Encore feministes !

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Action n°27 - 6 octobre 2005
NON aux hostilités machistes !

 

Ségolène Royal a été quatre fois ministre, entre 1992 et 2002. Elle est députée depuis 1988, et elle est la seule femme à présider un conseil régional. Elle annonce qu'elle envisage d'être candidate à l'investiture du parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2007.
Avec son compagnon François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, elle a quatre enfants, dont la dernière a 13 ans.
À l'annonce de sa candidature, Laurent Fabius, lui aussi candidat à l'investiture socialiste, a réagi par un « Qui gardera les enfants ? », d'un sexisme inacceptable. D'autres hommes politiques socialistes ont eux aussi réagi de manière sexiste à la déclaration de Ségolène Royal, ainsi que des journalistes (notamment Mathieu Lindon, dans Libération du 1er octobre 2005)

Souvenez-vous…
1974 : Simone Veil, ministre de la Santé, est insultée publiquement par des députés quand elle défend la loi libéralisant l'avortement.
1991 : des hommes politiques se déchaînent avec machisme contre la Première ministre Edith Cresson, première femme à accéder à ce poste.
1999 : après le saccage (resté impuni) de son bureau, la ministre de l'Environnement Dominique Voynet est insultée publiquement au Salon de l'agriculture. Le mouvement des Chiennes de garde est alors lancé par Florence Montreynaud : signé par des milliers de personnes, le manifeste « Halte à la violence sexiste ! », affirme la solidarité de féministes avec des femmes insultées en public de manière sexiste.

À l'approche de l'élection présidentielle, voilà que les hostilités machistes recommencent !

Le réseau "Encore féministes !", avec les Chiennes de garde et le réseau Ruptures, demande aux hommes politiques auteurs de propos sexistes au sujet de la candidature de Ségolène Royal de présenter publiquement des excuses.
Nous demandons à la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) d'intervenir officiellement pour que cessent ces manifestations de discrimination sexiste à l'encontre de femmes politiques.

Adresse de la HALDE : 11 rue Saint Georges 75009 Paris
Pour envoyer un courriel à Laurent Fabius
et à Ségolène Royal

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LETTRES DE MEMBRES DU RÉSEAU "ENCORE FÉMINISTES !"

de Karin LAFONT
J'aimerais que vous me précisiez si votre date de naissance commence par 19 ou 18.
En effet, votre question "Qui va garder les enfants ?" relative à la candidature de Mme Ségolène Royal est non seulement véritablement insultante - particulièrement venant d'une personnalité dite "de gauche" - mais d'un autre âge.
Je pense que vous avez oublié :
- que les enfants ont la plupart du temps, non seulement une mère, mais un père, et que l'époque du "papa lit et maman coud" est révolue. Maman peut garder les enfants, Papa aussi, dans la mesure où il a, vous en conviendrez, quelque responsabilité dans leur venue au monde;
- que les enfants ont aussi des grands-parents, oncles et tantes;
- qu'il existe des baby-sitters, nounous, et autres modes de garde pour les parents (hommes ou femmes) qui pensent pouvoir faire autre chose de leur vie que de pouponner non-stop;
- enfin, qu'à partir d'un certain âge, les enfants sont susceptibles de se garder tous seuls.
Je suis navrée de ces paroles épouvantables, indignes dans une nation supposée moderne et éclairée. Elles jettent le discrédit sur l'idéal de respect humain et de justice de la gauche.
Avez-vous prévu de vous excuser, tant auprès de Mme Royal, qu'auprès des femmes ne restant pas au foyer ?
Karin LAFONT (mère de 2 enfants qui se gardent maintenant seuls, ancienne employeuse de baby-sitters et nounou)

Du Mouvement Jeunes Femmes agréé d'Education Populaire le 24/04/05
202, avenue Gambetta 81000 ALBI
Lettre adressée à Messieur Charasse, Emmanuelli, Fabius, Lang, Mélanchon
Objet : réaction à vos propos sexistes face à l'éventuelle candidature d'une femme à l'élection présidentielle.
Comment pouvez -vous croire que vous pourrez vous présenter aux élections en homme de progrès, alors que vous êtes incapable de contenir vos réactions machistes du fonds des âges ?
Comment pouvez vous croire que vous représenteriez les citoyens français en humiliant 52% d'entre eux qui sont des femmes ?
Comment pouvez vous croire que les électeurs vous feront confiance, alors que par votre comportement, vous piétinez les lois sur l'égalité homme-femme ?
Veuillez agréer, Monsieur , l'expression de notre profonde humiliation.
Pour le Mouvement, la présidente
Annie Ségura-Daudé

de Marie-Ange Charbonnel-Filippi
Monsieur, visiblement vous ne vous êtes pas aperçu que les femmes avait le droit de sortir dans la rue et de travailler ailleurs que dans leur cuisine. Je conçois que cette nouvelle soit un grand choc pour vous après avoir entendu votre réflexion sur l'annonce de la possibilité de la candidature de Ségolène Royal à l'élection de 2007. Nul doute que votre ' besoin vital de progrès' vous fera réfléchir. Pour vous aider je vous conseille vivement de vous rendre à Londres où une exposition très pédagogique vient d'ouvrir 'What women want'.
j'attends avec impatience du progrès dans ce que vous pensez être de l'humour.

d'Eliane Fiolet
Je vous écris car je suis extrêmement choquée d'apprendre que Laurent Fabius a fait une déclaration extrêmement sexiste :
Ségolène Royal a été quatre fois ministre, entre 1992 et 2002. Elle est députée depuis 1988, et elle est la seule femme à présider un conseil régional. Elle annonce qu'elle envisage d?être candidate à l'investiture du parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2007.
Avec son compagnon François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, elle a quatre enfants, dont la dernière a 13 ans.
À l'annonce de sa candidature, Laurent Fabius, lui aussi candidat à l'investiture socialiste, a réagi par un « Qui gardera les enfants ? », d'un sexisme inacceptable.
Cette déclaration est inacceptable d'autant plus pour un représentant de l'Etat français.
Je rappelle que l'égalité entre les citoyens fait partie du préambule de la constitution française et que Laurent Fabius par ces mots vient de la déshonorer.
Il est regrettable de constater qu'un élu socialiste, pourtant pressenti ordinairement moins sectaire en matière de droit des femmes, ait des mots d'un conservatisme aussi archaïque et digne d'un Jean Marie Le Pen.
Je vais engager une action devant la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) pour que cessent ces manifestations de discrimination sexiste à l'encontre de femmes politiques.
Une campagne a été lancée récemment (dont je n'approuve pas le style) à l'adresse des adolescents pour inciter les jeunes garçons à respecter les filles, les élus se doivent donc de montrer le bon exemple, il semble que cela soit peine perdue même au 3e millénaire...
Sans mes salutations

de Bernadette Cornet
Devrons-nous nous battre éternellement contre ce machisme omniprésent ou viendra-t-il un jour où nous serons enfin acceptées dans toutes les sphères de la société à part égale et enfin "respectées" ?
En attendant, restons vigilantes et soyons solidaires !

de Claire Bonneville
Réponse à Mathieu Lindon suite à l'article paru dans Libération du 1er octobre 2005
Oups, quelle rage vous tient, monsieur Lindon, envers la femme qui se présente et rend votre plume si rude (de fer ?) qu'elle ne peut s'empêcher d'écorcher la mère et femme politique qu'est S. Royal?
Il est vrai que l'on voit rarement les hommes politiques mettre en avant leur rôle de père. C'est peut-être parce que leur conjointe se consacre corps et âme à leur famille et à la carrière de leur cher et (?) tendre. Il est vrai aussi que Ségolène Royal a pour compagnon un homme qui poursuit lui aussi carrière. En ce sens elle et son compagnon se partagent sans doute la gestion du foyer et l'éducation des enfants à part équitable. Quant à lui il ne revendique pas sa masculinité (?) par sa paternité. Ce qui arrivera peut-être dans une autre ère...quand les hommes gagneront moins que les femmes à compétences égales, que leur carrière sera trouée de congé paternité ou qu'ils travailleront à temps partiel pour « garder » les enfants le mercredi ?
Si madame Royal a fait de sa féminité son arme politique, il semble que le premier tribut en soit le fait qu'on l'appelle par son prénom alors qu'elle porte un nom de famille qui n'est justement pas celui de son compagnon. Je ne doute pas que les acteurs politiques s'interpellent par leur prénom, mais je m'étonne que les journalistes donnent la préférence à la nommer : Ségolène et non : madame Royal. Peut-on y voir une misogynie rampante? Je n'ai pas de réponse, Mathieu!
Familiarité est-elle manque de respect, Mathieu?
Qu'elle se présente et soit élue ou pas autorise-t-il à :"Lui parler de garde d'enfants si son ambition idéologique semble être de garder les enfants,..." elle fait carrière politique ! Non. Et vous le dites vous même :"..tous les enfants, pas seulement les siens." aussi la boutade pas si affreuse que ça, il faut bien le reconnaître "Qui gardera les enfants?" de Laurent, ne mérite pas qu'on en remette une "couche" dont le fondement quant à lui repose sur une antipathie certaine que je vous reconnais le droit d'exprimer, mais aussi sur une misogynie que je me reconnais le droit de signaler..
Sans rancune.

de Florence CARESSA
Vous avez publiquement dit au sujet de Ségolène Royal, lorsque vous avez appris qu'elle se présenterait peut-être à la présidentielle : "Mais qui va garder les enfants ?". Vous avez certainement voulu faire de l'humour, mais je trouve que cet humour est fort mal placé. Vous ironisez sur le femme et non sur la personne politique, comme si cela était par définition indissociable.
Auriez-vous eu la même audace ou la même lâcheté face à François Miterrand en ironisant non sur l'homme politique, mais sur l'être bigame qu'il était ?
Je vous demande de présenter des excuses publiques à Mme Royal et à toutes les femmes dont moi, qui se sont senties encore une fois atteintes par cette forme de machisme.

de Véronique Jourde
j'ai appris par le réseau "Encore féministe !" les commentaires sexistes que vous avez faits lors de l'annonce par Mme S. Royal de sa candidature à
l'investiture du PS pour 2007, et je les ai trouvés lamentables. Je souhaite vivement que vous présentiez des excuses publiques.
Croyez-vous que les attaques personnelles et sexistes soient de nature à relever le niveau du débat politique et à donner aux électeurs et électrices
l'envie d'y participer ?
Je trouve cela d'autant plus décevant de la part d'un homme politique qui a su par sa position courageuse lors du débat sur la constitution redonner espoir à toute une partie du peuple de gauche. Je pense que la gauche se doit d'être à la pointe de la lutte contre le machisme et les discriminations sexuelles.
Dans l'attente de votre réponse publique, je vous prie de croire à ma vigilance citoyenne.

de Sylvie Chaussée
Vous avez récemment réagi à l'annonce de la candidature de Madame Ségolène Royal à l'élection présidentielle de 2007 par la remarque suivante : « Qui gardera les enfants ? ».
Si (ce que je ne souhaite plus), vous étiez par hasard élu aux plus hautes fonctions de l'État en 2007, entameriez-vous le premier sommet franco-allemand avec la nouvelle Chancelière Angela Merkel par cette même question d'une grande finesse ? Cela nous promettrait de belles relations diplomatiques !
Je tremble à l'idée de ce que vous auriez pu demander à un/e candidat/e d'origine africaine ou magrébine. Sans doute : « Mais qui donc va ramasser les poubelles ? » ou « Et qui va balayer nos rues ? ».
Sur votre site Internet (à la page même où je suis en train de laisser ce message), vous revendiquez votre « attachement à l'égalité » et le proclamez comme votre « boussole ». Je crains que vous n'ayez perdu cette boussole, puisque pour vous l'attachement à l'égalité ne résiste pas même à la différence des genres !
L'insondable sottise et le répugnant mépris de votre remarque ne fait pas honneur à la classe politique que vous représentez. Une réflexion d'une telle bassesse est en outre totalement indigne d'un ex « Premier ministre de la France » et d'un potentiel candidat à l'élection présidentielle.
A ce sujet, il semble utile de vous rappeler que la France est composée à plus de 51 % de femmes, et que toutes, ne vous en déplaise, ne se cantonnent pas à une vocation de bonne d'enfants. Il se pourrait même que certaines d'entre elles soient des électrices !
Le jour où vous avez cru malin de lâcher cette remarque, vous avez perdu au moins deux choses :
- l'occasion de vous taire
- ma voix d'électrice de gauche.
Ségolène, Présidente !

de Jean-François Debourg,
Vous avez tenu des propos machistes envers Ségolène Royal. Au 21ème siècle, ce n'est plus admissible. Pour un candidat à la présidence de la république française, c'est impardonnable. Je ne voterai donc pas pour vous en 2007. Je vous rassure tout de suite; je ne fais pas de souci pour le PS; il y a une candidate qui a fait ses preuves et que l'on attend avec le plus grand espoir pour assurer la plus haute fonction de l'État français. Je compte sur elle pour venir à bout de la dernière forteresse française : le sexisme.
Trop tard!
Jean-François Debourg,
Bourg en Bresse,
Signataire et militant des mouvements La Meute et Encore Féministe.
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à Ségolène Royal
Je suis militant au réseau Encore Féministes, mouvement créé et emmené par Florence Montreynaud. Je tiens à vous apporter mon soutien et mon vote aux deux tours de l'éléction présidentielle de 2007. J'espère que vous continuerez à faire peur aux machistes, Laurent Fabius en particulier suite à des propos intolérables dans Libération. Je me souviens de votre action pour lutter contre les humiliations faites aux personnes (bizutage); j'ai apprécié. J'espère que vous viendrez à bout de la dernière forteresse: le sexisme.
Merci madame d'être là,
Jean-François Debourg,
Bourg en Bresse,
Signataire et militant des mouvements La Meute et Encore Féministes ; signataire des Chiennes De Garde, Ni putes Ni soumises, pétition pour l'abolition de la prostitution.

de Mme D. Raffin
Vos propos à l'annonce de la candidature de Ségolène Royal ne sont pas à
votre honneur, ni en tant que personnalité politique, ni en tant qu'homme.
L'on nous répète qu'il faut "être citoyen", les jeunes doivent se sentir "citoyens", il faut avoir "le geste citoyen", etc. ce que je trouve très bien.
Mais que signifie citoyen ? Vous êtes, en tant que politique, un "super-citoyen", un citoyen d'envergure et vos mots ont une certaine portée. A travers votre expression, je me demande : les femmes font-elles partie de la "Cité" ? Ou n'y sont-elles admises que selon des codes établis par une assemblée masculine soucieuse de ses avantages et non du bien commun ? La politique est-elle une zone de non-droit où les femmes sont ridiculisées, maintenant que les luttes féministes leur ont obtenu droit de vote, éligibilité, puis parité ?
Et quand vous vous adressez aux Françaises, dont je suis, qu'avez-vous en
tête, Monsieur Fabius ? Qui gardera mes enfants le jour des élections, lorsque peut-être on me proposera de dépouiller les enveloppes du scrutin ? 21e siècle... y sommes-nous vraiment ?!
Merci de votre attention et de votre réflexion à ce sujet.
Salutations,
Mme D. Raffin
(avec courrier à la Halde - 11 rue Saint Georges 75009 Paris - au titre de
discrimination sexiste)

De Fernand Yasse
Rassurez-vous, je ne suis pas français et vous ne risquez donc pas de perdre ma voix aux prochaines élections.
En tant qu'homme de gauche mais aussi en tant que simple citoyen, je ne peux que déplorer votre réaction lors de l'annonce de la pré-candidature de Mme Royal à l'investiture présidentielle.
Si "votre boussole et votre cap, c'est l'attachement à l'égalité", je ne comprends pas que vous ayez pu tenir les propos que l'on vous prête.
Ils révèlent non seulement un machisme primaire mais aussi une goujaterie indignes d'un homme d'Etat.
Ce qui est rassurant, c'est que vous partagez cette attitude rétrograde avec d'autres grands hommes tels Jack Lang et Henri Emmanuelli. Au pays des sots, vous n'êtes pas tout seul.
Si je me permets de vous adresser ce message, c'est en tant que citoyen européen. Il ne m'est pas particulièrement agréable que vous puissiez un jour vous asseoir à la table du Conseil européen et influencer négativement le cadre de vie de nos concitoyens.
De grâce, si vous voulez "recréer l'espoir", taisez-vous et retournez à vos chères études.

De Thérèse Moreau
Je me demande bien sur quelle planète vous vivez et si vous connaissez les lois que vous et vos collègues, ont votées, votent, vont voter. Ne rien avoir à dire sur la candidature d'une de vos camarades (ou est-ce là encore un terme réservé aux hommes) si ce n'est «qui gardera les enfants» fait preuve de votre étroitesse d'esprit. Le patriarcat est mort, il a été enterré par des gouvernements dont vous étiez parfois. Sachez donc que les femmes, qu'elles gardent ou non les enfants, qu'elles en aient ou non, voteront pour un-e autre candidat-e que vous. Je sais désormais contre qui je ferai campagne. Avec mes sentiments les plus féministes.

De Eva
Personnellement, je me moque de "qui gardera les enfants". En tout cas, au vu de ce genre de crapaudailles méprisantes, une chose est sûre, je me garderai bien de vous donner mon vote. Et je suis très loin d'être la seule... Une phrase aussi arriérée ne peut que sortir de la bouche d'un homme qui ne vit pas dans son époque, et en politique ce genre de personnes est inutile, voire nuisible au bien-être de tous et de toutes (car on est bien d'accord hein ! les femmes ça existe aussi !) C'est assez croustillant d'entendre un rétrograde parler de construire l'avenir, c'est assez comique d'entendre quelqu'un qui a la nostalgie de la bobonne parler de solidarité et de lutte contre la précarité ! Continuez ainsi... c'est divertissant à défaut d'être intelligent.



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Réponse signée de Laurent Fabius, envoyée le 10 octobre par courriel

J'ai bien reçu votre message et je partage votre indignation contre toute forme de sexisme. Le sexisme est une attitude méprisable et totalement condamnable.
Par mon action politique, j'ai toujours œuvré pour la cause des femmes et notamment leur participation à la vie politique. L'égalité entre les femmes et les hommes est un objectif auquel je suis extrêmement attaché.
Les défenseurs du droit des femmes se souviennent que j'étais Premier Ministre lorsqu'en 1985 fut voté la loi qui établissait enfin l'égalité des époux dans la gestion des biens de la famille et dans l'autorité parentale. Cette même année, à mon instigation, les sanctions prévues en matière d'agissements discriminatoires furent étendues aux discriminations fondées sur le sexe et la situation de famille.
Aujourd'hui, lorsque nous parlons de discrimination à l'égard des femmes, nous nous situons toujours dans le cadre de cette loi. Grâce à elle, les mentalités ont commencé à évoluer.

Depuis, mon engagement ne s'est jamais démenti. Je vous invite à prendre connaissance des propositions que nous formulons dans la motion commune « Rassembler à gauche » en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes. Je les joins ci-dessous.
En politique, ce sont les actes qui comptent. Pas les rumeurs colportées et déformées. Je pense que vous en conviendrez.
Bien cordialement,
Laurent Fabius.

Extraits de la motion « Rassembler à gauche » :
« Dans notre politique de l'emploi, priorité sera accordée aux exclus du marché du travail, les plus jeunes et les plus âgés, ainsi qu'à l'amélioration de la situation des femmes, encore fortement discriminées. [..] L'accès des femmes à la formation professionnelle sera amélioré ; les sanctions pour non-respect des lois sur l'égalité seront renforcées. »
« La mixité dans les lieux publics doit être réaffirmée. En effet, sous la pression des intégrismes, la mixité gagnée par les luttes émancipatrices est attaquée jusque dans la sphère publique : nous soutiendrons toutes celles et ceux qui se battent pour les droits des femmes, l'égalité des sexes et contre toutes les formes de violence. »
« Malgré l'évolution des 50 dernières années en matière d'égalité hommes-femmes, les résultats ne sont toujours pas à la hauteur des ambitions. Qu'il s'agisse de l'emploi, de la parité politique, de la persistance des violences spécifiques ou de l'emprise des intégrismes, les femmes constatent toujours que le poids des inégalités et des discriminations est lourd. Nous devrons relever de nouveaux défis pour l'égalité en actes : favoriser l'accès des femmes à la formation professionnelle ; mettre en place des indicateurs sexués des politiques publiques assortis d'objectifs d'égalité ; renforcer les sanctions pour non-respect des lois sur l'égalité salariale et l'égalité professionnelle ; pénaliser financièrement le travail à temps partiel contraint. Pour accompagner les avancées législatives, le Parti socialiste doit retrouver son rôle d'éducation populaire et investir pleinement le champ de la bataille culturelle contre le sexisme. Il doit aussi être exemplaire dans la mise en oeuvre de la parité politique. »
« Innovation importante, la composition du gouvernement et des exécutifs locaux devra strictement respecter la parité hommes-femmes. »

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Communiqué de "Encore féministes !", 14 octobre 2005

Le réseau "Encore féministes !" a demandé le 6 octobre à Laurent Fabius de faire des excuses après sa remarque machiste à l'égard de Ségolène Royal (« Mais qui va garder les enfants ? »), qui tend aussi à culpabiliser toutes les mères.
Les membres qui lui ont écrit ont reçu en réponse le 10 octobre un courriel signé de son nom dans lequel sont énumérées les avancées réalisées par son gouvernement, il y a vingt ans, à l'époque où il était Premier ministre. Laurent Fabius espère ainsi démontrer son engagement passé pour la cause des femmes. De même, en citant des extraits de la motion qu'il présentera au prochain congrès du Parti socialiste, il pense donner des garanties pour le futur.
Quant au présent, pas d'excuses pour ses propos : il se contente d'écrire que ce sont « des rumeurs colportées et déformées ». Pourtant, le 11 septembre, sur Canal+, il a reconnu qu'il avait eu « des paroles malheureuses ».


Si la première déclaration de Ségolène Royal déclenche des réactions machistes dans son propre parti, cela augure-t-il de la tonalité, de la violence, ou de la pauvreté des arguments susceptibles d'être utilisés par des candidats lors de la campagne pour l'élection présidentielle ?

Le réseau "Encore féministes !" déclare :
Non, tous les coups ne sont pas permis en politique !
Non, les propos sexistes publics ne sont pas acceptables.

Nous attendons des candidats qui aspirent à de telles responsabilités qu'ils respectent leurs électrices et électeurs, ainsi que leurs adversaires, femmes et hommes.
Nous, féministes, veillerons plus spécialement à ce que des femmes politiques puissent s'exprimer sans être agressées de manière machiste.
À bons entendeurs, salut et adelphité !

Nous avons demandé à la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) d'intervenir officiellement pour que cessent les manifestations de discrimination sexiste à l'encontre de femmes politiques.

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La HALDE a accusé réception de notre lettre par une réponse du 25 octobre 2005, de Marc Dubourdieu, directeur général, qui ajoute :
« Soyez assurée que la Haute Autorité est vigilante, dans le cadre de ses attributions, à la lutte contre les discriminations qui pourraient être liées au sexisme. »
Nous voilà assuré-es et rassuré-es !