Encore feministes !

Sommaire

Le 6 décembre, à Montréal, à Paris et ailleurs,
gardons vivante la mémoire des femmes assassinées par un antiféministe à la Polytechnique !

 

Rendez-vous chaque 6 décembre à 19h, à Paris, pour la commémoration du massacre, place du Québec (au coin de la rue de Rennes et du bd St-Germain, en face de l'église Saint-Germain-des-Prés).

À partir de 2020, l'action est organisée par l'association Osez le féminisme!

Pour qu'on n'oublie pas ces femmes qui ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes, et qu'elles étudiaient des matières scientifiques.

Pour qu'on pense aux analphabètes du monde dont les deux tiers sont des femmes et des filles.

Pour qu'on se souvienne que l'accès à l'instruction est l'un des droits humains fondamentaux.

Merci à Cy Jung et à ses interlopami-es d'avoir assuré la continuité de cet engagement en 2015 ! Voir photos et compte rendu ici.

2014 : quelques images de la cérémonie du 25e anniversaire à Paris (merci à Jacques Raffin)

ici, texte de Florence Montreynaud
LES MOTS QUI BLESSENT
LES MOTS QUI TUENT (1999)

et aussi LES MOTS QUI SAUVENT ( colloque de 2009)
et rassemblement à Montréal (6 décembre 2009)

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Allocution de Regan Kramer, prononcée le 6 décembre 2009
place du Québec, à Paris.

Toutes et tous ici, nous avons déjà entendu parler de la difficulté des filles à accéder à l'éducation, que ce soit en Asie, en Afrique, en Amérique Centrale ou ailleurs. Néanmoins, il n'est pas inutile de nous rappeler qu'en novembre 2008, dans une région d'Afghanistan contrôlée par les Taliban, 6 hommes masqués à moto ont aspergé d'acide le visage de 11 jeunes filles et de 4 professeures qui se rendaient à pied à une école pour filles. Elles ont toutes survécu à l'attaque, mais avec des séquelles, souvent graves.

Le plus extraordinaire dans l'histoire, c'est que presque toutes ont repris le chemin de l'école dès qu'elles l'ont pu. Shamsia Humeini avait 17 ans lors de l'attaque. Ses yeux ont été abîmés par l'acide, et elle ne peut plus lire. Ses professeurs l'ont encouragée à reprendre ses études quand-même. A un journaliste du New York Times venu dans son école qui s'étonnait que ses parents l'autorisent à y retourner, elle a expliqué : « Mes parents m'ont dit qu'il faut que je poursuive me études, même s'ils me tuent. »

"Même s'ils me tuent."

Tragiquement, ce n'est pas qu'une façon de parler, car si nous sommes réunis ici aujourd'hui, c'est parce que partout dans le monde - même au Canada, un pays pourtant réputé pour son esprit d'ouverture, et sa culture peu violente - il y a des gens qui sont prêts à tout - et même au meurtre - pour empêcher les filles de s'instruire, que ce soit parce qu'ils estiment que les filles n'ont pas besoin d'apprendre car leur seule vraie vocation c'est d'être mère de famille, de n'exercer de pouvoir qu'au lit ou dans le seul cercle familial, ou parce qu'ils estiment que chaque fois qu'une fille accède à l'éducation, voire à un travail bien rémunéré, elle leur vole une place qui leur revient de droit, en tant qu'homme, en tant que mâle.

Toujours est-il qu'il y a 20 ans aujourd'hui, Marc Lépine, un Canadien de 25 ans, est entré dans l'Ecole Polytechnique de Montréal armé d'un fusil et d'un couteau de chasse. Dès la première salle de cours, il a fait sortir les 60 étudiants garçons avant de tirer sur les 9 étudiantes filles criant « Je hais les féministes ». Puis il a continué son funeste trajet, qui s'est soldé par 14 morts : 13 étudiantes et une secrétaire.

14 jeunes femmes courageuses, dont 13 désireuses d'exercer un métier dit « masculin », sont donc tombées sous les balles sexistes. 14 femmes victimes de l'expression la plus extrême, la plus brutale, de l'idée qu'il y a une place pour les filles - à la maison, aux fourneaux, au lit, ou auprès d'un berceau - et une autre pour les garçons - sur les bancs de l'école ou du Parlement, dans les postes à pouvoir dans les affaires ou la politique.

Mais si ces 14 femmes sont devenues des symboles, des martyres malgré elles du féminisme, elles étaient d'abord des êtres humains, avec des parents, des camarades, des amis… Et tout comme les parents de Shamsia Humeini, cette jeune Afghane au visage brûlé à l'acide, les parents de ces jeunes femmes comprennent tout le sens du sacrifice de leur fille.

En 1995, j'ai assisté à la conférence Onusienne des droits des femmes à Pékin. À un atelier sur la violence faite aux femmes, une femme d'une cinquantaine d'années a pris la parole. « Certaines d'entre vous se souviennent sûrement du massacre à l'Ecole Polytechnique de Montréal » a-t-elle commencé. « Moi, je ne l'oublierai jamais. Je suis la mère de l'une des filles tuées. Avant le massacre, je ne me considérais pas comme une féministe. Mais depuis, je me bats pour défendre le principe pour lequel ma fille est morte. Pour que ma fille et ses camarades ne soient pas mortes en vain, il ne faut pas que nous baissions les bras. Il faut défendre le droit des filles et des femmes… d'aller à l'école, d'aller partout. Et il ne faut jamais oublier le sort de ma fille, ni de toutes les autres filles et femmes dans le monde victimes de la violence masculine, victimes de l'idée qu'elles ne sont pas partout à leur place. »

Ainsi, aujourd'hui, 20 ans jour pour jour après cette tuerie, nous sommes là pour nous en souvenir ; nous sommes là pour rendre hommage à la mémoire de ces victimes du sexisme ; nous sommes là pour dire à cette mère que non, nous n'oublierons pas sa fille, ni aucune des autres.

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En 2007, nous avons lu des passages d'Andrea Dworkin. (discours, 6 déc. 1990, extraits de Pouvoir et violence sexiste, trad. Martin Dufresne, éd. Sisyphe, Montréal, 2007). Pour entendre Dworkin dire l'original, : ici puis cliquer sur "Montreal Speech".

Pour le texte lu en 2006, cliquez ici !

6 décembre 2006, Paris-Montréal
Le réseau "Encore féministes !" a commémoré à Paris le massacre
antiféministe de l'École polytechnique, à Montréal.

Le 6 décembre 1989, un homme armé d'un fusil-mitrailleur est entré dans l'École polytechnique de Montréal et a tiré sur plusieurs femmes ; il a pénétré dans une salle de cours, il a dit aux hommes de sortir. Puis il a crié « Je hais les féministes », il a tiré et s'est suicidé.
Au total, il a tué quatorze femmes et en a blessé dix-neuf.

Au Canada, le 6 décembre est la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes.
Le drapeau du Québec a été mis en berne devant l'Assemblée nationale, et il n'y a pas eu de cours à l'École polytechnique.
De nombreux organismes et des centres de femmes ont organisé une cérémonie en déposant des gerbes de quatorze roses blanches.

Comme chaque 6 décembre depuis la fondation de notre réseau en 2001, nous nous sommes retrouvé-es, vêtu-es de noir, place du Québec (en face de l'église Saint-Germain-des-Prés).
Notre volonté d'œuvrer à un monde de paix était symbolisée par la phrase de Benoîte Groult : « LE FÉMINISME N'A JAMAIS TUÉ PERSONNE - LE MACHISME TUE TOUS LES JOURS ».
En présence de Mme Venceslava Jarotkova, représentant M. le délégué général du Québec en France, nous avons dit à plusieurs voix un texte collectif « Mercredi noir » pour exprimer notre refus de la haine et de la violence machistes.
À l'appel du nom des quatorze femmes assassinées, quatorze d'entre nous ont déposé une rose blanche.
Entraîné-es par le groupe des Voix rebelles, nous avons chanté en chœur des chansons féministes, notamment l'Hymne des femmes.

En union avec les féministes du Québec, nous maintiendrons cette tradition à Paris chaque 6 décembre. Nous, féministes de France, garderons vivante la mémoire de ces femmes. Elles ont été assassinées parce qu'elles étudiaient des matières scientifiques, autrefois réservées aux garçons, parce qu'elles se préparaient à des professions jusqu'alors exercées par des hommes et qu'elles menaçaient donc des privilèges masculins.
Dans le monde, les deux tiers des analphabètes sont des femmes et des filles. Cette discriminination dans l'accès au savoir s'ajoute aux injustices et aux violences visant spécifiquement les femmes parce qu'elles sont des femmes

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De même, le 6 décembre 2005.

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Comme chaque année, des membres du réseau « Encore féministes » se sont rassemblé-es à Paris, le lundi 6 décembre 2004, à 19h, place du Québec, à Saint-Germain-des-Prés, avec la participation de membres de la Délégation générale du Québec en France.

À l’appel du nom des quatorze mortes, quatorze personnes ont déposé chacune une rose blanche.
Nous avions déployé nos superbes banderoles portant la phrase de Benoîte Groult : « LE FÉMINISME N’A JAMAIS TUÉ PERSONNE - LE MACHISME TUE TOUS LES JOURS ». Avec la chorale féministe Les Voix rebelles, nous avons chanté l'Hymne des femmes.

Gardons la mémoire de ces jeunes femmes assassinées, qui faisaient des études d’ingénieur, un domaine traditionnellement masculin ! Agissons pour que cesse, partout dans le monde, la violence contre des femmes, isolées ou en groupe, pour que cesse la haine dirigée contre elles parce qu’elles sont des femmes.

Ensuite nous nous sommes retrouvé-es pour un banquet féministe dans un restaurant voisin.

Des extraits de la cérémonie ont été diffusés sur France-Culture, du 20 au 23 décembre 2004, dans l'émission La Nouvelle Fabrique de l'histoire.

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2003

À Paris, la cérémonie a eu lieu le samedi 6 décembre , à 16h, place du Québec, à Saint-Germain-des-Prés.
À l’appel du nom des quatorze mortes, quatorze femmes ont déposé des fleurs. Puis s'est déroulée une « performance », mise en espace par Hélène Marquié, chercheuse française qui est aussi danseuse et chorégraphe ; elle a dansé avec les voix de féministes participantes.

Cette année, quelques mois après la mort de Marie Trintignant, tuée par un homme qui disait l’aimer, notre commémoration a revêtu une importance particulière.

Pour la première fois, nous disposions de banderoles, avec la phrase de Benoîte Groult : « LE FÉMINISME N’A JAMAIS TUÉ PERSONNE » et « LE MACHISME TUE TOUS LES JOURS ». À la fin, avec la chorale féministe les Voix rebelles, nous avons chanté la Marche des femmes et d’autres chants du répertoire féministe.

Gardons la mémoire de ces jeunes femmes, qui faisaient des études d’ingénieur, un domaine traditionnellement masculin ! Agissons pour que cesse, partout dans le monde, la violence contre des femmes, isolées ou en groupe, pour que cesse la haine dirigée contre elles parce qu’elles sont des femmes.

À lire : un article de la Québécoise Micheline Carrier sur les commémorations du 6 décembre, sur les manœuvres d’intimidation d’antiféministes, et sur les violences contre les femmes qui continuent : http://sisyphe.org/article.php3?id_article=814

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Voir la demande de justice que nous avons adressée à Jacqueline Remy, journaliste à L'Express qui entend dans notre action des "accents haineux".

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Le 6 décembre 2002, des féministes ont commémoré à Paris, comme à Montréal et dans d’autres villes, le massacre machiste de la Polytechnique à Montréal. Quatorze femmes ont été assassinées le 6 décembre 1989, parce qu’elles étaient femmes, parce qu’elles étaient dans une école scientifique, parce qu’elles se sont trouvées sur le chemin du meurtrier, un homme qui a crié : « Je hais les féministes » avant de tirer sur elles.
La cérémonie a eu lieu place du Québec, à Paris, en présence de M. Clément Duhaime, Délégué général du Québec en France.
Étaient présentes, par un froid quasi québécois, une cinquantaine de personnes, membres du réseau "Encore féministes !", avec leur banderole et leur ruban blanc. Elles ont chanté l’Hymne des femmes. Elles ont salué la mémoire des quatorze femmes assassinées, en déposant une rose blanche à l’appel du nom de chacune des victimes. Puis M. le Délégué général du Québec a déposé une quinzième rose au nom de son gouvernement.
Florence Montreynaud a rappelé qu’en 1886 à Paris des étudiants en médecine ont brûlé en effigie les deux premières femmes reçues à l’internat de médecine, Augusta Klumpke et Blanche Edwards, et que dans le monde les deux tiers des analphabètes sont des femmes et des filles. Ici ou ailleurs, hier ou aujourd’hui, des machistes s’opposent par la violence à l’accès des femmes à l’instruction et donc au pouvoir.
Chaque année, des féministes commémorent ce massacre pour qu’on n’oublie pas ces jeunes femmes, qui auraient aujourd’hui trente-trois ans. Pour qu’on garde vivante leur mémoire, pour qu’on pense aux millions de femmes dans le monde, violentées, torturées, assassinées parce qu’elles sont des femmes. Pour qu’on résiste au machisme.
Ensuite, neuf féministes ont donné un spectacle mis en scène et chorégraphié par Hélène Marquié sur un texte collectif : il désigne en l’assassin de la Polytechnique le porteur de cette violence machiste qui tue partout dans le monde, qui a tué dernièrement la jeune Sohane, brûlée vive à Vitry-sur-Seine. Elles ont dit leur refus de cette haine et de cette violence contre les femmes. Hélène Marquié a dansé pour exprimer le rejet de cette violence.
Levant les mains au-dessus de leur tête, les participantes ont formé, en joignant leurs pouces et leurs index, la figure en losange représentant le féminin et devenue partout dans le monde le symbole des luttes et de la solidarité féministes.

Le réseau "Encore féministes !" demande qu’une plaque soit fixée sur le sol de la place du Québec, au pied du monument avec une inscription, par exemple :
<< Ici, chaque année, le 6 décembre, des féministes commémorent un massacre machiste devenu le symbole des violences contre les femmes. Il eut lieu le 6 décembre 1989, à l’École Polytechnique de Montréal. Un homme armé d’un fusil entra dans une salle de cours, fit sortir les hommes, cria : « Je hais les féministes » et tira, tuant quatorze femmes.
« Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours. » Benoîte Groult >>
Nous demandons à la mairie de Paris de faire réaliser cette plaque que nous souhaitons voir dévoilée solennellement le 6 décembre 2003.

tract distribué
Quatorze femmes ont été assassinées le 6 décembre 1989 à Montréal par un homme qui avait crié :
« Je hais les féministes. »

Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Maria Kluznick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.

Aujourd’hui, 6 décembre 2002, nous, féministes de tous les pays, nous portons leur deuil et nous honorons leur mémoire.


HYMNE DES FEMMES
(Sur l'air du Chant des marais, paroles des Petites Marguerites, 1971)

Nous qui sommes sans passé, les femmes
Nous qui n'avons pas d'histoire
Depuis la nuit des temps, les femmes
Nous sommes le continent noir

Refrain : Levons-nous, femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout ! Debout ! Debout !

Asservies, humiliées, les femmes
Achetées, vendues, violées
Dans toutes les maisons, les femmes
Hors du monde reléguées

Seules dans notre malheur, les femmes
L'une de l'autre ignorées
lls nous ont divisées, les femmes
Et de nos sœurs séparées

Reconnaissons-nous, les femmes
Parlons-nous, regardons-nous
Ensemble on nous opprime, les femmes
Ensemble révoltons-nous

Le temps de la colère, les femmes
Notre temps est arrivé
Connaissons notre force, les femmes
Découvrons-nous des milliers


Chaque année, le réseau « Encore féministes ! » commémore le massacre antiféministe de la Polytechnique en organisant le 6 décembre, à 19h, un rassemblement, place du Québec, à Paris.

Le 6 décembre 1989, un homme, Marc Lépine, armé d’un fusil-mitrailleur, entra dans l'École Polytechnique de Montréal, pénétra dans une salle de cours, fit sortir les hommes, et hurla : « Je hais les féministes ». Puis il tira. Il tua quatorze femmes, treize étudiantes et une employée, puis il se suicida. On trouva sur lui un tract antiféministe et une liste de femmes connues qu’il voulait aussi assassiner.

Le choc fut terrible à travers l’Amérique du Nord et fit prendre mieux conscience de l’ampleur de la violence contre les femmes. Les 6 et 7 décembre 1989, à travers le Canada, plusieurs groupes de femmes organisèrent des veillées funèbres (à Paris, des féministes se rassemblèrent devant la Sorbonne). Certaines portaient un ruban blanc.

En Europe, on connaît le ruban rouge, lié à la lutte contre le sida. En Amérique du nord, il est courant d’arborer un ruban de ce type : il symbolise un engagement, et sa couleur permet de savoir duquel il s’agit. Le nôtre est blanc, parce que le blanc est un symbole universel de paix. Il signifie : « Je suis engagé-e contre la violence machiste. »

On parle souvent de « guerre des sexes », sans connaître l’origine de cette expression. Nul-le ne sait qui a déclaré cette prétendue guerre, mais les faits sont là : la quasi totalité des victimes en sont des femmes.
Ça suffit ! Il y a eu trop de violences, trop d’injustices. Trop de femmes assassinées, blessées, violées, excisées, torturées, prostituées, avilies, humiliées, et pourquoi ? Parce qu’elles sont du « mauvais » sexe, le deuxième !
Le ruban blanc que nous portons est un signe de reconnaissance des personnes engagées pour la paix entre êtres humains, hommes et femmes.
Ce ruban est très solide. Il fera le tour du monde.

Florence Montreynaud

TEXTE DU SPECTACLE

Ce texte est une parole collective. Il a été composé par les interprètes de la performance, en empruntant aux textes et aux télégrammes écrits par des groupes de femmes à la suite du massacre du 6 décembre 1989, et publiés notamment dans la revue Amazones d'hier, lesbiennes d'aujourd'hui (A.H.L.A.) n°21, mars 1990.

Mercredi noir

Mercredi noir à Montréal. Dans l'après-midi du 6 décembre 1989, un homme armé d'un fusil a tué 14 femmes dans les locaux de l'École polytechnique.
14 femmes sont mortes, pour cause d'être femmes.
14 femmes sont mortes, par haine des féministes.
14 femmes sont mortes, par haine ordinaire des femmes.
Des millions de femmes meurent par haine ordinaire des femmes.
Non, il ne s'agit pas d'un fait divers.
Non, il ne s'agit pas d'un coup de folie.
Non, il ne s'agit pas d'une violence propre à un certain type de société.
Non, il ne s'agit pas de l'acte désespéré d'un marginal au chômage.
Ces femmes ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes.
Il s'agit bien d'un crime politique contre les femmes.
Cet acte est l'aboutissement logique d'une idéologie qui se sent menacée par toute avancée des femmes.
Cet acte est l'aboutissement logique d'une idéologie qui utilise la violence quotidienne contre les femmes pour se maintenir et se reproduire.
Marc Lépine n'était pas un psychopathe.
Marc Lépine n'était pas un fou.
Marc Lépine n'était pas un malade.
Il était simplement misogyne. Il avait simplement la haine des femmes.
Marc Lépine n'est pas un cas isolé.
Sa seule folie est d'avoir fait publiquement ce qui n'est toléré qu'en privé.
Il est l'homme qui ne veut pas nous respecter,
Il est l'homme qui violente sa femme,
Il est l'homme qui …
… Il est l'homme qui …… Il est l'homme qui… Il est l'homme qui… Il est l'homme qui… Il est l'homme qui… l'homme qui… l'homme qui
Il est l'homme qui a brûlé une jeune fille à Vitry-sur-Seine en France, en octobre 2002
Marc Lépine a dit : "J'haïs les féministes". Il a dit : "Je hais les féministes" "Je hais les féministes"
C'est pour cette raison qu'il a tué 14 femmes.
Son geste était motivé et prémédité.
C'était un geste politique.
C'était un crime politique.
C'est un crime politique contre toutes les femmes.
L'événement du 6 décembre 1989 n'est pas isolé.
Ce n'est pas la première fois que des femmes sont tuées par des hommes.
Chaque jour, des femmes sont tuées physiquement et détruites mentalement.
Tuer les femmes une à une ou collectivement, ça revient au même.
Ce crime est un crime politique.
Ce crime n'est pas un acte isolé.
Ce crime s'inscrit dans une logique de répression.

Depuis des millénaires les femmes sont harcelées, battues, violées, vitriolées, torturées, excisées, noyées, prostituées, brûlées, lapidées, tuées, parce qu'elles sont des femmes.
Depuis des millénaires les femmes sont harcelées, battues, violées, vitriolées, torturées, excisées, noyées, prostituées, brûlées, lapidées, tuées, parce qu'elles sont des femmes.
Nous sommes toutes des cibles.
La haine contre les femmes est insupportable, intolérable, inacceptable.
Nous la refusons et nous la combattons
Nous la refuserons et nous la combattrons
Nous la refuserons et nous la combattrons

Mercredi noir à Montréal.
Tous les jours sont noirs pour trop de femmes.

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Performance du 6 décembre 2002
Mise en scène et chorégraphie : Hélène MARQUIÉ
Interprètes : Soraya BELAROUSSI, Jacqueline BELTRANDO, Marie-Christine BODY, Marie-Thérèse BODY, Annick BOISSET, Nathalie LAMOUCHE, Hélène MARQUIÉ, Monique SUREL-TURPIN

Chant : Les VOIX REBELLES
Accordéon : Raphaëlle LEGRAND

Compte rendu des commémorations précédentes : cliquez ici

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Un courriel du Québec :
Il y aura une action pour commémorer le massacre à la Polytechnique.
Chaque centre de femmes va distribuer des chandelles et des rubans blancs pour le 6 décembre. On demande aux personnes d'allumer la chandelle à 18h. De plus, il y aura des actions auprès des députéEs afin de leur rappeler l'urgence d'investir dans une campagne de sensibilisation et d'éducation sur la violence envers les femmes, revendication portée lors de la Marche Mondiale des Femmes de l'an 2000.
Il y aura une sortie publique le 6 décembre à 12h sur le site de l'évènement à Montréal. Il y aura diffusion des réponses et des engagements clairs de tous les députés. Leurs réponses, ou non réponses, seront rendues publiques à cette occasion.
Renée-Claude Leroux, 22 octobre 2002