Encore feministes !

Sommaire

Action n°31 - Pour les droits humains !

 

OÙ L'ON DÉCOUVRE UN POINT D'ACCORD ENTRE M. SARKOZY ET "Encore féministes !"
" Quand le président Sarkozy m'a appelée pour m'annoncer que j'entrais au gouvernement, raconte [Rama Yade, secrétaire d'Etat aux droits de l'homme], il a dit : "Ce sera les droits humains". J'étais tellement surprise, et si peu familière de l'expression, que j'ai demandé : "Les droits humains ? C'est quoi ?" L'expression "droits de l'homme" est si populaire, attachée à notre mémoire, aux idéaux et combats politiques de 1789 ! Ce n'est que plus tard que j'ai perçu le débat sémantique, appris que les féministes de nombreux pays avaient dénoncé le sexisme du vocabulaire et compris que le choix de "droits humains" notamment par les Anglo-Saxons et les Espagnols était un choix éthique. Mais l'administration française est conservatrice, attachée à la dimension historique des "droits de l'homme". Et moi, je n'ai pas songé à discuter du titre ! "
Le Monde, 12 décembre 2008, entretien, dans l'article d'Annick Cojean sur droits de l'homme / droits humains

[autres extraits] Seulement voilà : la France résiste. La France s'obstine. La France remet un "prix des droits de l'homme" ; organise un "colloque sur les droits de l'homme" ; exige, malgré les protestations du monde entier et la pétition du réseau Encore féministes !, que le nouvel organisme créé à l'ONU en 2006 soit intitulé Conseil des droits de l'homme.
(…) [Le linguiste Alain Rey, membre de "Encore féministes !" a le mot de la fin :] Alain Rey, patron des dictionnaires Le Robert, approuve. " Droits humains " permet, selon lui, d'éliminer le côté masculin du mot " homme ", tout en conservant la dérivation du latin homo, hominis, qui signifie l'espèce humaine. " Car c'est bien de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas ? "

Un article de Christine Delphy (2007)

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LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
M. Chirac n'a jamais répondu à la lettre ci-dessous.

16 février 2006

Monsieur le Président,

L'Organisation des Nations Unies envisage de créer une nouvelle institution pour remplacer la Commission des droits de l'homme. Elle en débattra officiellement en avril 2006.

Le nouvel organisme s'appellera en anglais Human Rights Council. Pour la dénomination française, qui concerne toute la francophonie, de nombreux pays de langue française ont déjà fait le choix de Conseil des droits humains. La France affiche sa position conservatrice, en voulant maintenir l'ancienne expression avec le nom Conseil des droits de l'homme.

Pourquoi la France s'obstine-t-elle à préserver une formulation vieille de plus de deux siècles ? Les droits proclamés par la Révolution française étaient alors novateurs, mais le temps a sclérosé leur forme. D'autres pays ayant en commun la langue française ont pris acte de l'évolution du monde. Le français n'appartient pas aux officiels français, mais à ses locuteurs, c'est-à-dire aux millions de francophones du monde.

Parmi les langues utilisées officiellement aux Nations Unies, le français est la seule où l'expression « droits de l'homme » prête à confusion, puisque le mot homme a le sens d'être humain de sexe masculin. L'anglais, l'espagnol, le russe et l'arabe emploient l'équivalent de « droits humains », et l'expression chinoise correspond à « droits de la personne ».

Utiliser l'adjectif humain pour qualifier le droit de chaque être au respect, c'est choisir de mettre en avant l'humanité dans son ensemble, femmes et hommes, et ainsi se débarrasser d'une ambiguïté sexiste : c'est adopter une perspective humaniste.

Mme Louise Arbour, Haute Commissaire aux droits de l'homme, de nationalité canadienne, est elle-même intervenue en faveur de l'appellation Conseil des droits humains. Elle juge cette modification à la fois « symbolique, car le nouveau conseil se veut différent, ambitieuse, et aussi politique parce que les femmes souhaitent une dénomination inclusive qui abandonne toute connotation potentiellement sexiste ».

Conserver cette expression figée aboutit à des absurdités comme la traduction de « human rights of women » par « droits de l'homme de la femme », expression utilisée dans des interprétations simultanées à l'ONU.

Qui ne voit le paradoxe qu'il y a à défendre des femmes et des filles, victimes de violences masculines, au nom des droits de l'homme ! Comment celles dont précisément les droits sont le plus bafoués, pourraient-elles percevoir qu'elles sont protégées par des textes proclamant les droits de l'homme ?

Une langue n'est pas statique ; elle évolue, elle se modernise, elle s'enrichit, s'adapte aux réalités, et donne forme à de nouveaux idéaux. Les droits humains, droits de toute l'humanité, sont l'un de ces idéaux.

Le réseau "Encore féministes !" (2 421 membres dans 39 pays) demande que la France modifie sa position et adopte l'expression droits humains pour traduire human rights.

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Au nom de notre réseau, j'ai adressé cette Lettre ouverte au Président de la République française. Il est très important que vous écriviez vous-même, ainsi que des personnes de votre entourage, par lettre (car c'est beaucoup plus efficace que par courriel) au Président de la République française, en reprenant le texte de la Lettre ouverte, en vous inspirant du court texte suivant, ou en employant d'autres arguments que vous pourrez trouver dans un article d'Agnès Callamard, paru dans Le Monde diplomatique, en mars 1998, « Droits de l'homme ou droits humains ? Le sexisme à fleur de mots. »
http://www.monde-diplomatique.fr/1998/03/CALLAMARD/10138.html


<< Monsieur le Président,
J'apprends que l'ONU, pour remplacer la Commission des droits de l'homme, va créer le Conseil des droits de l'homme.
À nouvel organisme, nouvelle dénomination !
Je vous demande que la France change ce nom en « Conseil des droits humains ».
L'expression traditionnelle « droits de l'homme » est ambiguë, et les femmes peuvent s'en sentir exclues.
Avec le réseau "Encore féministes !", je vous demande de prendre en compte l'évolution de la langue et de rendre visible l'idéal humaniste en adoptant l'expression droits humains
. >>

Adresse de l'Élysée : 55 rue du faubourg Saint Honoré 75008 Paris. En France, il est inutile d'affranchir le courrier envoyé au Président de la République.
Par courriel : http://www.elysee.fr/ Cliquez sur “écrire au président” !

Important : il faut agir au plus vite, avant que la décision soit arrêtée par l'Assemblée générale des Nations Unies qui se réunit en avril.


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LETTRES DE MEMBRES DU RÉSEAU "ENCORE FEMINISTES !"

de Benoîte Groult
J'apprends que l'ONU, pour remplacer la Commission des droits de l'homme, va créer le Conseil des droits de l'homme. Ne serait-il pas temps de changer cette dénomination en « Conseil des droits humains » ?
Tous les pays francophones (et anglophones avec human rights) ont déjà opté pour une formule moins ambiguë que la dénomination traditionnelle qui remonte à une époque où les femmes précisément n'avaient aucun droit.
Avec le réseau "Encore féministes !", je vous serais reconnaissante de prendre en compte l'évolution de la société comme celle de la langue, et je vous remercie d'apporter le poids de votre humanisme à notre féminisme.

de Sylvère-Romain Labis
Pourquoi laisser les Anglo-saxons garder toujours une longueur d'avance dans une certaine délicatesse de langage ? Il serait plus humaniste de parler désormais de Droits Humains.
A l'époque de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen règnait la volonté d'exclure les femmes du champ politique. Aujourd'hui où une misogynie culturelle menace les droits humains des femmes dans certains endroits, il serait bienvenu de les rassurer.
Un Conseil va bientôt remplacer la "Commission des droits de l'homme", à l'ONU.
La France peut, grâce à vous, obtenir la modification de cette dénomination en « Conseil des Droits Humains » - "Human Rights Council".
Je me joins au Réseau "Encore Féministe" pour vous remercier à l'avance de cette démarche auprès de l'ONU où la France siège au Conseil de Sécurité.

de Francine Larue (Liège, Belgique)
Mon grand-père du côté maternel était français et mon arrière grand-père du côté paternel était également né d'une mère française, c'est pourquoi je m'intéresse beaucoup à la France d'où proviennent une grande partie de mes ancêtres.
Je me permets de vous écrire car j'ai appris que l'Organisation des Nations Unies envisage de créer une nouvelle institution pour remplacer la Commission des droits de l'homme. Ce nouvel organisme s'appellera en anglais "Human Rights Council" et de nombreux pays de langue française ont déjà fait le choix de "Conseil des droits humains".
Il paraît que la France veut conserver l'ancienne expression avec le nom
"Conseil des droits de l'homme". Pourtant en tant que femme, je pense que le terme "humain" non seulement est plus juste mais est une reconnaissance expresse de l'égalité homme/femme qui est depuis tant d'années bafouée.
Les femmes ont combattu et doivent continuer le combat pour obtenir enfin la place qui leur revient de droit en tant qu'êtres humains. Je pense que la France qui prône "l'égalité" doit les soutenir malgré et surtout à cause de la résurgence du machisme notamment importé d'autres pays.
Je vous remercie d'avance, Monsieur le Président, de vouloir bien prendre ma requête en considération car l'humanité, ce n'est pas seulement "l'homme" mais bien tous les êtres humains, sans différence de sexe et cela doit figurer dans les textes sans ambiguïté.

de France Dombrowski (Québec)
Monsieur le Président, je suis traductrice. En plus d'une connaissance approfondie de la langue anglaise, je possède une très bonne connaissance de l'allemand et de l'espagnol. Je puis vous affirmer que ce qui fait la force de la langue anglaise et de la langue espagnole, c'est leur capacité à évoluer. Ma hantise, c'est de voir la langue française devenir une langue morte.
Je vous admire notamment pour l'adoption de la loi sur la laïcité, qui
tranche avec le courant dominant imposé par les Anglo-Saxons, à savoir le multiculturalisme, dont le sexisme rampant est en train de s'ériger comme l'un de ses dogmes.
J'aimerais en outre vous signaler que la législation canadienne, dont la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et son règlement d'application (http://laws.justice.gc.ca/fr/I-2.5/texte.html), privilégie « droits humains ». En voici un extrait :
35. (1) Emportent interdiction de territoire pour atteinte aux droits
humains ou internationaux les faits suivants :
a) commettre, hors du Canada, une des infractions visées aux articles 4 à 7 de la Loi sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre;
Monsieur le Président, je sais que les femmes peuvent compter sur la France, dont vous êtes le représentant ultime et le plus haut dignitaire. Vous avez deux filles et je suis sûre que l'excellent père que vous êtes, que vous avez été, que vous serez encore veut leur laisser en héritage un monde meilleur - que dis-je, il est déjà meilleur -, un monde où les femmes auront cette épine en moins dans le pied.

d'Amélie Polachowska Eyrolle
Prochainement l'ONU remplacera "la Commission des droits de l'homme", par la création du "Conseil des droits de l'homme".
À nouvel organisme, nouvelle dénomination !
Je vous demande que la France change ce nom en « Conseil des droits humains ».
L'expression traditionnelle « droits de l'homme » ne répond plus à l'engagement que prennent chaque jour les Français-es à vivre dans le refus du sexisme et du racisme. Démontrons l'intelligence de notre langue!
Avec le réseau "Encore féministes !", je vous demande de rendre visible notre idéal humaniste en adoptant l'expression "droits humains."

de Marie-France Méhut
Je souhaiterais contribuer au changement de la dénomination de la « Commission des droits de l'homme » en « Conseil des droits humains ». En effet, je suis née femme et je me sentirais plus à l'aise d'entendre enfin parler du droits de tous les humains : hommes, femmes, enfants tous rassemblés sous cette même expression.
Aussi, puisque vous en avez le pouvoir, je vous demande d'appuyer ma demande, même si j'ai longtemps été attachée à notre déclaration des droits de l'homme chèrement acquise par la révolution. Le langage doit s'ouvrir, englober, envelopper toute l'humanité et accueillir toutes les femmes si humiliées dans le monde.

de Florence CARESSA
L'ONU cherche à remplacer la "Commission des Droits de l'Homme", par un "Conseil des droits de l'homme". ( "Commission on Human Rights" => Human Rights Council")
Ne pourrait-on profiter de cette évolution, pour faire également évoluer l'appellation francophone de ce futur Conseil ?
La traduction de "Human Rights" en "droits de l'homme" est aujourd'hui devenue choquante pour nombre de femmes qui comprennent que ce qui n'est pas explicitement nommé, n'existe pas.
La langue anglaise utilise "Human Rights", la langue espagnole utilise "Derechos Humanos", mais seule la langue française utilise encore "Droits de l'Homme" au lieu de "Droits Humains".
Cela limite la signification du rôle de ce futur Conseil et ne rend pas compte du côté humaniste de cette autorité.
Je vous très reconnaissante en tant que membre influent de la francophonie, de faire évoluer cette expression de "Conseil des Droits de l'homme" en Conseil des droits Humains".

de Florence
D'après certaines informations de presse, l'ONU envisage de supprimer la Commission des droits de l'homme et de la remplacer par un Conseil des droits de l'homme. La nuance sémantique entre Commission et Conseil est sans doute importante et recouvre sans doute des changements juridiques, que je ne puis apprécier à ma modeste place.
Ce que je puis apprécier en revanche, c'est l'imprécision du substantif « homme », dans la belle expression « droits de l'homme ». En français, ce substantif est polysémique. Il signifie aussi bien être masculin qu'être humain. Une certaine ambiguïté est donc contenue dans l'expression « droits de l'homme ». Elle est née pendant la Révolution, à un moment historique où seuls les hommes masculins pouvaient rêver d'être associés à la vie politique. Les hommes féminins, je veux dire les êtres humains féminins, bref, les femmes, en étaient exclu(e)s par la mentalité générale, à l'exception de grands esprits comme Condorcet.
Peut-être cette incongruité devrait-elle cesser. Elle n'a, à la vérité, jamais été charmante, bien qu'elle ait été très longtemps considérée comme « naturelle », tout comme était « naturel » de mourir d'une rage de dents ou d'une inflammation de l'appendice. L'expression « droits humains », ou « droits de l'être humain » serait plus précise, plus appropriée à notre siècle.
La bataille sur les mots n'est pas mineure. Les mots nomment les choses et les êtres. L'humanité n'est composée ni d'hommes, ni de femmes, mais de femmes et d'hommes qui s'aiment, ne peuvent vivre les uns sans les autres et font, ensemble, de petits humains des deux sexes à qui il importe d'apprendre que jamais, au grand jamais, l'humanité n'a été composée que d'un seul sexe.
J'espère que, amoureux de la langue et de la réalité puissante des choses, vous ferez tout votre possible, en tant que notre représentant, pour que l'ONU baptise sa nouvelle institution « Conseil des droits humains, ou des droits de l'être humain » et non « Conseil des droits de l'homme ».

de Jean-François Debourg, Bourg en Bresse; Ain
J'habite dans une région malheureusement sous les feux de l'actualité; les poulets y reçoivent plus d'attention que les femmes; si enfin les femmes avaient les droits et la jouissance des droits qu'elles méritent, ce serait justice.

d'Eliane Crouzet, Nîmes
J'apprends que l'ONU va remplacer la Commission des droits de l'homme par le Conseil des droits de l'homme.
L'expression traditionnelle « droits de l'homme » exclue les femmes des droits qu'elle entend promouvoir. En effet, pour ne prendre que cet exemple, le suffrage dit « universel » a écarté les femmes de ce droit jusqu'en 1945 en France.
Je sais que l'expression « human rignts » n' a pas fait mieux pour les femmes des pays anglophones, qui ont cependant accédé à la citoyenneté avant les françaises.
Toutefois lorsqu'on fait des explications de textes, à l'école, on s'aperçoit que le choix des mots véhicule des concepts, choix délibérés par leurs auteurs, reçus souvent à leur insu par ceux qui les lisent et les emploient ensuite.
En l'occurrence, le concept porté par l'expression « droits de l'homme » est la négation des droits des femmes, au point qu'elles ont été obligées de s'organiser en association pour faire connaître l'injustice dont elles étaient victimes dans tous les aspects de leur vie : familiale, économique, culturelle, civique, en tant que justiciables…
Je sais que le simple fait de décider que dorénavant on ne parlera plus des droits de l'homme, mais des droits humains ne suffira pas pour faire disparaître les inégalités, les injustices, les dénis de justice qu'elles subissent quotidiennement, mais ce serait un petit pas sur le chemin vers d'autres conceptions de l'humanitude, vers d'autres respects envers la moitié de l'humanité qu'on dit faible pour pouvoir la dominer au prétexte de la soi-disant protéger.
Les femmes sont différentes des hommes mais pas inférieures et doivent être considérées comme des êtres humains aussi humains que les hommes.
C'est pourquoi j'ose vous demander instamment d'user de votre pouvoir pour que l'expression « droits de l'homme », avec ou sans majuscule, soit dorénavant remplacée par celle de « droits humains » dans tous les textes officiels.
On a su remplacer l'autorité paternelle par l'autorité parentale, et bien d'autres expressions qui faisaient partie du vocabulaire administratif, il n'y a donc pas de raison pour ne pas imposer cette modification là.

de Yolande Lambert
J'apprends que l'ONU, pour remplacer la Commission des droits de l'homme, va créer le Conseil des droits de l'homme.
Je souhaiterais que soient pris en compte les droits des Femmes dans cette nouvelle dénomination : en effet, beaucoup de femmes ne se sentent pas représentées par le mot "homme", ce mot masculin étant faussement présenté comme un neutre.
Je propose que le terme Droits humains soit adopté comme le fait déjà AMNESTY INTERNATIONAL.
Cette suggestion honorerait notre pays dont la tradition reste attachée à la défense des libertés et des Droits fondamentaux.
Je vous demande donc que la France change ce nom en « Conseil des droits humains »pour que dans la devise inscrite au fronton de notre République "Egalité" ne reste pas lettre morte.

d'Annick Boisset
Plus de deux siècles sont passés depuis la Déclaration des Droits de l'Homme de1989.
L'expression "Droits de l'Homme", qui a consacré historiquement la grandeur de la France au dix-huitième siècle, est devenue inadéquate voire archaïque, car les femmes en sont exclues.
L'ONU, pour remplacer la commission des "droits de l'homme", s'apprête à créer le conseil des "droits de l'homme".
Je vous demande de changer cette expression en "DROITS HUMAINS ", appellation qui rend mieux compte de la place incontournable des femmes dans une démocratie digne de ce nom.

d'Emmanuel Grenier
J'apprends que l'ONU, pour remplacer la Commission des droits de l'homme, va créer le Conseil des droits de l'homme. À nouvel organisme, nouvelle dénomination ! Je vous demande que la France change ce nom en « Conseil des droits humains ». L'expression traditionnelle « droits de l'homme » est ambiguë, et les femmes peuvent s'en sentir exclues. Avec le réseau "Encore féministes !", je vous demande de prendre en compte l'évolution de la langue et de rendre visible l'idéal humaniste en adoptant l'expression droits humains.
Après la rupture courageuse de votre discours du Vel d'hiv, reconnaissant les responsabilités de l'Etat français et sa collaboration à la Shoah, je vous invite à opérer de nouveau une rupture.
Rupture avec la tradition machiste du radical-socialisme à la française, que l'on retrouve régulièrement, des insultes lancées à Simone Veil, lors du débat sur sa loi, aux réactions des éléphants du PS à l'annonce à mots couverts de la candidature de Ségolène Royal.
Utiliser l'expression "droits humains" au lieu de "droits de l'homme" serait une telle rupture, un signal envoyé au pays. Ceci viendrait en plus des arguments philologiques développés par ailleurs, qui légitiment déjà à eux-seuls l'utilisation de la formulation "droits humains".
Je vous adresse mes respectueuses salutations et compte sur votre sens politique pour une intervention en ce sens à l'ONU.

de Sylvie Debras, journaliste, linguiste, docteure en sciences de l'information et de la communication.
En français le mot "homme" a ceci de particulier que, selon les cas, il exclut ou inclut les femmes. "Un homme sur deux est une femme" : cette phrase montre bien l'ambiguïté du français lorsqu'il s'agit de parler des femmes et des hommes. Cela vient évidemment du fait que le mot "homme" représente à la fois "les humains" et le genre masculin, les hommes étant la norme, le standard, et les femmes un groupe spécifique, hors norme (voir les travaux sur le genre de Colette Guillaumin, chercheuse au CNRS).
Ainsi, la déclaration des Droits de l'homme et du citoyen excluait en partie les femmes. D'ailleurs Olympe de Gouges, pour avoir écrit une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, a été guillotinée en 1793 (enceinte, pour la petite histoire).
Aujourd'hui, pour que les droits de "l'homme" incluent sans ambiguïté ceux des femmes, je vous demande instamment de bien vouloir faire remplacer, dans toutes ses occurrences, l'expression "droits de l'homme" par "droits humains".

de Nathalie (Toulouse)
L'expression traditionnelle « droits de l'homme » est ambiguë, et les
femmes peuvent s'en sentir exclues. Combien de fois ai-je vus mes amis
interloqués quand je prononçais cette phrase: "moi aussi en tant
qu'homme ....". Il ne leur semblait pas logique qu'en tant que femme je
puisse m'identifier à un homme, et dire "je suis un homme". Et pourtant
d'un autre côté, on me demande de me sentir incluse à chaque fois que
l'on dit "homme" au lieu d'"être humain" ou "personne". Le terme
"homme" (avec un grand H, dit-on, et pourtant ce grand H apparaît très
peu dans les faits) est-il si universaliste et si neutre qu'on veut bien
le dire? La formulation "droits de l'homme et du citoyen" de 1789 n'a
pas été conçue comme universalisante puisque les femmes en étaient
exclues. Pourquoi en rester à des dénominations historiquement connotées et porteuses d'exclusion, alors qu'il existe une formulation plus
simple, plus claire et plus englobante?
Avec le réseau "Encore féministes !", je vous demande de prendre en
compte l'évolution de la langue et de rendre visible l'idéal humaniste
en adoptant l'expression droits humains.

de Dominique Raffin
Pourquoi adopter "Droits Humains"... mais pourquoi tout aussi bien conserver "Droits de l'Homme" ? Pourquoi différer la clarté, la lumière, une dénomination adaptée que chacun, chacune en France pourra comprendre ? Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement... Les mots jaillis de la gorge du peuple "Droits de l'Homme" ont été transmis de père et mère en enfants, mots vivants en eux, travaillés en eux au cours des siècles, ces mots jaillissent aujourd'hui où se vivent la mixité des écoles, de l'éducation, des l'emploi, de la politique et de la langue "Droits Humains". Porter une langue comme porter un enfant, ce n'est pas reproduire un schéma prédéfini, mais un potentiel, un "devenir", "un avenir". Nous vivons dans un monde de haute technologie et on peut se demander ce qui y motive le recours à une tradition "rassurante" ? Rassurante pour qui ? Pour une certaine élite ? Pour les femmes qui n'obtenaient ni droit de vote ni citoyenneté par ces Droits de l'Homme à l'époque ?
S'agissant des femmes, il est fait preuve d'une infinie patience à observer le temps s'écouler dans un antique sablier, quand toutes les transactions modernes défilent à une vitesse prodigieuse sur des écrans électroniques.
Femmes symbole d'avenir, le langage nous renvoie vers la profondeur des racines où notre nom n'existe pas. Les auteurs, les chanteurs, les politiques inventent du sens, habitent les mots, mais femme, pourtant membre de la "démocratie", nous sommes celle dont-on-ne-peut-pas-dire-le-nom. Sous prétexte de trahir la langue. Je trouve cela insultant au 21e siècle alors que la communication et les échanges nous ont tant apporté.
Quelle magnifique occasion d'offrir au langage la chance de traverser le temps charnellement en chacun et en chacune, et non juste sur le marbre des frontons : franchir ce 21e siècle en portant les droits humains comme un flambeau, vers l'avenir. Un signe fort et un espoir véritablement empreints d'humanisme pour les générations futures...

de Patricia Landry
J'apprends que l'ONU, pour remplacer la Commission des droits de l'homme, va créer le Conseil des droits de l'homme.
Il semble donc que le moment soit opportun pour envisager une nouvelle dénomination de ce Conseil. et proposer celui de « Conseil des droits humains ».
En effet, l'expression traditionnelle « droits de l'homme » est ambigüe, l'égalité entre les sexes étant encore loin d'être une réalité dans la pratique, même si elle est prônée sur le plan théorique et légal, lever cette ambiguïté serait un acte fort dont la porté serait sans doute loin d'être négligeable.
Avec le réseau "Encore féministes !", je vous demande donc de bien vouloir appuyer cette demande pour prendre en compte l'évolution de la langue et rendre visible l'idéal humaniste sous-jacent en adoptant l'expression droits humains.

de Xavière Gauthier
Depuis lontemps, j'attends l'occasion de signifier qu'il est scandaleux que les droits de l'homme désignent les droits des femmes, aussi. Aussi j'envoie immédiatement une lettre au président de la république. Mais la question est beaucoup plus vaste. On ne devrait pas avoir le droit de dire qu'il y a "tant de milliard d'hommes sur la planète". (Les hommes seraient-ils satisfaits si on disait qu'il y a tant de milliards de femmes sur la planète, eux compris?!) Il s'agit d'êtres humains. Il faut réserver le mot homme au sexe masculin. C'est essentiel pour que nous existions par nous-mêmes

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22 avril 2006

Nous avons été nombreux à écrire au Président de la République française pour lui demander que la France modifie sa position officielle au sujet de la dénomination du nouvel organisme de l'ONU, et adopte l'expression droits humains pour traduire human rights. Je l'ai fait au nom de notre réseau le 16 février 2006.

Pas de réponse.

Seule Benoîte Groult a reçu d'une chargée de mission un accusé de réception daté du 23 février. « Le Président de la République est particulièrement attentif à tout ce qui peut faire avancer le droit des femmes et a pris très bonne note de votre proposition (…) »

En mars 2006, l'ONU a institué son nouveau Conseil, et son nom officiel en français est Conseil des droits de l'homme.

Néanmoins, l'expression droits humains est de plus en plus utilisée dans les médias. Cela correspond à une évolution de l'usage, droits de l'homme étant ressenti par les francophones comme une formule historique, liée à la fameuse Déclaration mais qui n'est plus adaptée à la réalité d'aujourd'hui.

L'éminent linguiste Alain Rey, directeur des Dictionnaires Robert et membre de notre réseau, a confirmé publiquement qu'il approuvait notre démarche.

À noter : le statut de l'adjectif humains dans l'expression droits humains est celui d'une épithète par transfert, cas fréquent dans notre langue ; un autre exemple est grammaire française, au lieu de grammaire de la langue française.

Depuis longtemps, d'autres pays francophones emploient couramment et officiellement l'expression droits humains.
Ainsi, l'article du Monde (17 mars 2006) qui annonce la création du nouvel organisme de l'ONU cite-t-il Peter Maurer, ambassadeur de Suisse, qui utilise l'expression droits humains dans son intervention officielle.

En dépit de la dénomination imposée par la France, Micheline Calmy-Rey, conseillère fédérale suisse et cheffe du Département fédéral des affaires étrangères (équivalent de ministre des affaires étrangères), nomme ce conseil Conseil des droits humains. Elle a déclaré que « la discrimination contre les femmes est la plus importante forme d'aliénation dans le monde », et elle a annoncé que la diplomatie suisse n'utiliserait plus l'expression, qu'elle juge sexiste, droits de l'homme.

Le français appartient aux personnes qui l'emploient et qui le font évoluer. Les dictionnaires ne font qu'enregistrer l'usage.

À bonnes entendeuses*, salut !

* ce féminin pluriel embrasse les hommes