hommes.
C’est ce que dénonçaient pancartes et slogans comme : « Un ‘mal nécessaire’… ou ‘nécessaire’ aux mâles ? », « Prostitution = liberté sexuelle… pour qui ? », « Viol et prostitution sont les deux mamelles du patriarcat », et encore : « Si c’est un métier, proposez-le à vos enfants », « ‘Services sexuels’ = sévices sexuels », « Si ça vous démange, grattez-vous ! », « Oui au plaisir sans argent », « Oui au plaisir sans violence », etc.
Cet événement s’est produit en France, dans le pays qui a inventé en 1810 le système réglementariste (les bordels tolérés par l’État), et qui ne l'a aboli qu'en 1946 (loi dite "Marthe-Richard"). Après l'action pionnière de la Britannique Josephine Butler à partir de 1869, en France la féministe Marcelle Legrand-Falco avait fondé en 1926 une association abolitionniste (qui demandait l’abolition de la réglementation de la prostitution). La présence à la manifestation de sa nièce Denise Pouillon-Falco, militante de 86 ans, faisait le lien avec ces générations de féministes qui, depuis plus d’un siècle dans les pays occidentaux, proclament leur refus du système d’oppression machiste qu’est la prostitution.
Autre figure historique présente, Yvette Roudy, première ministre des Droits de la femme en 1981. Parmi les personnalités venues manifester, les socialistes Anne Hidalgo et Christophe Caresche, adjoints au maire de Paris, la députée (PS) Martine Lignières-Cassou, la députée (PRG) Chantal Robin-Rodrigo, ainsi que les Vertes Martine Billard et Francine Bavay, et aussi l’avocate algérienne Wassyla Tamzali, ex-directrice des droits des femmes à l’Unesco.
Au coin de la rue Saint-Denis, lieu de prostitution, une dizaine de femmes, portant sur le visage un masque blanc, attendaient les manifestant-es, et deux militantes de France-Prostitution ont distribué des tracts.
Le défilé s’est poursuivi sans encombre sur les boulevards. Il s’est conclu par le rappel de l’opposition au projet de loi Sarkozy, et l’annonce de nouvelles manifestations, notamment quand celui-ci sera discuté à l’Assemblée nationale. Sur le constat qu’un ample réseau féministe et abolitionniste est en train de se constituer, le groupe s’est dispersé aux cris de : « Vive l’amour libre et gratuit ! »

Florence Montreynaud

Feminists say NO to the system of prostitution !
translation : Bernice Dubois

Paris, 10 December 2002, Anniversary of the Universal Declaration of Human Rights.
For the first time, feminists took to the street in considerable numbers to say NO to the system of prostitution, NO to repression of persons in prostitution, and YES to a world without prostitution.

A 25% participation of men is a historical event. The system of prostitution concerns the whole of society, including those men who reject the clichés on the so-called "irrepressible male sexual need".
This demonstration, as was witnessed by the numerous journalists and photographers present, marks a turning point : small feminist groups had already demonstrated against "johns" (buyers), but never before, in Europe nor it would seem elsewhere in the world, had there been a demonstration of this scope. Dynamic and full of color, it was organized by a group centered around the national Collective for Women's Rights, including feminist associations, associations working with persons in prostitution, political parties, Labor Unions, Human Rights League, Attac, etc.

Around three hundreds persons marched behind the banner "HUMAN BEINGS ARE NOT MERCHANDISE" and entered the pages of history on this 10th December, anniversary of the Universal Declaration of Human Rights. While one of these basic rights should be the right not to be in prostitution, in point of fact, it is all too often considered a man's right to pay for access to the sex of other human beings.

This is what was condemned by signs and slogans such as: "A necessary evil&Mac226; or an evil necessary for males?", "Prostitution = Sexual freedom for whom?", "Rape and Prostitution feed the Patriarchal System", and again: "If it is work, suggest it for your children", "If you get the itch, scratch yourself", "Yes to pleasure without money", "Yes to pleasure without violence", etc.
This event took place in France, in the country that, in 1810, invented the regulationnist system (brothels organized by the State), in the country where the feminist Marcelle Legrand-Falco founded in 1926 the first abolitionist association (that demanded the abolition of regulation of prostitution). The presence at this demontration of her niece, Denise Pouillon-Falco, an 86 years old militant, ensured the link with those generations of feminists who, for more than a century in Western countries, proclaimed their rejection of the system of Macho oppression represented by prostitution.

Another historical figure present was Yvette Roudy, first French Minister of Women's Rights in1981. Among those personalities who came to the march were the socialists Anne Hidalgo and Christophe Caresche, Deputy Mayors of Paris, the Deputy Martine Lignières-Cassou, the Green members Martine Billard and Francine Bavay, as well as the Algerian lawyer Wassyla Tamzali, ex-director of the rights of women (Unesco).
At the corner of Saint Denis street, a place of prostitution, some ten women, wearing white masks, awaited the demonstrators and two militants of France-Prostitution distributed leaflets.
The march continued with no hindrance along the Boulevards. It ended with the reminder of our opposition to the law proposed by Minister Sarkozy, and the announcement of further demonstrations, in particular when this law will be discussed at the National Assembly. Taking note that a broad feminist and abolitionist network was being built up, the group dispersed shouting: "Long live free love with no payment!"

Florence Montreynaud

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Appel à une manifestation le 10 décembre 2002 à Paris

NON AU SYSTÈME PROSTITUTIONNEL
NON AU PROJET DE LOI SARKOZY
OUI À UN MONDE SANS PROSTITUTION

Nous disons non au système prostitutionnel qui organise l’accès payant des hommes au sexe d’autres êtres humains. Nous dénonçons et nous combattons cette exploitation marchande de la sexualité et cette expression de la domination patriarcale.

Nous disons NON au projet de loi Sarkozy :
- non au délit de racolage
- non au harcèlement policier contre les victimes de la prostitution, non à leur criminalisation
- non à la reconduite à la frontière des étrangères, non à leur expulsion, non à la privation de leur titre de séjour
Nous voulons la délivrance d’un titre de séjour définitif aux personnes prostituées étrangères sans papiers, sans exiger qu’ elles dénoncent les proxénètes et les réseaux

Nous voulons une lutte efficace contre le proxénétisme et les réseaux de traite, y compris par la coopération internationale, puisque la traite s’est considérablement accrue avec le développement de la mondialisation néo-libérale.
Ce n’est pas en s’attaquant aux victimes de la prostitution que l’on combat le système prostitutionnel.

Nous demandons :
- UN PLAN D’URGENCE POUR LES PERSONNES VOULANT SE LIBERER DU SYSTEME PROSTITUTIONNEL QUI LEUR ASSURE UNE ALTERNATIVE VIABLE
- la mise en place d’UN NUMÉRO VERT D’AIDE AUX PERSONNES DANS LA PROSTITUTION, indépendant de l’État, avec des écoutantEs forméEs et qualifiéEs, avec appel anonyme .
- L’ACCÈS DES PERSONNES PROSTITUÉES, SANS DISCRIMINATION, À TOUS LES DROITS UNIVERSELS: accès aux soins, droit effectif au logement, droit à la CMU, au minimum vieillesse, au RMI, droit à l’emploi, droit à l’inscription à l’ANPE pour les personnes qui désirent arrêter la prostitution, droit aux formations de longue durée rémunérées, qualifiantes et diplômantes, annulation des dettes fiscales et des amendes.

La prostitution n’est pas un métier. C’est une violence. C’est un système dont profitent les proxénètes, les clients, mais aussi l’État qui impose lourdement les prostituées.

La France a ratifié la Convention de 1949 sur « la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui » . Mais elle ne fait rien pour appliquer réellement la politique abolitionniste dont elle se réclame.

Face à l’offensive en Europe menée par les Pays-Bas et l’Allemagne qui considèrent la prostitution comme un métier, il est plus que temps de réagir. Il faut des politiques résolues :
- de responsabilisation des « acheteurs », bénéficiaires et acteurs, parmi d’autres, du système d’exploitation que constitue la prostitution
- de formation , d’information et de sensibilisation systématiques, notamment dans l’Éducation nationale, des jeunes garçons et des hommes, pour leur faire prendre conscience de ce que sont le système prostitutionnel et l’ensemble des violences faites aux femmes
- de lutte contre les violences à l’encontre des petites filles, des jeunes filles et des femmes
- de lutte contre la pauvreté, la précarité et le chômage.
Les organisations soussignées appellent à une manifestation le mardi 10 décembre à 18h30 (anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits Humains) de République à Strasbourg-Saint-Denis et Grands Boulevards.

Signataires :
Collectif National pour les Droits des Femmes, les Alternatifs, AL, APEIS, Assemblée des Femmes CADAC, Café féministe, C.E.F.W. (Conseil Européen des Fédérations WIZO), CIBEL, Collectif Féministe Ruptures, Coordination Lesbienne, CQFD, Espace Simone de Beauvoir (Nantes), Fierté lesbienne, DAL, les Dé-chaînées, Encore Féministes !, F.E.M. 2000+ (Amiens), « Femmes libres » Radio Libertaire, Femmes Solidaires, LCR, Ligue des Droits de l’Homme, Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, MAPP, Maison des Femmes de Paris, Mille et Unes (Conflans), Mix-cité, Mouvement du Nid, PCF, PRG, PS, Rajfire, Réseau « Pour un monde sans exploitation sexuelles », les Sciences Potiches se Rebellent, SOS Sexisme, UCTEH, les Verts.
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Communiqué du Collectif national droits des femmes sur la prostitution 28 octobre 2002
LE PROJET DE LOI SARKOZY ET LA PROSTITUTION

Le projet de loi élaboré par le Ministère de l'intérieur et adopté en Conseil des ministres le 23 octobre 2002 nous paraît des plus contestables car il ne répond en rien aux besoins des personnes dans la prostitution. Au contraire il les pénalise, les réprime, et les enferme encore plus dans ce système d'oppression et d'exploitation. C'est une lutte contre le système prostitutionnel, ce qui le nourrit et ceux qui en bénéficient qu'il faut engager, et non contre les personnes prostituées.
Nous dénonçons la problématique de ce projet de loi : - les mesures concernant la prostitution sont intégrées dans un chapitre sur " la tranquillité et la sécurité publique " .Là n'est pas le problème, c'est le sort des personnes prostituées qui est une préoccupation majeure, c'est leur sécurité à elles qu'il faut assurer ! Manifestement il ne s'agit ici que de cacher l'existence du système prostitutionnel, pas de lutter contre.
- il est absurde d'imaginer que ces mesures vont aider ces personnes. Bien au contraire cela va les enfermer, les stigmatiser et les mettre en danger encore plus.
- les " acheteurs " ne sont poursuivis que lorsque les personnes qu'ils abusent dans le système prostitutionnel sont mineures (c'était déjà une disposition antérieure) ou dont " la vulnérabilité due à une maladie, une infirmité, une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse est apparente ou connue de son auteur " . Mais qu'en est il de toutes les autres personnes réduites à l'esclavage, sous la coupe de proxénètes ? Nous voulons une responsabilisation des " acheteurs ", acteurs parmi d'autres et bénéficiaires du système d'exploitation que constitue la prostitution.
- ce projet de loi remet en cause le principe abolitionniste dont se prévaut la France, et qui n'était déjà pas réellement appliqué, étant donné que tout le volet des alternatives à la prostitution n'a jamais été mis en place.
Nous nous opposons à toute pénalisation des personnes prostituées : - la répression vise les personnes prostituées, qui sont les victimes du système prostitutionnel, et seront donc doublement victimes. Déjà on assiste à du harcèlement policier, des amendes (par exemple à Paris des femmes ayant des préservatif dans leur sac ont eu une amende de 1000 euros, à Toulouse des femmes ont vu leurs papiers d'identité ou titre de séjour déchirés…).
- nous nous opposons au fait de faire du racolage un délit.
- nous refusons que la " tenue vestimentaire " soit un facteur de pénalisation. Nous pouvons nous habiller comme nous voulons ! - nous nous opposons aux amendes, harcèlement, éloignement hors des villes, à tout cet arbitraire qui se développe aujourd'hui et va encore s'aggraver si ce projet de loi est voté.
Nous nous opposons aux mesures de reconduite à la frontière des personnes étrangères en situation de prostitution et exigeons qu'un titre de séjour leur soit remis même si elles ne peuvent ou ne veulent pas dénoncer les réseaux et les proxénètes, dès qu'elles contactent une association ou le service " numéro vert " dont nous demandons la mise en place le plus rapidement possible.

NOUS EXIGEONS : - L'accès sans discrimination des personnes en situation de prostitution à tous les droits sociaux existants et l'élargissement de ces droits.
- Des politiques sociales de lutte contre la pauvreté, la précarité, le chômage, les exclusions, pour la formation, pour le droit au logement, l'augmentation des minima sociaux et contre toutes les discriminations.
- Des politiques d'envergure, fortes et durables de lutte contre les violences à l'encontre des jeunes filles et des femmes.
- Des politiques systématiques de formation des jeunes garçons dans l'Education Nationale et des politiques d'information et de sensibilisation en direction des hommes pour leur faire prendre conscience de ce qu'est le système prostitutionnel et faire en sorte qu'ils refusent d'en être complices et/ou acteurs.
- Une lutte efficace contre les proxénètes français ou étrangers et contre les réseaux de traite, y compris par une coopération internationale.
UN NUMERO VERT D'AIDE AUX PERSONNES DANS LA PROSTITUTION - service pris en charge par des associations et des travailleurs/ses sociaux/les, autonome par rapport à l'État - appel anonyme et gratuit - des écoutantEs forméEs et qualifiéEs, pouvant parler en français et en plusieurs langues étrangères Et pour répondre aux appels qui s'exprimeront sur cette ligne téléphonique ainsi qu'à ceux qui sont adressés aux associations ou éventuellement aux services de police, IL FAUT UN PLAN D'URGENCE POUR LES PERSONNES VOULANT SE LIBERER DU SYSTEME PROSTITUTIONNEL QUI LEUR ASSURE UNE ALTERNATIVE VIABLE
- hébergement immédiat et de longue durée, sécurisé si nécessaire et dans de bonnes conditions. - formation de base qualifiante et diplômante , rémunérée et de longue durée - droits sociaux, revenu minimum d'insertion complété par d'autres allocations autant que possible - mesures en faveur de leurs enfants si elles en ont - annulation des dettes fiscales et des amendes - aide psychologique, médicale, juridique et autres si nécessaire De plus, pour les personnes étrangères : - délivrance d'un titre de séjour aux personnes étrangères sans papiers, même si elles ne peuvent ou ne veulent dénoncer les réseaux et les proxénètes - renouvellement garanti des titres de séjour de celles qui en ont ou en obtiendront - si les personnes le souhaitent, contact avec le pays d'origine par le biais des consulats pour assurer la sécurité de leur famille si elle est l'objet de menaces et faire venir les enfants éventuellement Non à la répression contre les personnes prostituées Pour l'accès aux droits universels, contre toute discrimination Le système prostitutionnel est un système d'oppression et d'exploitation
C'est une violence
Pour une société sans prostitution.