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Lettre ouverte à M. François Busnel, directeur de la rédaction de Lire
Monsieur,
« Il est permis de violer lhistoire, à condition de lui faire un enfant », écrivez-vous dans votre éditorial de Lire*, en citant Alexandre Dumas. Vous assimilez donc lhistoire à une femme quon peut violer, et un livre à lenfant résultant de ce viol.
Cette phrase de Dumas a peut-être pu passer pour un trait desprit au 19e siècle. Aujourdhui, en France, où la loi de 1980 définit le viol comme un crime, elle est dun machisme insupportable. En particulier pour tous ceux qui gardent le souvenir des femmes violées, dans lex-Yougoslavie ou au Rwanda, contraintes à mener leur grossesse à terme et accouchant dans le désespoir !
Je ne peux imaginer que vous ayez voulu justifier un acte dune telle violence. Avec le réseau "Encore féministes !", je vous demande déviter désormais de banaliser ainsi le mot viol.
(Signez en indiquant vos prénom, nom et adresse)
*numéro de lété 2005. Vous pouvez lire ce texte sur le site http://www.lire.fr/critique.asp/idC=48875/idTC=3/idR=218/idG=3
Je vous propose de vous inspirer de ce texte ou de le copier et de lenvoyer à M. François Busnel, directeur de la rédaction de Lire :
par courriel : fbusnel@lire.fr
par la poste : Lire 17 rue de l Arrivée 75733 Paris Cedex 15
par fax : 01 53 91 17 04
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Le jour où était lancée cette action, paraissait dans Le Monde une interview de lactrice Claudia Cardinale à propos de son rôle dans La Fille à la valise, film de Valerio Zurlini. En voici un extrait:
« (
) je m'identifiais totalement au personnage. Cette scène me mettait au bord du vide, j'ai eu un mal fou à la tourner, et encore aujourd'hui j'ai du mal à la revoir, parce qu'elle me ramène à un épisode de ma vie que l'on m'avait interdit de raconter. Un homme m'a violée quand j'avais 16 ans, j'ai pensé au suicide. J'ai ensuite découvert que j'étais enceinte, et mon producteur, Franco Cristaldi, n'a pas voulu que l'on sache que j'avais un enfant. Mon fils a été présenté comme mon frère. A ce moment-là, j'ai eu l'impression d'avoir vendu mon âme. » Le Monde, 14 juillet 2005.
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Parmi les nombreuses personnes qui ont écrit à François Busnel, plusieurs signataires de "Encore féministes !" ont donné une tournure personnelle à leur message.
Voici leurs courriels :
De Sylvie Chaussée, La Réunion
Monsieur,
« Il est permis de violer lhistoire, à condition de lui faire un enfant », écrivez-vous dans votre éditorial de Lire (numéro de lété 2005) en citant Alexandre Dumas.
Non, il n'est pas permis de violer.
Le viol n'est pas un sujet de plaisanterie et d'humour. Le viol est la destruction d'un être humain, qu'il en résulte ou non un enfant.
L'allégorie de l'histoire n'allège en rien la réalité d'une telle tragédie.
Cette phrase de Dumas a peut-être pu passer pour un trait desprit au 19e siècle. Aujourd'hui, en France, où la loi de 1980 définit le viol comme un crime, elle est d'une violence insoutenable.
En particulier pour tous ceux qui gardent le souvenir des femmes violées, dans lex-Yougoslavie au Rwanda ou ailleurs, contraintes à mener leur grossesse à terme et accouchant dans le désespoir !
J'habite l'île de la Réunion où, hélas, nombreuses sont les mineures abusées sexuellement, enceintes et mères à moins de quinze ans sans l'avoir voulu.
Et sans trouver cela "permis".
Imaginez-vous la vie d'une femme mettant au monde un enfant issu d'un viol ?
Imaginez-vous la vie d'un enfant né d'un viol ?
Non, rien de tout cela n'est permis ! Même au nom de la littérature. Même sous couvert d'un mot d'esprit.
Je suis certaine qu'à aucun moment vous n'avez voulu justifier un acte dune telle violence. C'est pourquoi, avec le réseau "Encore féministes !", je vous demande d'éviter désormais de banaliser ainsi le mot viol.
Merci.
De Rolande Merget (et son mari Georges Heldenbergh), Vitrival (Belgique)
Monsieur,
Votre éditorial du numéro d'été de Lire cite Alexandre Dumas: « Il est permis de violer l'histoire, à condition de lui faire un enfant ».
Mon père, féru d'histoire et né au tout début du siècle dernier, aimait à citer cette phrase. C'était très spirituel et si juste, soulignait-il il y a cinquante ans. Cette phrase me fait horreur aujourd'hui. Nous avons pris conscience de ce qu'elle a d'abominable. Nous et vous aussi, c'est certain, je vous fais ce crédit. Quand on sait les horreurs perpétrées presque sous nos yeux sur des femmes par milliers, en Afrique et en ex-Yougoslavie notamment, femmes obligées de mettre au monde des bébés haïs, on ne peut plus parler comme un homme myope du 19e ou du 20e siècle; quand on sait que les criminels qui violent ces femmes cherchent surtout et d'abord à leur faire un enfant justement, comme dit Dumas, eh bien Monsieur Busnel, on ne peut plus dire ça en souriant comme un fin lettré de jadis.
Aidez les femmes (et les hommes) à sortir de cette barbarie banalisée. Je vous demande de devenir attentif et vigilant comme nous le sommes, pour que le mot viol ne soit plus associé au mot "permis".
De Romy Duhem-Verdière, Paris
Permis de violer ?
« Il est permis de violer lhistoire, affirmait Alexandre Dumas, à condition de lui faire un enfant. »
Ainsi débute le dernier éditorial du magazine Lire (1). De quoi vous ôter lenvie de lire la suite et, surtout, vous donner celle daller jeter au feu les romans de Dumas (2) qui traînent encore dans la bibliothèque familiale.
A la seconde phrase, léditorialiste, jouant sur les termes de la citation - qui assimile lhistoire à une femme, quon aurait le droit de violer, le livre à lenfant du viol - annonce la publication dun roman inédit comme lun de ses "plus beaux enfants". Ainsi Dumas est un violeur (dhistoire), cest-à-dire un écrivain.
Il est choquant que ces notions, devenues synonymes sous la plume dun Dumas, soient ici reprises telles quelles, et quun de nos contemporains (léditorialiste, François Busnel, directeur de la rédaction du magazine) file la métaphore à sa suite, sans la moindre distance critique.
Cette phrase de Dumas a peut-être pu passer pour un trait desprit en un siècle où le mépris des femmes atteignait son comble (3). Elle nest reste pas moins symptomatique de ce mépris : elle est dun machisme aujourdhui insupportable.
Pourquoi choisir, parmi tous les écrits de Dumas, de citer de tels propos, aujourdhui, où notre époque définit heureusement le viol comme un crime (4) ? Bien sûr, romanciers et éditorialistes sen référent moins au code pénal quau dictionnaire, mais il me semblait quils savaient aussi être sensibles à leur temps. Je doute que les lecteurs et lectrices qui connaissent lune des si nombreuses victimes de viol (5) apprécient la réitération de ce "trait desprit" archaïque.
La rédaction de Lire fait-elle si peu de cas du sens des mots et de leur évolution ?
Il eut été plus judicieux de choisir une autre citation. Ou de la citer pour ce quelle est : un exemple de misogynie historique.
Fidèle lectrice de Lire depuis plus de 10 ans, amoureuse des mots, japprécierais que le magazine apporte à sa prochaine publication quelque précision en réponse à mon indignation et évite à lavenir ce genre de "maladresse" rédactionnelle.
Réaction envoyée à la rédaction du magazine, à la suite du réseau Encore Feministes !.
Notes :
(1) Lire, numéro de lété 2005. Vous pouvez lire ce texte sur le site : http://www.lire.fr/critique.asp/idC...
(2) Alexandre Dumas (1802-1870) : Illustre auteur dramatique et romancier français, auteur de nomreux romans dont Les Trois mousquetaires, Le comte de Monte-Cristo, La Reine Margot, Joseph Balsamo...
(3) Le code civil, élaboré au début du XIXème siècle sous linfluence de Napoléon Bonaparte, est un monument de misogynie. Considérées comme mineures, les femmes sont privées de droits juridiques, mises sous tutelle et circonscrites dans lespace domestique. Infériorisées par de nombreux discours, elles sont assignées, au nom de la "nature" à lexclusive fonction maternelle et à "lhonneur de faire des hommes".
(4) Depuis 1980 la loi française apporte une définition précise du viol, crime passible de la Cour dAssises. Incitation au crime (viol, meurtre) et propos sexistes sont également punis par la loi.
(5) Lenquête nationale de grande ampleur menée en 1999 (ENVEFF) indique quau moins 48 000 femmes sont violées chaque année en France.
voir le site : http://romy.tetue.free.fr/article.php3?id_article=255
De Monique Piton, Montmahoux
Avant de parler avec légèreté du viol, pensez aux femmes violées...qui ne s'en remettent jamais et si elles en ont un enfant, elles ne considèrent pas cela comme un bonheur, c'est un enfant certes, mais quel courage il faut pour l'assumer et l'aimer quand même ! ce n'est pas un livre, une production créée dans l'enthousiasme !
De Nicole VINCENT, Nice
Monsieur,
Je reçois à l'instant le courriel de "Encore féministes" concernant votre numéro de l'été 2005.
L'extrait de texte adressé aux sympathisantes de ce mouvement est le suivant : « Il est permis de violer l'histoire, à condition de lui faire un enfant ».
Votre citation est bien mal choisie et ferait passer le grand Alexandre Dumas pour un dangereux négationniste (de la condition féminine).
Vous assimilez donc l'histoire à une femme qu'on peut violer et un livre à l'enfant résultant de ce viol.
C'est tout simplement révoltant et encore plus de la part d'une personne dont l'esprit devrait se situer dans de plus hautes sphères.
On rigole toujours en parlant des femmes...
Cette phrase de Dumas a peut-être pu passer pour un trait d'esprit au 19e siècle. Aujourd'hui, en France, où la loi de 1980 définit le viol comme un crime, elle est d'un machisme insupportable. En particulier pour tous ceux qui gardent le souvenir des femmes violées, dans l'ex-Yougoslavie, au Rwanda, au Soudan, Afghanistan... et dans tous les pays où perdurent les conflits (il faudrait une page pour les citer tous), contraintes à mener leur grossesse à terme et accouchant dans le désespoir !
Je ne peux imaginer que vous ayez voulu justifier un acte d'une telle violence, qu'il vous paraisse banal et même comique.
Avec le réseau "Encore féministes !", je vous demande de faire amende honorable dans votre revue qui méritait mieux et d'éviter désormais de minimiser ainsi cette atrocité qu'est le viol.
De Françoise Hatchuel, Vitry-sur-Seine
Monsieur,
Dans l'éditorial du dernier numéro de Lire, vous déclarez, en citant Alexandre Dumas, qu'« il est permis de violer l'histoire, à condition de lui faire un enfant ». La formule est, certes, intéressante (oui à une certaine violence mais à condition qu'elle soit créatrice) et provocatrice, et elle a pu passer pour un trait d'esprit au 19e siècle, en un temps où les droits des femmes n'étaient pas la préoccupation majeure des salons littéraires. J'osais espérer que nous n'en étions plus là aujourd'hui, et que la réalité et les souffrances du viol, ainsi que le désespoir de femmes violées, dans l'ex-Yougoslavie, au Rwanda ou partout dans le monde, contraintes de mener leur grossesse à terme, l'emporteraient sur le désir de briller grâce à une "petite phrase" habilement tournée. "On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui", disait Pierre Desproges, et je doute que vos lectrices confrontées à la question du viol apprécient énormément la formule.
Pour moi, elle me choque profondément, en laissant entendre qu'un viol n'est pas si grave que cela puisqu'un enfant (ce bien si précieux qui doit suffire à combler une femme...) le réparerait. Elle réussit donc l'exploit, non seulement de banaliser le viol de façon inadmissible (je vous rappelle que le viol est défini comme un crime depuis 1980), mais aussi de rabattre le désir des femmes à un désir d'enfant que seuls les sauveurs-hommes pourraient leur offrir. En une seule ligne, c'est assez réussi comme concentré de machisme....
J'apprécie énormément les qualités littéraires d'Alexandre Dumas, mais elles ne justifient pas de le suivre dans les égarements de son époque. Avec le réseau "Encore féministes !", je vous demande donc un minimum de recul dans l'emploi des citations, en évitant notamment de banaliser ainsi le mot viol.
Salutations féministes
De Marie Ange Le Rochais, auteure illustratrice
Cette manière de banaliser le mot viol est pour moi du même ressort que la banalisation des mots génocide, atrocité... Vous devriez savoir que les mots ont du sens et qu'à les employer à tort et à travers ils en sont vidés. Les femmes violées apprécieront votre envolée "littéraire" que l'on aurait aimé d'un autre âge. Pour un magazine qui prône le plaisir et la bonne utilisation de la langue française c'est plus que dommage ! Il est de votre responsabilité de rectifier le tir.
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La lettre envoyée au nom du réseau "Encore féministes !" a été publiée dans le Courrier des lecteurs (numéro de septembre 2005, p. 6).
Elle est suivie de ce commentaire :
<< La réponse de François Busnel
Chère Florence Montreynaud, À aucun moment, je n'ai voulu « banaliser » le mot viol, bien évidemment, et si l'emploi de cette phrase d'Alexandre Dumas a pu heurter certains et certaines, c'est volontiers que je leur présente mes excuses. Mais votre lettre m'interpelle, comme l'on dit, sur un autre point : j'ai usé d'une figure littéraire que l'on nomme métaphore et je n'ai pas, comme vous l'écrivez, assimilé l'histoire « à une femme qu'on peut violer et un livre à l'enfant résultant de ce viol ». Votre réaction me surprend ; vivons-nous Alphaville [film de Godard], où chaque matin, un mot disparaissait du dictionnaire ? Doit-on expurger Dumas ? Et pourquoi pas tout Faulkner, ainsi que sa petite sur Carson McCullers. Lolita, à interdire encore une fois
Pas trace de provocation, dans cet éditorial et dans cette réponse, mais une invitation à savoir raison garder. Et à ne pas surinterpréter une citation, fût-elle d'un autre temps. >>
NOTRE RÉPONSE
11 septembre 2005
DU VIOL À LA PRISE D'OTAGES
« Permis de violer » (suite)
« Il est permis de violer l'histoire, à condition de lui faire un enfant », a écrit M. Busnel, directeur de la rédaction de Lire, citant Alexandre Dumas ; après la réaction du réseau "Encore féministes !" à cette phrase d'un machisme insupportable, il a présenté des excuses dans le courrier des lecteurs du n° de septembre 2005. Dont acte.
Néanmoins, non content de chercher à se justifier, il prend en otage quelques grands écrivains. En vain : à qui va-t-il faire croire que les féministes voudraient expurger Dumas ou le dictionnaire ? Qu'elles auraient censuré Nabokov, Faulkner ou McCullers, ravalée par lui au rang de «petite sur » du précédent ?
Ces calomnies visent à détourner l'attention de l'essentiel : la phrase de Dumas date d'une époque où le viol n'était pas considéré comme un crime. Nous demandions à M. Busnel de prendre une distance par rapport à la violence machiste de cette métaphore, telle qu'elle est perçue de nos jours.
Les mêmes précautions sont de rigueur quand on cite aujourd'hui des passages antisémites de Shakespeare (Le Marchand de Venise), ou de Balzac ; ou encore des phrases de Platon justifiant l'esclavage. Les utiliser hors de leur contexte, c'est commettre un anachronisme pernicieux.
Le machisme est tout aussi inacceptable que l'antisémitisme ou le racisme. Nous rappelons, avec Benoîte Groult, que « le féminisme n'a jamais tué personne, alors que le machisme tue tous les jours ».
NOUVELLES LETTRES DE MEMBRES DE NOTRE RÉSEAU
De Marie-Noëlle Bas
Il est permis de violer l'histoire, à condition de lui faire un enfant », écrivez-vous, citant Alexandre Dumas ; après la réaction du réseau « Encore féministes! » à cette phrase d'un machisme insupportable, vous avez présenté des excuses dans le courrier des lecteurs du n° de septembre 2005. Dont acte.
Néanmoins, non content de chercher à vous justifier, vous prenez en otage quelques grands écrivains. A qui allez-vous faire croire que les féministes voudraient expurger Dumas ou le dictionnaire ? Qu'elles auraient censuré Nabokov, Faulkner ou McCullers, ravalée par vous au rang de « petite sur » du précédent ?
Ces calomnies visent à détourner l'attention de l'essentiel : la phrase de Dumas date d'une époque où le viol n'était pas considéré comme un crime. Nous vous demandions de prendre une distance par rapport à la violence machiste de cette métaphore, telle qu'elle est perçue de nos jours.
Les mêmes précautions sont de rigueur quand on cite aujourd'hui des passages antisémites de Shakespeare (Le Marchand de Venise), ou de Balzac ; ou encore des phrases de Platon justifiant l'esclavage. Les utiliser hors de leur contexte, c'est commettre un anachronisme pernicieux.
Le machisme est tout aussi inacceptable que l'antisémitisme ou le racisme. Nous rappelons, avec Benoîte Groult, que « le féminisme n'a jamais tué personne, alors que le machisme tue tous les jours ».
Je vous demande donc, en tant que membre du réseau « Encore féministes ! » de prendre votre devoir de défenseur de la langue et de la littérature françaises suffisamment à cur pour éviter les phrases sexistes dans votre magazine.
de Fabienne Chevalier
Monsieur,
Je vous remercie de prendre note que le viol est un crime et que tout écrit le prônant ou le cautionnant est inacceptable.
Vous conviendrez également que le machisme est tout aussi inacceptable que l'antisémitisme, le racisme ou le spécisme.
Et, comme Benoîte Groult, que « le féminisme n'a jamais tué personne, alors que le machisme tue tous les jours ».
de Victorieuse
DANS CETTE PHRASE, JE VOIS :
du sang, des coups, de la pénétration et le fruit que nulle femme ne
peut éviter sans se mutiler.
Ce sont des phrases d'écrivains célèbres que l'on s'approprient avec
perversion.
Nous sommes toutes obligées, nous les victimes, au 21ième siècle de
reprendre chaque insulte mot à mot afin d'expliquer que ce n'était pas
humain de penser et dire de telles horreurs. De faire subir intra muros
la guerre contre les femmes et les filles.
Ce qui serait le rêve aujourd'hui serait d'avoir des éplucheurs de
textes d'écrivains célèbres et de l'expliquer aux élèves dans les classes.
qu'attendez vous Monsieur BUSNEL pour rejoindre les associations. Nous avons des prases aussi qui pourraient vous faire bander.
de Sylvère Labis
On peut citer d'autres "bons mots" scandaleux comme : "Un bon musulman est un musulman mort !" de Radovan Karadzic, ou "Les masses sont féminines" de Adolf Hitler, ainsi que le programme "politique" des trois "K", destinée des femmes selon le même. Mais il vaut mieux le faire avec certaines précautions. Bien sûr, il s'agit de l'histoire et non pas d'une femme, mais la suite entretient une confusion perverse. Et ajoute à la saloperie. Tant de femmes ont subi un usage de leur corps à leur corps défendant, engageant leur destin pour des années sur le caprice d'un bon à rien, tant d'enfants sont nés dans ces conditions
avilissantes, prolongeant à leur tour la chaîne des atrocités, reproduisant à l'infini les conditions de la misère psychologique, détruisant le tissu social, condamnant les êtres humains à des souffrances sans fin.
Au 19ème siècle, à l'époque ce cet écrivain, malgré des luttes très dures et des individues d'un courage difficile à imaginer pour un homme, les femmes étaient considérées et traitées comme des sous hommes et même
comme des animaux. Il est vrai que c'est encore le cas, même en France,
aujourd'hui, mais de façon illégale et clandestine pour certaines
victimes de réseaux mafieux.
La liberté d'expression est essentielle. Mais la liberté consiste-t-elle
à dire et à faire n'importe quoi ? La liberté, la vraie est celle du peuple souverain et du citoyen responsable qui sait ce qu'il fait et pourquoi il le fait. Qui connaît et assume les conséquences de ses actes et paroles. Et qui sait que sa liberté s'arrête où commence celle des autres. Se laisser emporter à des accès d'éloquence en citant des auteurs célêbres amène à provoquer des protestations des nombreuses victimes des faits évoqués. Et ça ne prête pas à rire malgré les réflexes des professionnels de la "Comm" pour qui, plus on proteste, meilleur c'est pour les ventes. J'ose espérer que M.Busnel n'a pas compté sur ces expressions de souffrances par esprit "marketing".
de Liliane Blanc
J'endosse totalement le contenu de cette lettre que vous a fait parvenir "Encore Féministes". Compte tenu des mentalités machistes encore trop insidieusement présentes dans notre société occidentale, cette association de femmes vigilantes a encore, hélas,toute sa raison d'être. S'accrocher de nos jours à de tels propos d'un arrière-arrière grand-père réduit en poussière, qui passaient à son époque pour de bons mots d'esprit, mais étaient empreints de toute la sclérose d'une société poussive, c'est révéler un manque de flair total face à une grande partie de votre lectorat. Hier, Beigbeder qui refuse l'évidence de la féminisation des noms de métiers, aujourd'hui le modèle du vieux Dumas qui traîne encore dans les officines rédactionnelles, il est grand temps de changer de vitesse, vous êtes à la traîne.
Liliane Blanc, écrivainE du Québec, un coin de terre francophone, donc inclus dans votre lectorat.
De Romy Duhem-Verdière
La réponse de François Busnel (parue dans le courrier des lecteurs de Lire, sept.2005, p.6) est surprenante. « Doit-on expurger Dumas ? » s'interroge-t-il, pour finalement nous inviter « à savoir raison garder. Et à ne pas surinterpréter une citation, fût-elle d'un autre temps. »
Entre la citation sortie de son contexte sans aucune distance critique (au risque de sembler cautionner), et la censure ("expurger Dumas" !), n'existe-t-il pas d'autre choix ?
Je suis étonnée qu'un directeur de rédaction estime inutile de prendre la précaution de relativiser, en les replaçant dans leur contexte historique, les passages antisémites du "Marchand de Venise" de Shakespeare, les propos misogynes de Dumas autorisant le viol, ou encore ceux de Platon justifiant l'esclavage, considérant que ce serait là faire preuve de "déraisonnable surinterprétation".
(à suivre
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