Lettre ouverte
aux responsables des salles de spectacles qui programment Bertrand Cantat, tel le Zénith, à Paris, qui l'annonce pour le 7 juin 2018.
aux responsables politiques qui doivent organiser la prévention de la violence conjugale masculine

Vous n'avez pas honte ?

Bertrand Cantat a tué Marie Trintignant en 2003. Il a été condamné à une peine de prison. Il a recouvré la liberté. Il a repris son métier.
Son métier, est-ce de composer des chansons ? Personne ne l'en empêche.
S'il s'agit de chanter sur scène, de répondre à des journalistes, de redevenir un personnage public, c'est différent. Certes, Bertrand Cantat a purgé sa peine. Pour autant, peut-il reprendre sa carrière, redevenir une vedette comme si de rien n'était ? Selon nous, répondre oui, c'est faire preuve d'un mépris cynique envers les proches de Marie Trintignant et aussi envers les victimes de la violence conjugale masculine.
Messieurs les responsables des salles de spectacles, n'avez-vous pas honte de mettre à l'honneur le meurtrier de Marie Trintignant ? N'avez-vous pas honte de faire applaudir un homme qui n'a jamais regretté publiquement son crime ?
Et vous, les responsables politiques ? Marie Trintignant est-elle morte pour rien ? En 2003, vu la célébrité du meurtrier et de sa victime, l'émotion avait été considérable, mais les pouvoirs publics ont manqué à leur devoir d'organiser la prévention de la violence conjugale masculine.
Depuis 2003, des milliers de femmes ont été tuées par leur compagnon. Qui aide les meurtriers emprisonnés à travailler sur eux-mêmes, à réfléchir aux causes de leur violence ? Qui les accompagne à leur sortie de prison pour prévenir les récidives ?
Tant que Bertrand Cantat n'exprime pas publiquement des regrets, c'est pour nous d'une indécence insupportable de voir sa photo à la une des Inrockuptibles, de lire son nom au fronton d'une salle de spectacles, de l'entendre qualifier les réactions féministes d'« intimidation ».
Vous qui applaudissez Bertrand Cantat, vous qui parlez de « droit à l'oubli », sachez que vous blessez les personnes qui ne peuvent oublier les victimes de la violence machiste, en particulier celles qui pleurent avec les proches de Marie Trintignant, tandis que son meurtrier parade sur les estrades.
Florence Montreynaud
Réseau « Encore féministes ! »
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« Encore féministes ! » appelle à participer au rassemblement organisé par Osez le féminisme ! pour dénoncer les violences masculines et leur acceptation sociale : devant le Zénith, 211 avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris, le 7 juin à 19h.
Chaque année, « Encore féministes ! » organise un rassemblement près de la tombe de Marie Trintignant, au Père-Lachaise, pour l'anniversaire de sa mort. Cette année, c'est le dimanche 29 juillet à 16h.
Voir
http://encorefeministes.free.fr/trintignant.php3
http://encorefeministes.free.fr/pouf.php3
http://encorefeministes.free.fr/actions/action49Pere-Lachaise.php3
Le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours.